Pour rester à la page, les géants de l’agroalimentaire croquent dans les start-up
RécitAux Etats-Unis ou en France, les grands groupes ont pris conscience des nouvelles attentes des consommateurs. Et investissent dans de jeunes pousses spécialisées dans le bio, le végan ou le sans-gluten.
En 2016, Danone croque une part de Michel et Augustin. Une petite marque qui a réussi à se glisser dans les rayons des supermarchés avec ses cookies, ses yaourts à boire, ses biscuits apéritifs ou sa mousse au chocolat. Une entrée discrète, sur la pointe des pieds, dans le capital de la start-up des « trublions du goût », comme les deux fondateurs, Augustin Paluel-Marmont et Michel de Rovira, aiment à se définir.
Mais un changement de cap pour le géant de l’agroalimentaire français, dirigé par Emmanuel Faber, plus habitué à orchestrer de riches fusions. A cette occasion, il dévoile un nouveau modèle avec la création de Danone Manifesto Ventures, un outil de prise de participation dans des start-up du secteur. Trois ans plus tard, en octobre 2019, le leader mondial du yaourt annonce son quinzième investissement : une entrée au capital de la société californienne Forager Project, spécialisée dans les produits bio et végétaux.
Danone n’est en rien un exemple isolé. PepsiCo, Mondelez, General Mills, Coca-Cola, Tyson Foods ou Kraft ont annoncé, tour à tour, la création de véhicules d’investissement ou d’incubateurs. Une volonté des grands groupes de s’abreuver à la source jaillissante des « foodtech », ces petites structures qui secouent le marché agroalimentaire. « Nous avons vu arriver un foisonnement de jeunes entreprises. Cette effervescence entrepreneuriale vient d’un changement profond des consommateurs depuis vingt ans », affirme Laurent Marcel, directeur général de Danone Manifesto Ventures.
Le succès de Yuka
Partout sur la planète les populations deviennent plus sensibles au contenu de leur assiette, à l’impact de leur alimentation sur leur santé, voire sur l’environnement. Et prennent leurs distances avec les grandes marques. De nouvelles attentes qui s’illustrent par le succès en France de l’application Yuka, devenue une boussole pour les clients en quête de repères nutritionnels dans les magasins.
« Une révolution de l’alimentation », selon M. Marcel, qui favorise l’émergence de projets entrepreneuriaux désireux de capter ces marchés où les notions de naturalité, de proximité, de qualité nutritionnelle, de bien-être animal dominent. Ou qui sont prêts à innover pour inventer de nouveaux modes de distribution.
« Soit on voit ces start-up comme des concurrents, soit comme un moyen d’étoffer son écosystème »
« La question s’est posée de savoir comment se positionner. Soit on voit ces start-up comme des concurrents, soit comme un moyen d’étoffer son écosystème », analyse M. Marcel. Ce dernier explique ainsi le choix de la création du Danone Manifesto Ventures avec une dotation de 200 millions d’euros et un objectif de 20 à 25 prises de participation d’ici à 2020. La même réflexion a conduit Kellogg’s à créer Eighteen94 Capital, ou General Mills, 301 Inc.