Mariage PSA-Fiat Chrysler : Paris et Rome affichent une bienveillante neutralité
Des deux côtés des Alpes, autorités publiques et syndicats sont conscients de la nécessité de nouer des alliances pour peser face à la concurrence.
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Des deux côtés des Alpes, la perspective d’un mariage PSA-Fiat Chrysler ne suscite pas de levée de boucliers. La preuve sans doute que, dans ce secteur, gourmand en investissements pour faire face aux défis de la mobilité (connectée, électrifiée, autonome), chacun paraît convaincu que la taille est un gage de survie.
A l’annonce de l’opération, les exécutifs français et italien ont adopté un ton sobre et prudent, soucieux visiblement de ne pas hypothéquer le « deal ». « Nous suivons les derniers développements Fiat Chrysler avec beaucoup d’ouverture », a commenté mercredi 30 octobre la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye. L’Etat français détient 12 % de PSA par l’intermédiaire de la banque publique BPI. Le ministre italien de l’industrie, Stefano Patuanelli, a, de son côté, déclaré que l’Italie, qui ne détient aucune participation dans Fiat Chrysler (FCA), suivrait de près l’évolution des discussions tout en disant ne pas souhaiter commenter davantage une « opération de marché ».
Dans les deux pays, la principale préoccupation est celle de l’emploi. En Italie, Fiat Chrysler emploie 58 000 salariés dans des usines, en surcapacité chronique. « Il est vital de préserver les sites » FCA en Italie, a souligné le vice-ministre de l’économie, Antonio Misiani, mercredi, lors d’un forum de l’agence italienne spécialisée sur les questions économiques et financières, RadioCor, après l’annonce des négociations entre les deux groupes. PSA emploie dans sa division automobile (hors l’équipementier Faurecia) 117 000 salariés dans le monde, dont 53 000 en France. Dans l’Hexagone, PSA compte 5 usines de production de voitures et 12 sites de production de composants et fonderies. Dans le communiqué commun publié jeudi 31 octobre, les deux groupes se veulent rassurants, affirmant que les synergies attendues de cette fusion « ne sont pas fondées sur des fermetures d’usine ».
« Dynamique industrielle positive »
Du côté syndical, les premières réactions en Italie ont été plutôt encourageantes, malgré les craintes concernant le coût social de l’opération. « Il pourrait y avoir des “superpositions”, mais un bon plan industriel peut dépasser ces difficultés tout en garantissant l’emploi en Italie », veut ainsi croire Marco Bentivogli, dirigeant de la branche métallurgie du syndicat FIM-CISL.
Le ton est quasi identique en France du côté de FO. Le premier syndicat de PSA entend, bien sûr, se montrer « particulièrement vigilant sur l’impact social » mais n’en souligne pas moins la « dynamique industrielle positive » d’un projet « attrayant sur le plan industriel ». Avec la conviction qu’il est « préférable de produire 9 millions de véhicules plutôt que 4, compte tenu des mutations profondes du secteur, notamment les conséquences de la transition énergétique ». Patrick Michel, secrétaire FO du comité de groupement de PSA, voit ainsi « pas mal d’avantages » à un rapprochement PSA-Fiat Chrysler, dont « l’accès au marché américain ». Et « pour Fiat, l’intérêt est d’accéder à une technologie qui lui permettra de respecter les futures normes d’émission de CO2 ».