Auxiliaire de vie, « une vocation » et un « métier de cœur »
FLORENCE BROCHOIRE POUR « LE MONDE »
ReportageSur le terrain, les acteurs de l’aide à domicile essaient de trouver des solutions pour améliorer leurs conditions de travail, souvent difficiles.
Il suffit qu’il fasse beau. Quand Dominique Delignou sonne à la porte, Jeannine Racine, 84 ans, lâche ses aiguilles à tricoter, enfile ses chaussures, attrape sa canne. Bras dessus, bras dessous, elles sortent faire le tour du foyer pour personnes âgées où vit Mme Racine, à Vimoutiers (Orne). Ce vendredi d’octobre, la balade dure une petite demi-heure. Comme toujours, Dominique n’a pas pu s’attarder.
Jean Bonnet, 78 ans, la guette par la fenêtre. Chez lui, le rituel est toujours le même. Une bassine d’eau tiède à côté d’elle, Dominique y plonge un gant et le frictionne énergiquement. Il s’assoit, se redresse, s’allonge dans son lit, l’aide tant qu’il peut pour que la toilette soit complète en un rien de temps. « Enfiler des bas de contention sur des jambes encore mouillées, ça c’est pas facile ! », fait-elle mine de râler. Elle prend de ses nouvelles, lui en donne. Le vieux monsieur, rhabillé, pousse son déambulateur dans le couloir, et la voilà repartie.
En ville, certains disent qu’elle est « aide ménagère », d’autres la croient « femme de ménage ». « Tant qu’on nous appelle pas boniche ! », s’esclaffe-t-elle. Assistante de vie depuis dix-sept ans, Dominique a longtemps parcouru 150 kilomètres chaque jour pour enchaîner les visites aux quatre coins du Calvados : « J’avais l’impression de passer ma vie dans ma voiture. » Elle ne roule aujourd’hui plus que 20 kilomètres par jour, dans un territoire qui couvre la moitié de la commune de Vimoutiers. Le planning de ses visites est calculé pour lui éviter les longs trajets. Moins fatiguée, elle est plus disponible pour cultiver le lien avec ses collègues avec lesquelles, au sein de son équipe, elle se relaie chez les personnes âgées.
Un « métier de cœur »
La vie de Dominique a changé depuis qu’elle travaille à l’UNA-Pays d’Ouche, d’Auge et d’Argentan. Directeur général de cette structure associative qui emploie 290 aides à domicile, Sébastien Chevalier a été un des premiers dans le secteur à chercher d’autres modes d’organisation du travail et fait donc figure de pionnier dans le milieu.
En créant des équipes par secteur, M. Chevalier a pu faire des économies sur le paiement des temps de trajets, qu’il a converties en primes pour ses employées. Mais il n’a pu augmenter les salaires faute de financements supplémentaires du département. Dominique gagne toujours 1 030 euros net par mois… à temps plein. Une misère.