A La Réunion, les annonces de Macron sur l’emploi n’ont pas suffi à balayer une certaine défiance
Au deuxième jour de sa visite, le président chef de l’Etat a multiplié les échanges – parfois tendus – avec ses habitants.
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Pour la première partie de son déplacement à La Réunion, mercredi 23 octobre, Emmanuel Macron s’était d’abord adressé aux entrepreneurs et aux investisseurs de la région de l’océan Indien. La deuxième journée avait des allures radicalement différentes. Elle a commencé par une déambulation de près de deux heures dans un quartier récemment rénové de Saint-Louis-de-la Réunion, mais toujours aussi sensible, au cours de laquelle le président de la République a multiplié les échanges – parfois tendus – avec ses habitants, notamment des jeunes qui l’ont parfois interpellé avec une certaine virulence.
Et elle s’est achevée par une rencontre avec des demandeurs d’emploi et des porteurs de projet à la mission intercommunale de l’ouest (MIO) de Saint-Paul, à l’issue de laquelle M. Macron a présenté à la presse un plan d’action pour l’emploi à La Réunion baptisé Petrel, comme « Priorités et rassemblement pour l’emploi local ». L’acronyme importe peu ; reste un dispositif « lourd », discuté auparavant avec les élus et les principaux partenaires sociaux du département et de la région, qui mobilisera pas moins de 700 millions d’euros sur trois ans.
« Je voudrais aujourd’hui parler du quotidien, et donc de l’emploi », a commencé M. Macron, conscient des critiques qu’avaient soulevées ses premiers pas à La Réunion : « Pour l’instant, c’est du vent », titrait le Journal de l’île de La Réunion (JIR) du 24 octobre. Le chef de l’Etat a tenu à montrer que les vents, parfois, pouvaient être porteurs, en centrant son propos, cette fois, sur l’emploi et la formation professionnelle.
Un plan dès le 1er janvier
Parmi les vingt mesures que comporte le plan Petrel, dont une bonne part sur la formation et l’apprentissage, un dispositif se présente comme un élément essentiel de retour à l’emploi, propre à La Réunion. Dénommé « emploi Réunion », il devrait être opérationnel à partir du 1er janvier 2020. Ainsi, pour toute personne habitant un quartier qualifié « politique de la ville » – La Réunion en compte quarante-neuf –, jeunes ou moins jeunes étant déjà dans des dispositifs de soutien, l’employeur, si cette personne est embauchée, paiera zéro charge jusqu’à deux smic et un accompagnement de 15 000 euros sur les trois premières années s’il s’agit d’un contrat à durée déterminée et de 7 500 euros en cas contraire.
C’est, en l’occurrence, une version musclée des emplois francs, déjà déployés à titre expérimental. Pour La Réunion, ce dispositif ne concernera pas seulement les habitants de quartiers dits « politique de la ville » mais, sur tout le territoire, ceux qui sont considérés comme étant très loin de l’emploi, quelles qu’en soient les raisons. « Je préfère payer cette aide à l’embauche à un employeur qui va donner un contrat à durée indéterminée que payer durablement le RSA à un chômeur, qu’il soit jeune ou moins jeune. C’est un investissement, quand on voit le niveau de chômage dans certains quartiers », a expliqué M. Macron. La Réunion enregistre un taux de chômage de 24 %, qui grimpe à 43 % pour les moins de 25 ans.