Les RH à l’heure du plein-emploi
Dans le Cantal et en Mayenne, le taux de chômage avoisine les 5 % et la pénurie de candidats touche de nombreux secteurs d’activité. Les recruteurs doivent s’adapter.
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« Recherche conducteur de ligne de production », « Recrute fraiseur sur commande numérique »… Dans les zones d’activité de Mayenne, les offres d’emploi s’affichent parfois en pleine rue, sur de grandes banderoles. Si la technique de recrutement « n’est pas forcément des plus efficaces », reconnaît un spécialiste de l’emploi local, elle illustre toute la difficulté d’une grande partie des entreprises du département à trouver les compétences qu’elles recherchent. « Nous sommes en ultratension », résume-t-il. Contrôleurs de gestion, maçons ou ingénieurs : le phénomène touche de nombreux secteurs, et n’épargne aucun niveau de qualification.
A l’origine de ces difficultés : un dynamisme économique que n’arrive pas à compenser la démographie départementale, et la pénurie de nombreuses compétences sur le territoire. La Mayenne affiche un taux de chômage particulièrement bas (5,5 % au deuxième trimestre 2019 selon l’Insee, contre 8,5 % pour la France entière). Une conjoncture flatteuse qui a son revers : au pays du « quasi-plein-emploi », chaque recrutement peut virer au casse-tête.
« L’offre est très importante, il existe donc une vraie compétition entre entreprises pour attirer et garder les salariés », résume Benoît Logeais, directeur industriel chez Bridor, dont un site de production est situé en Mayenne. Face à cette situation, les sociétés ont repensé leurs pratiques et appris à mettre en avant leurs atouts.
« Donner envie »
« Leur positionnement RH évolue, confirme Frédéric Mellier, directeur adjoint de l’agence de développement Laval Economie. Elles ont intégré le fait qu’elles devaient être attractives. Elles mettent donc en place des processus d’intégration, travaillent sur l’ergonomie des postes de travail… Elles réfléchissent par ailleurs à leur empreinte écologique, question à laquelle les candidats sont sensibles. » A la tête du spécialiste de l’emploi Actual, dont le siège social est basé à Laval, Samuel Tual confirme : « La question de la marque employeur est un vrai sujet dans notre territoire. La plupart des entreprises travaillent leur raison d’être, le sens qu’elles veulent donner à leur action. »
« Il faut donner envie », résume M. Logeais. Et faire connaître ses métiers. Bridor organise donc des visites de son site, notamment à l’intention des plus jeunes (élèves de lycée agricole, étudiants en BTS…). Mais, pour recruter des agents de maîtrise ou des cadres, l’entreprise doit bien souvent porter son regard au-delà des frontières du département. Elle n’est pas la seule. Laval Economie organise pour plusieurs d’entre elles des déplacements dans des territoires français durement touchés par le chômage, afin de faire connaître leurs offres. « On propose un package aux personnes intéressées, car une offre d’emploi seule ne suffira pas à les faire déménager », indique M. Mellier. Une offre qui inclut un accompagnement dans la recherche d’emploi du conjoint et dans la quête d’un nouveau logement.