François Hommeril, un président qui détonne à la CFE-CGC
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L’exemplaire de Révolution, le livre-programme d’Emmanuel Macron paru en 2016, est posé sur une étagère du bureau de François Hommeril, au siège parisien de la CFE-CGC. Une édition de poche, un peu cornée, que le dixième président de la centrale des cadres s’est vu offrir par son frère, consul général de France à Atlanta, aux Etats-Unis.
Il s’en saisit et l’ouvre page 132. Le voilà qui lit à voix haute les propos de celui qui n’avait pas encore pris ses quartiers à l’Elysée. Pour un peu, il pourrait le réciter par cœur : « Je ne crois pas du tout au débat lancé par nombre de responsables politiques sur la dégressivité des allocations chômage. (…) Ils sous-tendent que les transitions ne sont pas un sujet, que la mobilité professionnelle se fera toute seule et que les chômeurs le sont plus ou moins par leur faute. » Une profession de foi démentie, en juin, par la réforme de l’assurance-chômage qui vise notamment les demandeurs d’emploi les mieux payés. François Hommeril a fustigé « un jour funeste pour l’assurance-chômage », « une attaque violente contre les cadres » et « un populisme assumé ».
Elu pour la première fois en 2016, le syndicaliste devait être reconduit, mercredi 9 octobre à l’ouverture du congrès de la confédération à Deauville (Calvados), à la tête de la CFE-CGC. Une formalité pour l’ingénieur savoyard qui, comme il y a trois ans, était le seul candidat.
« Je n’ai aucune opposition », se vante-t-il. Et qu’importe si son discours très véhément contre « le catéchisme néolibéral » du président de la République apparaît en décalage avec une base qui, aux élections présidentielle et européennes, s’est répartie entre La République en marche et Les Républicains.
« Il est magique mais c’est une catastrophe, assène, sévère, un de ses homologues syndicaux. Il fait le clown et dit ce qui lui passe par la tête. Il n’est pas du tout dans la sociologie de son organisation. » Ses proches assurent le contraire. « Ce n’est pas un lecteur des Echos, admet Serge Lavagna, qui quitte le secrétariat national. Il est plus gaulliste social que mélenchoniste, ce n’est pas un égalitariste. » Pour Raymond Soubie, l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, « c’est son expérience personnelle qui l’a mené là et c’est très respectable ».