Cécile Wendling, prospectiviste : anticiper les scénarios du futur de la cybersécurité à la géopolitique

Cécile Wendling, prospectiviste : anticiper les scénarios du futur de la cybersécurité à la géopolitique

Au sein de l’entreprise, ce métier est rattaché à la stratégie, à l’innovation, à la recherche et au développement ou encore aux ressources humaines. Mais l’activité est aussi pratiquée par les villes, les régions, les Etats, les institutions ou la Commission européenne.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« Il faut être généraliste et très curieux, capable d’aborder des sujets techniques, penser à contre-courant, penser dans le temps long, avoir des convictions, être rigoureux et humble ! »
« Il faut être généraliste et très curieux, capable d’aborder des sujets techniques, penser à contre-courant, penser dans le temps long, avoir des convictions, être rigoureux et humble ! » Roy Scott/Ikon Images / Photononstop

« Les gens vivent comme si la paix était une chose acquise, comme s’il n’y aurait jamais d’accident nucléaire. Moi, je sais que cela peut arriver, que tout peut arriver ! » Cécile Wendling exerce le métier de prospectiviste. « A la différence du prévisionniste, le prospectiviste travaille sur les ruptures, sur ce qui fait dévier le chemin à long terme. Pour lui, demain n’est pas la continuité d’hier, il s’intéresse au futur, là où rien n’est écrit ! » explique-t-elle. Elle donne l’exemple de l’automobile : les voitures qui verront le jour dans sept ans sont connues, celles que nous aurons dans sept à quatorze ans en sont au stade de la recherche et du développement ; la prospective, elle, s’intéresse à ce qui se passera après.

Son métier est d’identifier les sujets qui feront disruption, de les étudier afin d’anticiper les scénarios possibles et d’évaluer leurs conséquences. La prospective est d’abord apparue dans le domaine militaire avant de s’imposer dans d’autres secteurs d’activité stratégiques pour les Etats.

Souvent envisagée sous l’angle juridico-politique, la prospective s’étend bien au-delà. « Nous traitons de sujets extrêmement variés : de la blockchain à l’économie circulaire, du véhicule autonome à l’avenir du travail, de l’intelligence artificielle à la santé personnalisée », explique Cécile Wendling. Venant d’être nommée responsable de la stratégie de sécurité, des études et de l’anticipation des menaces pour le groupe AXA, qu’elle avait rejoint en 2014 comme responsable de la prospective, elle couvre désormais les risques physiques, cyber ou géopolitiques. « Tout ce qui touche à la résilience opérationnelle du groupe, à la continuité de ses activités », résume-t-elle.

Au sein de l’entreprise, l’activité de prospectiviste est rattachée à la stratégie, à l’innovation, à la recherche et au développement ou encore aux ressources humaines. Mais elle est aussi pratiquée par les villes, les régions, les Etats, les institutions ou la Commission européenne, dont la nouvelle composition compte un commissaire chargé des relations interinstitutionnelles et de la prospective.

Reprenant à son compte la phrase de Pierre Bourdieu à propos de la sociologie, Cécile Wendling aime dire que « la prospective est un sport de combat », bien qu’elle pratique plus le yoga et la méditation que les arts martiaux !

Lorsqu’on lui demande de quoi sont faites ses journées, elle énumère : « De la lecture, beaucoup de lecture, des interviews de personnalités, de métiers, de profils très différents, des voyages, la participation à des expérimentations afin de récolter des données et de les analyser… » Bref, tout ce qui nourrit les scénarios qu’elle et son équipe élaborent et qui leur permet d’analyser leurs conséquences et leurs impacts.

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LJD

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