Pourquoi les actionnaires disent vouloir des entreprises plus responsables

Pourquoi les actionnaires disent vouloir des entreprises plus responsables

De plus en plus de gérants affirment juger la performance des sociétés non plus seulement sur leurs prévisions de profits mais aussi sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Par Publié hier à 10h42, mis à jour à 09h45

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D’un côté, il y a la montée irrépressible de l’activisme actionnarial exercé par les Elliott, Third Point ou ValueAct. Ces financiers qui font la loi depuis deux décennies aux Etats-Unis gagnent de l’influence en Europe et même en Asie. Leur mantra, que l’entreprise serve mieux les intérêts des actionnaires.

De l’autre, les 181 membres du Business Roundtable – le lobby des grands patrons américains – ont créé la surprise en signant le 19 août une déclaration proclamant que l’entreprise ne doit pas créer de la valeur seulement pour ses actionnaires, comme le préconisait l’économiste Milton Friedman, mais aussi pour toutes les parties prenantes que constituent la communauté, les salariés ou les fournisseurs.

Ces deux tendances sont-elles réconciliables ? C’est à y perdre son latin capitaliste, sauf à voir dans les belles paroles des grands patrons une posture pour éviter in fine d’avoir des comptes à rendre à qui que ce soit… Signer le manifeste du Business Roundtable n’a pas empêché Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, de rogner au même moment la couverture santé des employés à temps partiel de sa filiale Whole Foods.

Se trouver une « raison d’être »

Pour autant, les pressions qui s’exercent sur les dirigeants pour intégrer de nouveaux facteurs dans leur gestion sont réelles. De plus en plus de gérants, venus d’Europe du Nord au départ, mais présents partout désormais, affirment juger la performance des sociétés non plus seulement sur leurs prévisions de profits à deux ans mais aussi sur des critères ESG (environnement, social, gouvernance), le trigramme vedette du nouvel abécédaire boursier.

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BlackRock, le premier gestionnaire mondial d’actifs, enjoint aux entreprises de se trouver une « raison d’être » allant bien au-delà de la rémunération des apporteurs de capitaux. Sur fond de grogne face à la montée des inégalités, les politiques s’en mêlent. En France, la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) votée le 22 mai a modifié l’objet social de l’entreprise dans ce sens, pour intégrer les enjeux sociaux et environnementaux.

Ces aspirations sont relayées par des acteurs qui utilisent les méthodes d’influence brevetées par les fonds activistes. L’objectif financier est toujours présent, mais fondé sur la conviction que les bénéfices de demain ne sont garantis que par un modèle économique responsable.

Pour peser davantage, les investisseurs joignent leurs forces

Après des années de combat, la société de gestion américaine Green Century Capital a obtenu en mars 2019 des restaurants Darden – une très grande chaîne de restauration américaine – qu’ils n’achètent plus d’ici 2023 de poulets gavés d’antibiotiques.

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LJD

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