Faut-il enfin rémunérer les artistes plasticiens ?

Faut-il enfin rémunérer les artistes plasticiens ?

Le code de la propriété intellectuelle prévoit qu’ils doivent être payés lorsque leurs œuvres sont exposées, mais la loi n’est quasiment pas appliquée. A l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles, le ministre de la culture, Franck Riester, veut « changer les habitudes ».

Par Publié aujourd’hui à 00h32, mis à jour à 09h41

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L’exposition « Quelle histoire ! Arles a 50 ans, la collection de rencontres », lors du festival de la photographie, à Arles, le 1er juillet.
L’exposition « Quelle histoire ! Arles a 50 ans, la collection de rencontres », lors du festival de la photographie, à Arles, le 1er juillet. GERARD JULIEN / AFP

Un compositeur, un chanteur ou un musicien qui se produit en concert ou dont les œuvres sont diffusées à la radio ou sur Spotify est forcément rémunéré. Idem pour un comédien sur des planches de théâtre, un auteur de polar vendu en librairie ou encore un réalisateur dont le film est diffusé à la télévision ou sur YouTube.

Si la création en France est peu reconnue et souvent payée au lance-pierre, les artistes plasticiens et photographes semblent, eux, tombés dans l’oubli.

Le code de la propriété intellectuelle prévoit sans ambages dans son article 122-2 qu’ils doivent être payés lorsque leurs œuvres sont exposées, mais la loi n’est quasiment pas appliquée. En général les artistes se battent déjà bec et ongles pour tous les autres droits de reproduction (dans les catalogues, les affiches publicitaires, etc.) mais seule une petite poignée d’institutions culturelles privées ou publiques – qui attirent des milliers de visiteurs grâce à ces créateurs – s’acquitte du droit d’exposition.

« Paupérisation, précarisation »

Au point que Franck Riester, ministre de la culture, a réaffirmé lundi 1er juillet, lors de l’ouverture des 50e Rencontres de la photographie d’Arles (Bouches-du-Rhône), ce qu’il avait dit en inaugurant, mi-juin, le conseil national des professions des arts visuels : « Je souhaite défendre la rémunération du travail des artistes. Il s’agit de changer les habitudes : je ne crois pas qu’il soit acceptable d’exposer gratuitement, parfois de payer pour être exposé. C’est pour cela que je forme la recommandation d’un droit de présentation publique. »

Selon le ministre, les vingt-trois centres d’art et les fonds régionaux d’art contemporain s’y sont engagés. « Je souhaite que l’Etat et ses opérateurs donnent l’exemple sur ce point », a-t-il ajouté. Et se mettent donc enfin en conformité avec la loi.

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M. Riester avait reçu un coup de pouce du président de la République Emmanuel Macron qui, le 10 juin à Ornans (Doubs), à l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre Gustave Courbet avait affirmé : « La France est une terre d’artistes, qu’il nous faut revivifier. »

La culture, enjeu politique et économique ? Certes, mais si peu pour les artistes plasticiens et photographes. Selon M. Riester, seulement 10 000 d’entre eux sur les 65 000 rattachés au régime des artistes auteurs perçoivent un revenu supérieur à 1 430 euros en moyenne par mois depuis cinq ans… Trop peu s’en sortent bien, convient-il, puisque la majorité « ne parvient pas à vivre de son travail artistique ». « Je mesure la paupérisation des photographes ; la précarisation de leur statut ; la baisse de leurs revenus », a-t-il précisé à Arles.

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LJD

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