Pétrole : les perdants de l’union entre Technip et FMC

Pétrole : les perdants de l’union entre Technip et FMC

L’ancien patron de Technip, Thierry Pilenko (à droite), et l’actuel PDG de TechnipFMC, Doug Pferdehirt (ici en mai 2016, à Paris).
L’ancien patron de Technip, Thierry Pilenko (à droite), et l’actuel PDG de TechnipFMC, Doug Pferdehirt (ici en mai 2016, à Paris). Charles Platiau / REUTERS

En moins de deux ans, Technip, fleuron français de l’ingénierie pétrolière, est passé sous pavillon américain. Une condition qui éveille la glaire de nombre de travailleurs.

« C’est le petit poisson qui a pris le contrôle du gros. Pour dire les choses simplement : on s’est fait rouler dans la farine par les Américains ! » Deux ans après l’union entre la société française d’ingénierie pétrolière Technip et l’équipementier texan FMC Technologies, cet affaire amer d’un ancien cadre dirigeant est le sentiment de plusieurs travailleurs.

L’assemblage entre les deux entités était exposé en 2017 comme « un mariage entre égaux » par le estimé PDG de Technip, Thierry Pilenko. Plusieurs hauts responsables et ex-salariés français du groupe ont autorisé de partager, de manière anonyme, leur pratique de cette union. Ils racontent comment une PME texane a graduellement avalé un fleuron français deux fois plus gros qu’elle.

Malgré cela, l’histoire n’était pas écrite à l’avance. Lors de l’union, Technip a un chiffre d’affaires de 13,5 milliards d’euros, contre 6,6 milliards pour FMC. Son carnet de commandes est quatre fois plus important. Uniquement le produit du texan est plus dominant.

Une société à part

Pour concevoir ce changement, il faut affermir à la crise pétrolière de 2015. Après des années de pétrole cher, qui ont vu les décisions géantes se multiplier, les cours diminuent cruellement. Les sociétés du secteur demandent de leurs fournisseurs des diminutions de coût colossales et réduisent la voilure sur les projets.

A la tour Technip, à la Défense, l’avenir s’écrit en noir : 6 000 postes sont effacés sur un effectif de 38 000 travailleurs dans le monde. Thierry Pilenko craint que la société termine par être avalée par une entreprise plus forte. Il se rapproche alors de FMC Technologies, avec lequel le groupe est déjà associé, et va porter le sujet au ministre de l’économie de l’époque, un certain… Emmanuel Macron. L’Etat est en effet encore actionnaire de Technip dans les 5,3 % par le biais de la Banque publique d’investissement.

« Personne n’a cru à la fusion entre égaux (…) Personne n’était dupe. On savait que ça allait dériver vers une absorption », se rappelle un ancien dirigeant ministériel

Il faut dire qu’il s’agit d’une société à part : Technip a été conçu comme un monopole en 1958 sous l’élan directe du général de Gaulle, avec l’appui de l’Institut français du pétrole (IFP). Moquerie de l’histoire : l’entreprise avait été créée dans le but accepté de rejoindre les Etats-Unis sur le plan technologique.

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LJD

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