La CGT se prenne de l’initiative de groupe pour combattre contre les ségrégations envers les femmes
La Caisse d’épargne Ile-de-France est la première entreprise ciblée par cette action en matière d’égalité entre homme et femme.
Après la dénonciation, l’action. Mardi 4 juin, un huissier a placé au siège de la Caisse d’épargne Ile-de-France (CEIDF) une mise en demeure de la Confédération générale du travail (CGT) commandant à la direction de cesser la ségrégation des salaires envers les femmes de cette entreprise de 4 570 travailleurs, dont 2 700 femmes.
C’est la première fois qu’est initiée dans le secteur privé une action de groupe de ce type en France. Pour la CGT, se forgeant sur les données du bilan social 2018, l’écart de rétribution entre les deux sexes est, en moyenne, de 18 % dans cette société. Cela représente « 700 euros de différence par mois en moyenne », estime le syndicat. Celui-ci souligne aussi que les hommes captent 56 % des promotions avec changement de catégorie professionnelle, alors qu’ils ne représentent que 38 % des effectifs.
Ces discriminations sont dénoncées depuis plusieurs années, précise la Confédération générale du travail, qui souligne aussi qu’il n’y a qu’une femme parmi les détenteurs des 10 plus hautes rémunérations. Pourtant, l’index d’égalité des rétributions mis en place par la loi de novembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir, dont la création est très critiquée par la CGT, est de 94 sur 100 pour la CEIDF.
Initiation des négociations
Si le mécanisme d’action de groupe, inspiré des class actions américaines, existe depuis 2014 en France en matière d’achèvement, il ne s’est ouvert à d’autres domaines, dont les discriminations au travail, qu’avec la loi « justice du XXIe siècle » du 18 novembre 2016, conduite par la ministre de la justice de l’époque, Christiane Taubira. « Je me réjouis que cette loi soit enfin actionnée », réagit Mme Taubira, qui précise qu’elle avait dû « batailler trois ans » pour la faire passer, les employeurs, surtout, étant vent debout.
« L’avantage de l’action de groupe, c’est qu’il s’agit d’une démarche collective, portée par un syndicat »
C’est Catherine Vinet-Larie, choisie prud’homale CGT et retraitée de la CEIDF, qui a offert cette démarche à la section CGT de cette banque. « Les salariées discriminées ne vont pas aux prud’hommes, déclare Bernard Dantec, délégué syndical central CGT à la CEIDF. A 60 %, c’est par résignation, et pour les autres, c’est par peur des représailles. L’avantage de l’action de groupe, c’est qu’il s’agit d’une démarche collective, portée par un syndicat », ou par une association dans certaines situations, même s’il faut que des travailleurs se promettent dans le groupe. Pour le moment, elles sont huit pionnières à la CEIDF dans cette action.