Réduire l’absentéisme en comprenant l’évolution du rapport au travail
Le taux d’absentéisme est une mesure lisible, visible et inquiétante. Il atteint, pour l’année 2017, 4,72 % des heures de travail, soit 17,2 jours d’absence par salarié, selon le baromètre Ayming 2018. On ignore pourtant souvent qu’il n’est que « la partie émergée d’un immense iceberg », rappelle Fabien Piazzon : avant de s’absenter, le salarié a vécu neuf autres formes de souffrance ou de démotivation, qui ont déjà produit des effets néfastes sur la performance de l’entreprise.
Dans Absentéisme : l’alerte rouge, l’enseignant et consultant balaie les idées fausses – non, le salarié absent n’est pas paresseux et, non, la souffrance au travail n’est pas une fatalité – et invite le dirigeant à s’interroger sur la part de l’absentéisme attribuable au cadre du travail qu’il offre.
Un questionnement d’autant plus nécessaire que l’alerte sera écarlate demain : l’augmentation du nombre de salariés âgés va encore accroître l’absentéisme. Les salariés qui ont aujourd’hui 50 ans ont été imprégnés de l’idée qu’ils allaient travailler jusqu’à 60 ou 62 ans ; le recul de l’âge de la retraite crée les conditions d’une extrême démotivation, estime celui qui, depuis quinze ans, accompagne entreprises et employeurs publics dans la prévention des risques professionnels et de l’absentéisme.
L’entreprise devra mener une réflexion pour maintenir dans l’emploi des salariés âgés qui n’auront pas les mêmes capacités cognitives et physiques que leurs prédécesseurs. Enjeu crucial pour les entreprises aujourd’hui, et demain pour les assurances qui devront continuer à financer ces hausses d’absentéisme par la hausse des cotisations. Selon une étude de l’institut Sapiens, l’absentéisme au travail en France coûterait 108 milliards d’euros par an, soit 4,7 % du PIB.
« Une société de RTT »
L’auteur ne se contente pas de déplorer le gâchis. « Dans un véritable plaidoyer sur les ressorts de l’engagement, cet essai met en valeur les paramètres sur lesquels l’employeur a pris – et ils sont nombreux », se réjouit dans la préface Hervé Lanouzière, membre de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). A une condition, néanmoins : l’employeur ne peut réduire l’absentéisme dans son entreprise que s’il le comprend « comme le révélateur d’un défaut dans le rapport au travail, qu’il le sorte de la banalité de la fatalité », souligne Fabien Piazzon.
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