Santé mentale et fonction publique : accompagner malgré tabous et déni

Santé mentale et fonction publique : accompagner malgré tabous et déni

Un usager dans la salle d'attente de la plateforme de réhabilitation professionnelle, au CHU de Montpellier, le 22 octobre 2025.

Deux tentatives de suicide, plusieurs hospitalisations, des reprises au travail difficiles… A 61 ans, Ghislaine (les témoins de cet article ont souhaité rester anonymes), cadre administrative dans l’enseignement supérieur, est toujours en emploi malgré une bipolarité diagnostiquée depuis dix ans. « J’ai le sentiment que mes conditions de travail mettent ma santé en danger », confie celle qui bénéficie d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).

Pourtant longtemps soutenue par sa hiérarchie et la médecine du travail, Ghislaine se sent aujourd’hui livrée à elle-même. « Le médecin a préconisé un temps partiel, mais, comme les tâches s’amoncellent, ma nouvelle RH le refuse et ma direction me confie toujours plus de missions. » Le témoignage de Ghislaine illustre la difficulté de la fonction publique à accompagner les personnes porteuses d’un handicap psychique. La tâche est immense. Treize millions de Français sont concernés par un trouble psychique sévère : dépression, schizophrénie, bipolarité, troubles du stress post-traumatique ou alimentaires.

Tabous et stigmatisés, les troubles psychiques contraignent à osciller entre surcompensation et découragement. Alain, 50 ans, agent administratif dans une grande métropole, et vivant avec une schizophrénie, confie ne jamais parler de sa pathologie à ses collègues : « Dans l’imaginaire collectif, elle est synonyme de comportements violents. » Selon le baromètre IFOP-Agefiph 2025, un tiers des salariés disent n’être « pas prêts » à travailler avec une personne présentant une maladie mentale, et seulement 16 % des dirigeants jugent son intégration « facile ».

Il vous reste 81.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.