« La fonction publique doit engager une réflexion profonde sur son image d’employeur »

« La fonction publique doit engager une réflexion profonde sur son image d’employeur »

Les premiers pas prudents du nouveau ministre de la fonction publique, Laurent Marcangeli, entendent trancher avec les discours de son prédécesseur. Il « aime » les agents publics, là où Guillaume Kasbarian voulait s’inspirer des « meilleures pratiques » d’Elon Musk. Au-delà des slogans et des fantasmes, où en est vraiment l’employeur public dans un marché du travail tendu et un pays fragmenté ?

« Le Patchwork public », une étude inédite, fait l’état des lieux. Transformations profondes du marché du travail, attentes hétérogènes de la part des candidats et concurrence accrue du secteur privé : les défis sont nombreux pour transformer un patchwork désordonné en une mosaïque harmonieuse. Le nombre moyen de candidatures par poste aux concours s’élevait à 16 en 1997, il est tombé à seulement 6 en 2022. Cette chute vertigineuse traduit-elle une désaffection uniforme pour l’emploi public ? Oui et non. Le nombre de candidats aux concours est certes en chute libre. Les métiers d’enseignant, notamment dans le primaire, n’attirent plus.

Quant aux autres, ils sont cachés derrière des concours et des catégories opaques. On pourrait ajouter qu’en ces temps de réformes de l’Etat et de rigueur budgétaire, la promesse du « statut » n’engage plus que ceux qui y croient. Moins d’aspirants fonctionnaires, donc, mais pas moins d’agents : près d’un quart sont des contractuels de droit privé. En recourant largement au CDI, l’Etat et ses structures périphériques se sont coupés de leurs spécificités statutaires. Par le même mouvement, ils se sont mis en concurrence frontale avec le secteur privé.

Une forte endogamie

L’Etat, dès lors, serait-il un employeur comme un autre ? Discours délicat à tenir, quand les salaires y sont inférieurs de 30 % en moyenne et que la garantie d’emploi à vie n’est plus. Un autre problème majeur est l’endogamie qui caractérise les recrutements publics. L’étude montre que 59 % des candidats intéressés par un poste dans la fonction publique y travaillent déjà. Ce phénomène traduit une faible capacité à attirer des talents externes, notamment issus du secteur privé ou de milieux diversifiés. Cette endogamie est exacerbée par un manque de stratégies de recrutement. Seules 15,3 % des collectivités locales ont mis en place une véritable démarche de « marque employeur ».

Il vous reste 55.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.