Paradoxe dans l’industrie : les plans sociaux se multiplient alors que les difficultés de recrutement persistent
Quelques minutes pour décrocher non pas l’amour mais un emploi. Le 7 novembre à Valenciennes (Nord), l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Grand-Hainaut, dans les Hauts-de-France, a organisé un job dating sur le modèle des speed dating amoureux, pour tenter de répondre au besoin de main-d’œuvre industrielle dans la région.
Une autre rencontre de ce type est programmée le 26 novembre à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), toujours encadrée par la fédération patronale locale. A chaque fois, une vingtaine d’entreprises y proposent une centaine de postes à pourvoir, en CDI, CDD ou intérim. Opérateurs ou techniciens dans la mécanique, la maintenance ou l’usinage de pièces, les profils sont variés.
Cette initiative particulière témoigne du paradoxe plus large qui traverse le monde industriel, alors que débute, lundi 18 novembre, la Semaine de l’industrie organisée par le gouvernement. Les plans sociaux qui se multiplient dans l’automobile ou la chimie – chez Michelin, Vencorex, etc. – marquent l’agenda social et illustrent le coup de frein à la réindustrialisation entamée ces dernières années ; mais, dans le même temps, l’industrie française pâtit d’une pénurie chronique de main-d’œuvre.
Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, rattachée au ministère du travail), « 66 630 emplois » industriels étaient vacants dans le pays au deuxième trimestre de cette année. Ce chiffre, qui a triplé entre 2015 et 2023, ternit le bilan du gouvernement, alors que « 130 000 emplois ont été créés dans l’industrie depuis 2017, dont 28 000 en 2023 », note la direction générale des entreprises du ministère de l’économie.
« Une image passéiste et caricaturale »
Ce regain industriel est d’autant plus fragile que les difficultés des entreprises à recruter – en particulier les TPE et les PME, moins bien loties que les grands groupes – persistent. « Quelque 260 000 projets de recrutements sont prévus dans l’industrie en 2024, or près de 60 % de ces recrutements sont jugés difficiles par les entreprises », regrette le ministre délégué à l’industrie, Marc Ferracci, qui considère que le sujet est « un enjeu crucial pour le pays ». L’ensemble des secteurs sont concernés, aussi bien les industries traditionnelles que les filières dites « d’avenir ».
En cause notamment l’image ou la méconnaissance des métiers industriels. La désindustrialisation des quarante dernières années a traumatisé de nombreux territoires et marqué les mémoires familiales, éloignant d’eux les nouvelles générations.
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