Fonction publique territoriale : les élus locaux défendent les 100 000 postes créés depuis 2010

Fonction publique territoriale : les élus locaux défendent les 100 000 postes créés depuis 2010

Gabriel Attal, alors premier ministre, en visite dans une maison France Services, à Sceaux (Hauts-de-Seine), le 23 avril 2024.

La rentrée est décidément pénible pour les élus locaux. Pointés pour leurs dépenses par le gouvernement Attal, début septembre, ils ne décolèrent pas à l’idée de devoir consentir à l’effort de 5 milliards d’euros que le premier ministre, Michel Barnier, attend d’eux en 2025. Entre-temps, la Cour des comptes a ajouté sa touche personnelle en suggérant, dans un rapport publié le 2 octobre, de supprimer 100 000 agents territoriaux.

« On voit bien la séquence, affirme Johan Theuret, directeur général adjoint chargé du pôle ressources à Rennes Métropole et à Ville de Rennes, cofondateur du cercle de réflexion Sens du service public. Un déficit qui dérape, la recherche d’économies et la question des effectifs des collectivités locales arrive dans le débat… Ce n’est pas nouveau. »

La Cour des comptes note que « les dépenses de personnel, qui représentent un quart des dépenses des collectivités, connaissent une croissance soutenue », et considère une « optimisation » possible. Appliquer partout la durée légale du travail et lutter contre l’absentéisme permettraient de faire des économies, disent les magistrats financiers. Avant de sortir une proposition massue : ramener la fonction publique territoriale, qui compte 1,9 million d’agents, à son niveau de 2010. Cela se traduirait par la réduction de 100 000 emplois, soit 5,25 % de l’effectif. Economie escomptée : 4,1 milliards d’euros à partir de 2030.

« Procès facile en incompétence »

Pourquoi 2010 ? Parce que pendant dix ans, entre 2011 et 2021, expose l’institution financière, il n’y a pas eu de nouveau transfert de compétences de l’Etat aux collectivités ; que cela n’a cependant pas empêché les groupements de communes – les intercommunalités, en plein développement – d’employer 112 100 agents de plus (+ 48 %) quand les communes ne faisaient baisser leurs effectifs que de 3 %. Or, la logique était précisément qu’en confiant des missions à leur intercommunalité, les communes réduisent leur personnel.

Derrière la logique comptable, les élus locaux perçoivent une nouvelle manifestation du « mépris » des hauts fonctionnaires de Bercy, qui les considéreraient comme dépensiers et incapables de tenir leur masse salariale. « Je ne dis pas que des efforts ne sont pas possibles, poursuit M. Theuret. Mais c’est surtout un procès facile en incompétence des élus dans la gestion des ressources humaines. »

Maire (divers droite) de Charleville-Mézières, Boris Ravignon se dit également « convaincu » que c’est la défiance des argentiers qui s’exprime. « Même si c’est d’abord de la méconnaissance : les magistrats de la Cour des comptes ne connaissent pas le fonctionnement des collectivités locales », note celui qui vient de se voir confier par la ministre du partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, la mission d’alléger le « millefeuille administratif ». Dans un rapport, remis en mai, M. Ravignon a chiffré à 7,5 milliards d’euros l’enchevêtrement des compétences entre l’Etat et les collectivités.

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LJD

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