Le marché de l’emploi ralentit, mais pas de retournement

Le marché de l’emploi ralentit, mais pas de retournement

Une agence France Travail à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), le 23 avril 2024.

En écho à la croissance de 0,3 %, un peu plus élevée que prévu au deuxième trimestre 2024, le retournement redouté de l’emploi n’est pas encore intervenu. Le nombre d’emplois salariés, selon les données provisoires publiées mardi 6 août par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est resté stable (+ 0,0 %) au deuxième trimestre, après avoir augmenté de 0,3 % sur les trois premiers mois de l’année (+ 61 100 emplois).

Sur un an, de juin 2023 à juin 2024, l’économie française a donc créé 78 000 emplois au total, indique l’Insee. Elle compte 1,2 million d’emplois de plus, dans le secteur privé, qu’avant la crise sanitaire. « L’emploi s’inscrit dans une tendance de net ralentissement : en 2023, il a progressé de 0,1 % par trimestre, soit beaucoup moins qu’en 2022, où la hausse était de 0,4 %, résume Yves Jauneau, chef de la division Synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Insee. Mais on n’a pas encore de signe de retournement du marché du travail – pour le moment. »

Après avoir eu les yeux rivés sur les chiffres de l’inflation, les économistes surveillent désormais les chiffres de l’emploi et du chômage comme le lait sur le feu. Dans ses prévisions du 10 avril, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pronostiquait même un « retournement » du marché du travail cette année, lié à la faible croissance de l’activité. Les entreprises, qui ont massivement embauché après la pandémie, devraient également chercher à progressivement redresser leur productivité en berne. Si le retournement n’a pas eu lieu, le ralentissement actuel de l’emploi correspond donc bien à une « normalisation » attendue, souligne Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyses et prévisions de l’OFCE.

Atonie de la consommation

Dans le détail, l’évolution de l’emploi entre avril et juin reflète la situation conjoncturelle : la construction, pénalisée par la crise de l’immobilier, a connu son sixième trimestre consécutif de baisse. Le nombre d’emplois du secteur a diminué de 0,4 % au deuxième trimestre, soit 6 400 postes perdus. Mais, relativise M. Jauneau, « les effectifs y restent supérieurs de 6 % à ce qu’ils étaient avant la crise sanitaire ». L’intérim, dont le bâtiment est un gros consommateur, connaît lui aussi son sixième trimestre consécutif de baisse, avec une chute des effectifs de 2,7 %. Contrairement à ce que l’on observe dans la construction, l’emploi intérimaire est désormais repassé en deçà de son niveau d’avant-crise.

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LJD

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