La grève dans l’audiovisuel public pourrait être massive
Comme on le dirait un jour de grève massive dans les transports, la fin de semaine s’annonce « noire » pour les usagers des médias de l’audiovisuel public. Les antennes de Radio France, les chaînes de France Télévisions, les radios et la chaîne d’info internationale de France Médias Monde, ainsi que les différents services de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) pourraient être fortement affectés, jeudi 23 et vendredi 24 mai, par un mouvement de grève inédit. A l’appel unanime des syndicats, les salariés des quatre sociétés s’apprêtent à exprimer massivement leur désapprobation devant la volonté du gouvernement de les réunir dans une entreprise unique.
Sauf report à une date ultérieure si les débats sur la loi agricole s’éternisent, les députés procéderont à l’examen en première lecture, jeudi et vendredi, de la proposition de loi, votée au Sénat en juin 2023, destinée à réformer la gouvernance de l’audiovisuel public.
Selon ce texte, France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA seront chapeautées par une holding dès le 1er janvier 2025, avant d’être fusionnées un an plus tard. Un vote solennel est d’ores et déjà programmé le 28 mai, et une deuxième lecture au Sénat est prévue le 19 juin. « Je ne dis pas que je suis contre ce projet, je dis que je suis effarée par l’opacité qui l’entoure », explique Sonia Devillers, la présentatrice de l’interview de 7 h 50 sur France Inter.
« Mauvaise lecture des enjeux »
Comme plus de 1 100 salariés de Radio France, la journaliste a signé une pétition, publiée par Le Monde mercredi 22 mai, unique en son genre autant que par son ampleur. « Vouloir fusionner tout l’audiovisuel public nous semble démagogique, inefficace et dangereux », condamne ce texte, approuvé par le présentateur de la matinale de France Inter, Nicolas Demorand, comme par celui de France Culture, Guillaume Erner, ainsi que par les humoristes Sophia Aram, Charline Vanhoenacker et Guillaume Meurice, mais aussi par des producteurs, des techniciens, des réalisateurs, des musiciens ou encore le personnels de Radio France.
Depuis qu’elle a repris à son compte le texte sénatorial, à son arrivée au ministère de la culture, Rachida Dati revendique d’aller vite, au risque d’escamoter un débat à la hauteur de l’enjeu démocratique que représentent les médias publics. L’examen au pas de course d’amendements déterminants, mardi 14 mai, en commission des affaires culturelles, a ajouté au sentiment d’effarement.
« Quelle entreprise accepterait que son avenir soit écrit par un amendement de quelques lignes ? », fulmine Serge Cimino, délégué syndical SNJ à France Télévisions. « On parle de fusionner 15 000 salariés d’ici à deux ans, rappelle Anne Cantener, présidente de la Société des journalistes (SDJ) de RFI. Cela ne paraît pas un délai tenable. Et même si c’était faisable, cela ne le serait pas dans de bonnes conditions. »
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