Disney France dans la tourmente : climat social tendu, soupçons d’évasion fiscale…

Disney France dans la tourmente : climat social tendu, soupçons d’évasion fiscale…

Devant les locaux de Walt Disney Company France, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, en 2016.

Les salariés français de Disney évoquent souvent « Burbank », surnom donné au siège de la multinationale pour laquelle ils travaillent depuis Paris, situé aux Etats-Unis dans la ville éponyme du comté de Los Angeles. Parce que « Burbank » a la main sur presque tout, du contenu des blockbusters produits et diffusés à travers le monde jusqu’à l’organisation interne de chaque filiale… et aux licenciements. Près de trente des 250 employés sont en passe de quitter la branche française du géant du divertissement, The Walt Disney Company France, dans le cadre d’un grand plan mondial de suppressions de 7 000 postes décrété il y a un an par le PDG de Disney, Bob Iger.

C’est la troisième vague de départs en France après celles de 2019 et 2021, qui ont déjà conduit au licenciement de près de 80 salariés. Une méthode à l’américaine, qui irrite non seulement les personnels, mais également les services administratifs français. En effet, des doutes existent sur la réalité des difficultés économiques de Disney dans l’Hexagone, et donc sur la légitimité de ces plans sociaux.

Filiale distincte du parc Disneyland Paris, The Walt Disney Company France se dédie essentiellement au cinéma : distribution de contenus Disney en salle comme à la télévision, doublage, promotion, création de productions originales pour la plate-forme de streaming Disney+… Des secteurs en difficulté au niveau mondial, au point que la multinationale nécessiterait une restructuration pour rester compétitive, selon « Burbank ».

« L’entreprise se porte bien »

En France, le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé en juin 2023 prévoit la suppression de vingt-huit postes, dont les quatorze du service « home entertainment », dont la direction prévoit l’externalisation. « La taille actuelle du marché du DVD en France permet d’envisager le passage de cette activité sous licence qui nous rapporterait sensiblement la même marge opérationnelle sans avoir les risques et coûts adjacents à l’activité », justifie l’entreprise dans un document interne. Pour accompagner la réorientation stratégique du groupe, Disney France a en outre prévu de modifier le périmètre de neuf postes et de recruter vingt personnes dans le numérique.

Il est difficile d’avoir un tableau précis de la santé économique de l’entreprise, qui ne publie pas ses comptes et n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde. Mais pour les salariés, c’est une évidence : le motif économique du PSE ne tient pas, car la situation économique française ne peut être confondue avec des tendances mondiales. Le succès de blockbusters comme Avatar 2 et Black Panther 2, qui ont enregistré en 2022 d’excellents résultats dans les salles françaises, accentue leurs doutes.

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LJD

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