« Théories du leadership » : redéfinir l’art de diriger
Livre. Qu’est-ce qui définit un leader efficace ? Poser la question amène inévitablement à se pencher sur la force des représentations. De fait, la perception du leader a peu évolué dans le temps, notent différentes études. C’est généralement un homme, intelligent, à la présentation soignée, qui dégage force et charisme, et qui peut, selon les cas, œuvrer avec sensibilité, tyrannie ou sens du dévouement. « Ces modèles (…) sont ancrés dans notre inconscient collectif », explique Sarah E. Saint-Michel, maître de conférences à l’université Paris-Dauphine-PSL. Ils renvoient à une image figée du leader.
Des héros mythologiques aux leaders du XIXe siècle porteurs, selon la « théorie des grands hommes », de qualités innées, toute une imagerie s’est imposée, centrée sur des personnalités providentielles, héroïques. C’est une représentation qu’« il semble [pourtant aujourd’hui] important de (…) déconstruire pour répondre aux enjeux contemporains auxquels les femmes et les hommes dirigeants sont confrontés », note Mme Saint-Michel dans son ouvrage, Théories du leadership.
L’autrice explique, dans son essai, pourquoi une telle évolution lui paraît essentielle. Tout d’abord parce que le leadership est considéré comme un « processus d’attribution ». C’est ainsi l’entourage du leader qui lui octroie « la légitimité et la confiance d’agir dans la direction qu’il propose » en le reconnaissant comme tel. « Sans cette confiance accordée au leader, le processus de leadership ne peut pas fonctionner. »
Nouveaux modèles
Le sociologue allemand Max Weber avait perçu cette spécificité. « D’après lui, le leadership trouve ses fondements auprès de ses subordonnés », rappelle l’autrice. Il apparaît donc nécessaire que ces mêmes subordonnés puissent se dégager de représentations dépassées du « bon leader ». Faute de quoi cela « impactera [notamment] l’exercice du leadership des femmes et, au-delà, de ceux et celles n’entrant pas dans cette représentation naïve du leader ».
Mme Saint-Michel appelle de ses vœux une déconstruction de cette représentation pour une seconde raison. Les entreprises font face à de multiples « enjeux contemporains », rappelle-t-elle. Révolution numérique, transition écologique, mutation accélérée des métiers, évolutions organisationnelles et managériales, nouvelles aspirations des collaborateurs… Autant de transformations que les leaders doivent être en capacité d’impulser et d’accompagner. Dans cet environnement mouvant, de nouvelles formes de leadership peuvent s’imposer.
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