Les pistes d’Olivier Dussopt pour le plein-emploi

Les pistes d’Olivier Dussopt pour le plein-emploi

Le ministre du travail Olivier Dussopt, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 12 décembre 2023.

La route vers le plein-emploi passe par l’édiction de règles plus exigeantes pour les actifs. Dans un entretien au quotidien Les Echos du vendredi 15 décembre, Olivier Dussopt a annoncé un « acte II de la réforme » du marché du travail. Alors que le taux de chômage est remonté à 7,4 % au troisième trimestre – loin des 5 % visés par Emmanuel Macron – , le ministre du travail estime nécessaire d’« accélérer la mise en œuvre » des changements effectués au début du quinquennat. Une prise de parole qui fait écho à celles, récentes et en cascade, de Bruno Le Maire, son collègue chargé de l’économie. Le Parlement devrait être saisi au premier semestre 2024.

Tout en se gardant d’« évoquer des mesures précises », M. Dussopt confirme que certaines des pistes évoquées début décembre par M. Le Maire sont à l’étude. Ainsi en va-t-il « du délai de contestation en justice » des licenciements, qui est de douze mois actuellement, soit un des plus importants en Europe, selon M. Dussopt. « C’est trop long » et « cela peut freiner les embauches », considère le ministre du travail, mais il ne va pas jusqu’à proposer un quantum, alors que M. Le Maire, lui, suggérait de ramener ce délai à deux mois.

Sur le sort des seniors privés d’emploi, M. Dussopt prend implicitement ses distances avec M. Le Maire. Le locataire de Bercy avait plaidé pour que la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans soit abaissée, de manière à l’aligner sur celle des autres, moins favorable. M. Dussopt, de son côté, semble laisser entendre que cette durée de versement de l’allocation resterait inchangée, mais applicable pour les plus de 57 ans, afin de « s’adapter à la réforme des retraites », qui a décalé de deux ans l’âge légal de départ. De même, l’âge à partir duquel les chômeurs peuvent continuer à être indemnisés jusqu’au moment où ils ont droit à une pension à taux plein « doit passer de 62 à 64 ans ».

S’agissant de la rupture conventionnelle, M. Dussopt pense que le gouvernement doit « la préserver », mais en y apportant des retouches. Elle est « parfois utilisée pour les salariés de 58 ou 59 ans comme une forme de préretraite qui ne dit pas son nom ». Dès lors, il faut « trouver un moyen d’empêcher cet effet d’aubaine qui pénalise l’emploi des seniors ».

« Volonté d’ingérence »

De façon très succincte, le ministre du travail exprime le vœu d’améliorer « le dialogue social, qui est difficile à mettre en œuvre quand il n’y a pas de syndicats dans l’entreprise ». Un problème très sensible puisque l’enjeu est d’identifier des représentants du personnel, dans des sociétés de petite taille, qui puissent négocier sans être sous l’influence de la hiérarchie. M. Dussopt a également fait part de son souhait de « doubler » le nombre de contrôles des chômeurs. Enfin, interrogé sur le financement de la protection sociale, il a prononcé une phrase intrigante à propos de la réforme des retraites promulguée à la mi-avril : elle « préserve notre système (…) par répartition mais elle n’éteint pas tous les débats et les réflexions qui restent devant nous ». Comme s’il voulait instiller l’idée que le dossier pourrait revenir sur le devant de la scène d’ici à 2027.

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LJD

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