« Que les normes européennes soient présentes dans un référentiel mondial transformant le fonctionnement des marchés financiers, et vice versa, est un succès commun »

« Que les normes européennes soient présentes dans un référentiel mondial transformant le fonctionnement des marchés financiers, et vice versa, est un succès commun »

Deux facteurs sont nécessaires pour réussir l’indispensable transition écologique et sociale. D’une part, des politiques publiques ambitieuses, aussi globales que possible, aux objectifs clairs et reposant sur des mécanismes incitatifs. D’autre part, la transformation des marchés financiers, par essence mondiaux, intégrant désormais dans leur langage comptable les risques et les opportunités liés à ces transitions, de sorte qu’ils puissent exercer leur fonction de financement de la transformation de l’économie en y allouant les capitaux par le mécanisme des prix. Si ces deux conditions sont réunies, marchés financiers et politiques publiques formeront une alliance puissante au service de la transition.

La directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD) propose une vision politique de cette transition. Lancée dans l’enthousiasme du Pacte vert de la Commisssion européenne, elle a résisté à la crise de la pandémie, à des conflits géopolitiques, au retour de l’inflation. Il aura fallu pour ses artisans de la vision, de la détermination et du leadership. La fenêtre d’opportunité dans laquelle la CSRD a pu devenir une réalité était étroite.

La tribune que j’ai publiée dans ces colonnes le 10 octobre a suscité beaucoup de réactions et de questionnements. J’y évoquais ce que les spécialistes savent : les effets systémiques du reporting à l’ensemble des parties prenantes mettront beaucoup de temps à se faire sentir et la transition ne peut attendre. La matérialité économique, sur laquelle l’International Sustainability Standards Board (ISSB) se focalise, et qui est présente dans la CSRD, est donc une fondation indispensable. Son ancrage dans l’ADN même du marché financier est le véritable gage de pérennité de la CSRD face aux aléas politiques. Mon propos n’est pas de mettre en cause l’ambition de la « double matérialité », mais de la remettre en perspective.

Nous gagnerions donc à cesser d’opposer ces approches car l’une est le socle de l’autre, d’autant plus que la norme fondamentale de l’ISSB a entre-temps fait bouger des frontières et ouvert la voie à une vision régénératrice de l’économie au niveau global : « L’entreprise et ses ressources et relations tout au long de sa chaîne de valeur forment ensemble un système interdépendant (…), ce qui contribue à leur préservation, leur régénération et leur développement, ou à leur dégradation et leur épuisement. (…) Sa capacité à créer de la valeur pour elle-même est inextricablement liée à la valeur qu’elle crée, protège ou érode pour les autres. »

Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.