« Les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la transition écologique et doivent disposer des informations les plus complètes possibles pour faire les bons choix »

« Les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la transition écologique et doivent disposer des informations les plus complètes possibles pour faire les bons choix »

Avec la mise en œuvre progressive, à partir de janvier 2024, de la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD), transposée en droit français mercredi 6 décembre, nous nous apprêtons à écrire une nouvelle page de notre grammaire économique.

Le XXe siècle a été celui d’une puissante normalisation de la comptabilité internationale pour accompagner l’essor d’une économie mondialisée et financiarisée, particulièrement efficace pour se développer, mais aveugle quant à l’impact de ses activités sur les humains et la nature. A l’heure de l’urgence environnementale, des textes tels que CSRD permettront à notre siècle d’être celui de la définition de normes « extra-financières » pour mieux guider nos économies sur les rails de l’indispensable transition.

Concrètement, la directive va amener dès 2025 les entreprises européennes de plus de 250 salariés à publier des informations sur leurs impacts environnementaux, sociaux ou encore sur leur gouvernance. De la même manière que les informations financières, ces données devront s’appuyer sur des normes internationales, être contrôlées par un tiers indépendant et publiées chaque année par les entreprises.

A la veille de sa mise en œuvre, le 1er janvier 2024, ce texte européen a fait l’objet de critiques par les tenants d’une approche anglo-saxonne des données extrafinancières. Alors que ces derniers souhaitent que ces normes se limitent à mesurer les impacts écologiques et sociaux du monde extérieur sur la performance de l’entreprise (matérialité « simple » ou matérialité financière), l’approche européenne retient, elle, une logique de « double matérialité » et vise à mesurer – également – les impacts écologiques et sociaux de l’entreprise sur le monde extérieur (« matérialité d’impact »).

Mesurer le chemin à parcourir

Cette double matérialité, c’est-à-dire cette préoccupation des conséquences de l’activité des entreprises sur le vaste monde, constitue à nos yeux un pas en avant considérable. Bien sûr, cette approche représente un défi technique majeur. La méthodologie d’évaluation des impacts n’est pas encore stabilisée, et il serait utopique d’assurer que la double matérialité permettrait la comptabilisation exhaustive des impacts d’une entreprise.

Il est, par exemple, encore difficile de mesurer aussi précisément l’impact d’une entreprise sur la biodiversité que sur le climat. Bien sûr aussi, ce reporting extrafinancier n’impose pas directement aux entreprises de changer leurs comportements puisqu’il n’est qu’un outil de transparence.

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LJD

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