Avec les futurs agents de sécurité des JO 2024 en formation : « Ceux qui me parlent de boxe thaïe, je les calme d’entrée de jeu »
Le décor est dépouillé : une concession automobile désaffectée à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), devenue lieu de formation aux métiers de la sécurité privée, de vigile à agent de protection rapprochée, en passant par la surveillance vidéo. On y trouve des portiques utiles aux exercices de fouille et de palpation, des tatamis pour réviser les bases de l’autodéfense, des bureaux d’écolier. « Ceux qui me parlent de boxe thaïe, je les calme d’entrée de jeu. Le cadre légal ne permet pas de toucher les gens n’importe comment », affirme Mike, qui n’a pas souhaité donner son nom comme les autres personnes interrogées, ancien policier intervenant chez Nouvel R, à la fois école et entreprise de sécurité privée.
La formation initiale des agents est peu portée sur la force physique, ils apprennent surtout des articles du code de la sécurité intérieure, des notions de secourisme, La Marseillaise – l’hymne est punaisé en classe. C’est l’un des changements induits par la loi « sécurité globale » de 2021 modifiant les règles d’accès aux métiers de la sécurité privée, et notamment l’obligation pour les étrangers de disposer d’un titre de séjour depuis au moins cinq ans. « Cette loi a mis le bazar, on a perdu pas mal de monde », raconte Serdar Yergin, fondateur de la PME.
A la veille des Jeux olympiques, il y a urgence à garnir les rangs : il faudra 17 000 agents sur le terrain chaque jour en moyenne. En Ile-de-France, le secteur y est encouragé par le gouvernement, qui a investi pour l’accompagner dans le recrutement et la formation. Arnaud, 22 ans, est passé par un bac « système électronique », un temps d’errance, puis une école de la deuxième chance à Créteil. Il y a rempli « des tas de QCM » pour s’orienter, jusqu’à choisir la sécurité l’été dernier. La mission locale s’est chargée de l’inscription en formation d’agent de prévention et de sécurité : quatre semaines suivies d’une semaine pour obtenir le premier échelon de la sécurité incendie.
Des années postbac sans réelle direction
« Je m’attendais à être entouré d’armoires à glace. C’est plus varié que ça », remarque le jeune homme, assis dans une classe de onze élèves, dont trois femmes. Arnaud est « réaliste » : « Ce qui nous attend, c’est d’être au PC de sécurité et de faire des rondes. Evidemment que j’aimerais gagner plus que le smic, mais c’est déjà pas mal pour cette tâche. »
A ses côtés, Mouhnir, 26 ans, a l’ambition d’intégrer la protection rapprochée de l’Etat. Il est arrivé dans le secteur inspiré par un ami aperçu en costume d’agent événementiel sur Snapchat cet été, « je l’ai trouvé classe ». Mounir est passé par un DUT en sciences des données, interrompu par la pandémie de Covid-19 et jamais repris. « Après, j’ai tout fait : de la livraison, de l’inventaire, agent de piste à l’aéroport… Je n’en peux plus de ce manque de stabilité. »
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