« Notre fonction publique doit être plus représentative de la société française »
Les services publics constituent le socle de notre modèle social. Ils sont un vecteur d’intégration républicaine et traduisent nos aspirations collectives à l’égalité en droit et en dignité. Pourtant, le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, qui vient d’être adopté par le Sénat, et sera bientôt examiné à l’Assemblée nationale, fait totalement l’impasse sur les métiers en tension, essentiels, dans nos administrations publiques.
Nul besoin de convaincre les Françaises et les Français du manque d’effectifs dans nos services publics. L’éducation nationale vient de repousser d’un mois les inscriptions aux concours, un tiers des secrétaires de mairie sera parti à la retraite d’ici à huit ans et, d’après le Conseil national de l’ordre des médecins, les praticiens diplômés hors Union européenne représentent déjà au moins 11 % des médecins installés à l’hôpital public.
Alors que la fonction publique fait face à une crise majeure d’attractivité, elle se prive de compétences en excluant une partie de la population : plus de 4 millions d’emplois de fonctionnaires ne peuvent pas être occupés par des étrangers non européens.
Statut de contractuel
Nous l’affirmons avec force : notre fonction publique doit être plus représentative de la société française. Initialement réservé aux seuls nationaux, le statut de la fonction publique a été ouvert aux ressortissants de l’Union européenne il y a plus de trente ans, à l’exception de certains emplois relevant de la souveraineté nationale ou de prérogatives de puissance publique.
Le temps est venu de franchir une nouvelle étape pour des personnes qui vivent régulièrement en France, contribuent à la solidarité nationale en payant leurs impôts et travaillent déjà dans nos services publics, le plus souvent dans des conditions précaires.
En effet, aujourd’hui, nos administrations ne peuvent employer des personnes étrangères extra-européennes que sous un statut de contractuel, un grand nombre se voyant renouveler leur contrat d’année en année, sans perspective d’évolution de carrière et de rémunération. Les étrangers extra-européens ne pouvant pas être fonctionnaires titulaires, mais seulement recrutés par voie contractuelle, ils subissent cette situation qui se révèle aujourd’hui une hypocrisie juridique, une source d’inégalités sociales et une hérésie face aux difficultés de recrutement de la fonction publique.
Hypocrisie
Nous les côtoyons chaque jour, au guichet des administrations, au chevet des malades à l’hôpital, dans nos rues au ramassage des déchets, dans les couloirs de nos bâtiments à l’entretien des locaux, dans nos services informatiques…
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