Les initiatives de réduction d’empreinte carbone en entreprise sont loin de faire l’unanimité
A en croire Cegos, leader de la formation professionnelle, la sensibilité aux questions environnementales gagne du terrain : 54 % des mille salariés interrogés en 2023 se disent promoteurs, voire militants, de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et 57 % attendent que leur employeur s’y engage davantage. Pour satisfaire cette attente, les comités sociaux et économiques (CSE), à l’instar des directions, font appel à des cabinets pour réduire leur empreinte carbone et prendre des initiatives RSE.
« Nous les conseillons sur ces questions pour les amener à privilégier les achats durables », résume Maxime Balsat, cofondateur de Représente.org. Mais sur le terrain, les propositions, d’où qu’elles émanent, ne font pas toutes l’unanimité. Acceptabilité sociale, écologie punitive, environnement ou justice sociale, fin du mois ou fin du monde, plaisir coupable… Les termes des débats qui agitent la société se retrouvent en entreprise et dans les administrations où émergent des initiatives RSE.
A priori consensuelles, elles peuvent engendrer des résistances quand elles sont conduites sans concertation ou dans la précipitation. Ainsi, la recommandation faite par l’Etat aux employeurs à l’automne 2022 de régler la température à 19 degrés n’avait au départ suscité aucune opposition de principe.
Il en a été autrement sur le lieu de travail : le chauffage étant souvent réglé de manière centralisée dans les grandes sociétés et les administrations, de forts écarts de température se constataient au sein d’un même bâtiment, d’où des protestations. A la BRED, « la direction en est venue à distribuer des radiateurs électriques d’appoint aux salariés, quand bien même ce type d’appareil est énergivore », raconte Stéphane Quennet, secrétaire pour la métropole du CSE de cette banque.
Une acceptabilité jamais gagnée d’avance
Pour éviter d’en arriver là, le ministère de la transition écologique, qui se devait d’être exemplaire dans les tours de la Défense qu’il occupait, a préféré prendre les devants. « Les agents, qui se plaignaient déjà des déficiences récurrentes de la climatisation, se sont vu proposer des vestes en laine polaire pour passer l’hiver », se souvient Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (Ugict), rattachée à la CGT.
Les salariés peinent aussi à se mobiliser quand ils estiment que l’impact environnemental de leur activité est faible ou la démarche RSE trop éloignée de leur métier. C’est pourquoi la prise de conscience se fait plus facilement dans les industries qui produisent de grosses quantités de déchets que dans les services. « Quand je leur parle environnement, beaucoup d’agents me disent que leur priorité c’est de soigner correctement les gens. Il faut du temps et des moyens pour mobiliser le personnel sur ces enjeux », confirme Romain Sabran, un employé de l’hôpital d’Alès (Gard) qui milite pour le tri des biodéchets dans son établissement.
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