Le rôle de manageur attire toujours, mais pas ses conditions de travail
Les difficultés de recrutement chez les cadres sont toujours très élevées en cette fin d’année, malgré une baisse de 13 % du nombre d’offres d’emploi sur un an, révèle le baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) publié jeudi 9 novembre. Y aurait-il une crise du rôle de manageur ?
Une quinzaine de DRH réunis à Paris, mardi 7 novembre aux Rencontres RH − le rendez-vous mensuel de l’actualité RH organisé par Le Monde en partenariat avec ManpowerGroup et Malakoff Humanis −, ont échangé sur l’évolution de la fonction et de son attractivité dans leur entreprise. « On a moins de candidats qu’à une époque », reconnaissent-ils, mais aucun d’eux ne parle de crise. Le management reste la voie royale pour progresser dans l’entreprise.
Dans le secteur privé, près d’un cadre sur deux a une équipe à manager. Qu’ils soient sur le terrain, en gestion de proximité ou top manageurs, « 84 % des cadres manageurs souhaitent le rester (…), 42 % des cadres non manageurs voudraient le devenir, et 63 % des moins de 35 ans », indique Pierre Lamblin, directeur des études et de données de l’APEC.
« Mais à condition de faire évoluer le contour de leur fonction et leurs pratiques », ajoute-t-il aussitôt. Interrogés par l’APEC en septembre, 61 % des cadres manageurs ont le sentiment d’une charge de travail insurmontable (vs 46 % des cadres non manageurs). « Ils ont aussi l’impression de ne pas avoir assez de temps sur la gestion des individus », note M. Lamblin.
Les conditions de travail ont changé. La transformation des organisations liée au travail hybride a complexifié le rôle du manageur pour l’animation des équipes et la coordination de l’activité. Les injonctions paradoxales se sont multipliées : concilier gestion du collectif et suivi individuel, performance et bien-être, autonomie et contrôle, réflexion et action, souplesse et attractivité.
« Ce constat, on le partage. Le manageur doit faire tout et son contraire, coincé entre le marteau et l’enclume. L’entreprise a une responsabilité pour apporter des solutions nécessaires », affirme Olivier Ruthardt, le DRH de Malakoff Humanis. « Il y a aujourd’hui une nécessité beaucoup plus forte d’un management sur mesure, qui prenne en compte les inégalités de traitement, qui ont sauté aux yeux durant la crise sanitaire. Les injonctions paradoxales nous incitent à développer de nouvelles pratiques, sur la latitude décisionnelle notamment », ajoute Jérôme Friteau, le DRH de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV).
Importance de la formation
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