Livreurs à vélo, VTC… les conditions de travail se dégradent

Livreurs à vélo, VTC… les conditions de travail se dégradent

Un livreur Uber Eats sur la place Massena à Nice, le 26 janvier 2021.

« La semaine dernière, j’ai travaillé 63 heures pour 143 euros bruts, sur 25 courses ». Bastien, coursier à vélo pour Uber Eats dans la région d’Armentières (Nord), ne décolère pas. Pour Kylian, qui gagne mieux sa vie dans la région de Lens et Béthune, le constat est similaire. « La nuit, je gagnais entre 8 et 15 euros de l’heure. Avec les nouvelles règles, on est tombé entre 5 et 9. J’ai totalement changé mon rythme de travail pour limiter la casse, je me lève à 8 heures quand avant je me couchais à 5 heures. » Fabian Tosolini, délégué national d’Union-Indépendants (affilié à la CFDT), relaie lui aussi des chiffres « indécents » : « les tarifs baissent entre 10 et 40 % par rapport à 2019. Cela va jusqu’à des courses de trois kilomètres hier à 5,50 euros, et aujourd’hui à 3 euros ! »

A partir du 10 octobre, l’entreprise Uber Eats a progressivement mis en place un nouveau modèle de tarification pour ses 65 000 livreurs, qui s’applique désormais à tout le territoire. Le Nord étant un des premiers territoires concernés, il a vu certains livreurs se mobiliser spontanément après avoir constaté une chute de leur rémunération, comme à Armentières.

Face à cette situation, la CGT-livreurs a appelé à se « mobiliser » le week-end du 3 au 5 novembre. Son secrétaire, Ludovic Rioux, ne souhaitait pas uniquement appeler à faire grève : « C’est compliqué à structurer sur la durée, le niveau de précarité étant tellement élevé… Mais beaucoup de villes se sont mobilisées : Epinal, Bordeaux, Mâcon, une grosse grève à Montpellier dimanche… »

Six accords signés

La colère est palpable car cette mise à jour intervient en parallèle de l’émergence d’un dialogue social, censé améliorer les conditions de travail des travailleurs des plates-formes (livreurs à vélo et chauffeurs de VTC), ces autoentrepreneurs payés à la prestation, réglant eux-mêmes leurs charges, mais dépendants des décisions des plates-formes. Pour régler ces problèmes, l’Autorité des relations sociales des plates-formes d’emploi (ARPE), un établissement public sur-mesure, est née en 2021.

Elle a accouché de six accords. En janvier 2023, pour les VTC, un revenu minimum par trajet a été fixé à 7,65 euros nets sur toutes les applications. Au printemps, l’Association des plates-formes d’indépendants (API), seule organisation patronale et la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE), la plus importante des quatre organisations représentatives des livreurs à vélo, ont signé un accord promettant un salaire minimum horaire de 11,75 euros bruts pour les coursiers, en sachant qu’ils ne sont payés que sur le temps de commande. Cette garantie ne concerne pas le prix de chaque course, c’est une moyenne calculée à la fin du mois : si un livreur est en dessous, il a théoriquement le droit à un complément. « Ça fait 19 centimes la minute de prestation hors taxes, sans compter le temps entre deux commandes. C’est ridicule, car avant ça, on était souvent à une moyenne de 15-16 euros de l’heure », considère Leila Ouadah, livreuse Deliveroo à Mulhouse, qui siège pour Sud Solidaires à l’ARPE.

Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.