Sortir du « surtravail » dès la rentrée
Carnet de bureau. Synonyme de journée à rallonge pour les actifs concernés, le « surtravail » est la quantité de travail fournie au-delà du temps rémunéré. Notion marxiste pour certains, source de gains de productivité pour d’autres, du point de vue de Julie qui arrive rarement à décrocher avant 20 heures, ou de Maxime qui commence à perdre de vue ses amis, sa famille et bientôt sa santé, c’est une mauvaise habitude dont il faut vite qu’ils se débarrassent. Etre « stressé », « surbooké », ne devrait jamais avoir les accents glamour que cela prend parfois dans les dîners en ville.
Par passion de la programmation en jeu vidéo, surengagement dans sa mission ou compensation d’un manque d’effectif chronique à l’hôpital, l’hyperactivité professionnelle est en effet plus souvent valorisée que stigmatisée, comme le remarque le sociologue Marc Loriol, dans son dernier essai, L’Addiction au travail. De la pathologie individuelle à la gestion collective de l’engagement (Le Manuscrit, 168 p., 14,50 euros). Et ils sont nombreux ces actifs qui font bien au-delà du temps de travail pour lequel ils sont payés.
En France, plus de 10 % de la population active a travaillé quarante-neuf heures ou plus par semaine en 2022, indique Eurostat. En Europe, seules la Grèce et l’Islande ont fait davantage. Des statistiques qui sont loin des préjugés fustigeant des Français fainéants qui voudraient en faire le moins possible. Le « travailler plus », payé ou non, s’est banalisé.
Des tâches parasites
Le ministère du travail confirme le diagnostic : au 1er trimestre, le nombre moyen d’heures supplémentaires par salarié à temps complet est en hausse de 1,8 % sur un an, à 16,8 heures.
La part des salariés concernée a aussi augmenté, désormais à 32 % de salariés (hors forfait jours) ayant effectué des heures supplémentaires en moyenne chaque mois en 2022. Et les cadres, dont les heures supplémentaires ne sont pas prises en compte, sont aussi dans la cible du surtravail. En moyenne, les cadres à temps complet travaillent 42,4 heures par semaine, note l’Insee dans l’étude du 29 juin 2023 sur l’« Emploi, chômage, revenus du travail » .
Le capitalisme franchirait-il un nouveau cap ? Rien n’est moins sûr ; Paul Lafargue (1842-1911) dénonçait déjà en 1880 la « passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement » (Le Droit à la paresse). Est-ce un problème d’organisation au sein des entreprises ? « Il semblerait que nous dépensions une partie de notre temps pour rien », écrit Olivier Tirmarche dans Le Nouvel Horizon de la productivité. En finir avec le surtravail (Odile Jacob, 2020).
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