Le secteur public expérimente timidement la semaine de quatre jours
Le mercredi, Séverine Clémente, 41 ans, profite de son temps libre pour faire de grandes balades avec sa chienne le long de la Marne. « Concentrer ma semaine de trente-sept heures de travail sur quatre jours m’a permis de trouver du temps pour moi et pour ma santé », témoigne cette travailleuse handicapée souffrant de douleurs fibromyalgiques. Le reste de la semaine, elle commence le travail tôt, à 7 heures, pour terminer sa journée à 17 heures, avec une courte pause déjeuner. « Neuf heures quinze par jour, c’est effectivement intense, mais cela apporte un réel bénéfice sur la qualité de vie », soutient cette salariée de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV).
Comme l’Urssaf de Picardie depuis janvier, la CNAV expérimente depuis février la possibilité de travailler quatre jours par semaine sans réduction du temps de travail. « Beaucoup de Français aspirent aujourd’hui à travailler différemment » et sont « favorables à plus de liberté dans leur organisation », assurait fin janvier Gabriel Attal, le ministre chargé des comptes publics dans L’Opinion, rendant alors publiques ces expérimentations.
Si le dispositif est plébiscité par les salariés du privé, où il est généralement accompagné d’une réduction du temps de travail, il peine à convaincre ceux du secteur public. A ce jour, seuls quatre expérimentateurs sur trois cents agents ont été recensés à l’Urssaf, et une vingtaine sur les 3 600 agents de la CNAV, régis par le droit privé. Mais, loin de chercher à devenir une norme, cette innovation managériale vise plutôt à permettre plus de flexibilité et une organisation du temps de travail quasi sur mesure.
Un questionnaire anonyme
En septembre 2022, après avoir obtenu de nouveau le label de l’Institut Great Place to Work, qui distingue un environnement où il fait bon travailler, l’Urssaf de Picardie a fait circuler dans ses rangs un questionnaire anonyme dont les résultats ont été sans appel. « Il y avait une demande forte de notre personnel d’être plus flexible sur les horaires, malgré cinq modalités d’organisation de la semaine déjà disponibles », rapporte Pierre Feneyrol, directeur de l’organisme.
Un accord a ainsi été négocié en octobre 2022 avec quatre syndicats, ouvrant la voie à deux nouvelles dispositions expérimentées pendant neuf mois : une semaine à trente-neuf heures avec vingt jours annuels de RTT, et la semaine de quatre jours à trente-six heures, dont le jour chômé est laissé à l’appréciation du travailleur. « Cent vingt personnes sur trois cents nous ont fait savoir qu’elles étaient potentiellement intéressées, et trente-huit qu’elles l’étaient à court ou moyen terme », précise le directeur régional.
Il vous reste 62.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.