JO 2024 : à Bobigny, des chantiers proches, mais des emplois lointains pour les jeunes en insertion
Elles et ils ont une vingtaine d’années. Au cœur des cités de l’Etoile et Salvador-Allende de Bobigny – un enchevêtrement de rails, de routes et de tours HLM –, ces jeunes femmes et jeunes hommes sont aux premières loges des plus gros chantiers du moment en Ile-de-France : ceux liés à l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de 2024 et ceux générés par le Grand Paris Express, réseau de transport public qui doit être livré à l’horizon 2030.
Cette proximité n’est toutefois pas synonyme d’horizon professionnel qui se dégage pour ces jeunes en quête d’un emploi. Dans ce département, où le taux de chômage des moins de 25 ans avoisinait 31 % en 2019, on leur répète que ces chantiers sont autant d’opportunités de rejoindre des secteurs en tension, tels le BTP, la sécurité, l’hôtellerie, la restauration ou les transports. Mais ces promesses se heurtent souvent aux réalités du terrain : envies et bagages des jeunes, temps long des formations, expériences nécessaires pour satisfaire aux exigences des entreprises, mobilité réduite des personnes…
Alors que le compteur installé devant le siège du département indique que les JO auront lieu dans moins de cinq cents jours, la greffe a du mal à prendre. « On parle moins des Jeux que de la Ligue des champions » de football, dit Kamel Bouajila, qui anime le local des Compagnons bâtisseurs, au rez-de-chaussée d’une tour de la cité Salvador-Allende.
Cette association nationale aide des familles précaires à rénover leurs logements et les forme aux bases du BTP. Ici se croisent des personnes âgées dispensant un savoir-faire, des jeunes remobilisés par le biais des chantiers pédagogiques, des animateurs de divers dispositifs tel le plan régional d’insertion de la jeunesse (PRIJ), mis en place par la région et visant les « invisibles », ceux qui échappent à l’école, à Pôle emploi ou aux missions locales.
« J’aimerais y aller, moi, aux Jeux », déclare Mohamed Diawara, 20 ans, qui se verrait bien assister à une épreuve de natation. Kamel Bouajila lui dit qu’il peut aussi s’inscrire au programme des « volontaires », qui seront mobilisés à l’été 2024. Cela paraît loin au jeune homme. Avec l’appui du PRIJ, il est en train de redéfinir un projet, après un bac professionnel électricité obtenu en 2022, sans concrétisation sur le marché du travail.
Eli Timaitre, référent PRIJ dans le quartier, a épluché avec lui la liste des métiers mis en avant par le Grand Paris Express. Mohamed Diawara a identifié celui de « dessinateur projeteur », qui élabore « les plans techniques, par exemple, pour les équipements électriques d’un bâtiment ». « J’ai compris qu’il connaissait ce métier et ses logiciels spécifiques, qu’il avait un vrai désir », raconte Eli Timaitre. Reste à trouver une formation et aller au bout du projet. L’éducateur sait d’expérience que rien n’est gagné.
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