Lutte contre le chômage de longue durée : le bilan contrasté de la Cour des comptes
Un an après avoir taclé la débauche de moyens mobilisés dans le cadre du plan « 1 jeune, une solution », la Cour des comptes dresse un bilan tout aussi mitigé des actions menées par le gouvernement pour favoriser le retour à l’emploi des chômeurs de longue durée au sortir de la crise sanitaire. Le 28 mars, la haute juridiction a publié un « audit Flash », consacré aux dispositifs déployés en direction de cette catégorie d’actifs, dans le cadre du plan de réduction des tensions sur le marché du travail annoncé par le gouvernement en septembre 2021.
L’idée était de profiter de la reprise économique pour diminuer le nombre de chômeurs inscrits depuis au moins un an à Pôle emploi, en les orientant vers des métiers en tension. Cette catégorie avait alors connu une forte explosion : la Cour estime autour de 1,3 million le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée inscrits à Pôle emploi en octobre 2021.
Les agents de Pôle emploi ont notamment été chargés de remobiliser ce public, en mettant l’accent sur des dispositifs immédiatement opérationnels, tandis que des carottes financières ont été accordées en sus de deux aides : le versement d’une prime de 1 000 euros aux chômeurs s’engageant dans des formations préalables au recrutement et une aide à l’embauche de 8 000 euros pour les employeurs recrutant un demandeur d’emploi de longue durée en contrat de professionnalisation.
Plus de 400 millions d’euros
Pour mettre en œuvre ce plan, l’État avait prévu une enveloppe confortable de plus de 400 millions d’euros, ainsi qu’un renfort temporaire de 700 agents supplémentaires pour Pôle emploi, s’ajoutant aux quelque 57 000 personnes déjà employées par l’opérateur public.
Mais cette mobilisation a eu des effets difficilement mesurables, estiment les sages de la rue Cambon. Entre septembre 2021 et mars 2022, une baisse des demandeurs d’emploi de longue durée a bien été constatée : 36 % d’entre eux ont accédé à un emploi au cours de cette période, contre 31 % pour ceux rattachés à la cohorte 2019. Si la Cour des comptes salue la « forte mobilisation » des agents de Pôle emploi, elle constate qu’ « il n’est pas possible de préciser à ce stade dans quelle proportion le plan a contribué à cette augmentation ».
A cheval entre la sortie de la crise sanitaire et le début de la guerre en Ukraine, la forte reprise économique constatée à cette période pourrait largement expliquer la baisse des chômeurs de longue durée, notamment ceux issus de l’hôtellerie-restauration. D’autant qu’aucun objectif chiffré n’avait été fixé par le gouvernement. « Bien qu’il ait été doté de ressources importantes, le plan n’a été assorti d’aucun objectif mesurable en matière de retour à l’emploi, ni de baisse de chômage ou des tensions de recrutement dans les secteurs particulièrement concernés », souligne la Cour des comptes.
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