Aux « Dernières Nouvelles d’Alsace », le malaise social s’amplifie

Aux « Dernières Nouvelles d’Alsace », le malaise social s’amplifie

Quotidiens régionaux, dans le hall du Sénat, à Paris, le 19 septembre 2013.

La crainte d’un « France Télécom local ». Le malaise social que traverse le quotidien régional appartenant au Groupe EBRA (Est Bourgogne Rhône Alpes, pôle média de Crédit mutuel alliance fédérale) est tel que plusieurs salariés des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) interrogés par Le Monde n’hésitent pas à spontanément citer l’exemple dramatique du prédécesseur d’Orange, marqué par une série de suicides durant les années 2008-2009.

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En moins de quatre ans, trois employés de l’entreprise bas-rhinoise se sont suicidés. Le premier, un technicien de 43 ans, avait sauté du quatrième étage du journal à Strasbourg en décembre 2019 ; le second, un rotativiste de 57 ans, s’était jeté du cinquième niveau d’un parking tout proche de ces mêmes locaux en novembre 2020.

Le climat est de nouveau anxiogène depuis le suicide de Chantal Dou, 41 ans, une assistante relation clientèle (ARC) à l’édition de Haguenau, l’un des seize bureaux locaux. La collaboratrice, décrite par ses collègues comme « très professionnelle », « perfectionniste » et « souriante », était en burn-out. Elle a mis fin à ses jours à son domicile, le 17 janvier, alors qu’elle était en arrêt maladie, le quatrième depuis fin 2020.

« Plan social déguisé »

Inquiets, les représentants du personnel ont déposé une « alerte danger grave et imminent » à propos des salariés de Haguenau et l’ensemble des ARC, quinze salariées chargées de l’accueil des lecteurs en agence alors qu’elles étaient trente-quatre en 2018. Les départs à la retraite, les absences pour arrêt maladie et les mutations ne sont plus remplacés.

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« C’est un plan social déguisé », est persuadée une responsable syndicale. Depuis la pandémie de Covid-19, trois accueils en locale ont fermé sur les seize existants. Alors que des tâches supplémentaires leur ont été allouées, la surcharge de travail est devenue monnaie courante pour ce poste non considéré par la direction, selon cette interlocutrice.

Plusieurs journalistes au sein de la rédaction, comme des salariés de la régie publicitaire, dénoncent une « perte de sens », des « changements à marche forcée », et une « absence de pédagogie » de la part de la direction

Une cellule psychologique a été mise en place au sein du journal après la mort de Chantal Dou, ainsi qu’un groupe de parole dans la locale d’Haguenau concernée par le drame. Une délégation d’enquête paritaire (comprenant notamment des représentants des salariés, la direction et l’inspection du travail) doit maintenant établir un rapport sur les causes de ce dernier suicide avant de présenter ses conclusions devant le comité social et économique (CSE) dans les prochaines semaines.

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