« Midi Libre » supprime 45 postes, les salariés entre « abattement » et « colère »
« On s’attendait à quelque chose, on s’inquiétait, et puis voilà : 45 départs, dont 26 journalistes. » Le comité social et économique (CSE) extraordinaire qui s’est tenu le 8 décembre à Midi Libre (Groupe Midi libre, propriété du Groupe La Dépêche depuis 2015) a confirmé les inquiétudes de la déléguée SNJ, Cathy Rocher, ainsi que celles de tout le quotidien régional aux 14 éditions, basé à Montpellier (Hérault). « Crise de la filière » aggravée par « deux années de Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine », régression de la diffusion et de la publicité, « transition numérique plus longue qu’attendue », « hausse des matières premières »… dans le long mail adressé dans la soirée aux salariés, le directeur général Jean-Benoît Baylet a répété l’inventaire des « éléments de contexte » qui l’ont convaincu de lancer ce plan de départs volontaires.
« En un an, le prix du papier a augmenté de 135 %, l’énergie de 190 %, l’aluminium de 50 %, et le carburant dans les proportions que nous connaissons tous », a détaillé le fils de l’ancien ministre et patron de La Dépêche, Jean-Michel Baylet, annonçant la couleur – sombre – des perspectives qui attendent Midi Libre. Le résultat économique sera « déficitaire à hauteur de 1,6 million d’euros » à la fin de l’année, et de 2,8 millions en 2023. Outre les 26 journalistes sur 120 équivalents temps plein (ETP) à la rédaction, selon Cathy Rocher, l’emploi de 9 secrétaires est menacé, ainsi qu’une dizaine d’employés aux services généraux, à la logistique, la promotion, etc. L’effectif total s’élevait à 246 ETP à la fin de 2021.
Pour certains délégués syndicaux, la casse sociale pourrait être amortie si la négociation sur les conditions de départ se déroule correctement, en jouant sur la pyramide des âges. Pour d’autres, c’est la situation qui prévaudra une fois la réduction des effectifs opérée qui suscite des craintes. Lors d’une assemblée générale organisée en catastrophe en début de soirée, jeudi 8 décembre, à laquelle plus de 80 salariés ont assisté, « il y avait une part d’abattement, une part de sidération, mais de la colère aussi, devant le plan de réorganisation proposé », assure ainsi Guy Trubuil, le secrétaire du CSE. Car pour l’élu SNJ – syndicat majoritaire à Midi Libre –, « notre inquiétude va à ceux qui vont rester ».
Inquiétude sur la charge de travail à venir
Selon les premières projections, la locale de Nîmes pourrait ainsi passer de 15 journalistes à 8, celle de Montpellier de 11 à 8, celle d’Alès de 6 à 4, et ainsi de suite. Si la pagination devrait, en conséquence, être réduite, l’animation du site Internet ne devrait pas permettre de diminuer la charge de travail. « C’est tellement décourageant qu’on s’est demandé si ce plan n’a pas été pensé pour susciter davantage de candidats au départ qu’annoncé », suggère M. Trubuil. En décembre 2021, un rapport d’expertise réalisé par le cabinet Syndex sur le projet « Web first » (en cours depuis mi-2021, et non remis en cause par le CSE) avait « alerté sur la nécessité de moyens additionnels pour la réalisation du travail, en santé et en sécurité ».
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