« Ferme ta gueule », « casse-toi »,… un ex-manageur de Tesla France qui contestait son licenciement pour comportement « déplacé » a été débouté en justice
« Nous ne sommes pas des chochottes, mauviettes ou tarlouzes chez Tesla » ; « tu dois arrêter de travailler seulement si tes yeux te font mal à cause de ton écran » ; « seuls les plus forts psychologiquement et physiquement sont capables et méritent de rester chez Tesla ». Reflétant une ambiance de travail pour le moins malsaine, toutes ces déclarations sont celles d’un ex-manageur de Tesla France, rapportées dans une décision de la cour d’appel de Versailles du 8 septembre.
Mis à la porte par le constructeur automobile du fait de son « comportement à tout le moins déplacé », pour reprendre les termes employés dans sa lettre de licenciement, cet ancien chef des ventes contestait son éviction devant les tribunaux. Le 8 septembre, la cour d’appel de Versailles a rendu sa décision prorogée sur cette affaire. Les juges ont suivi en partie le conseil de prud’hommes de Nanterre, qui avait débouté le salarié de sa demande de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
La décision de la cour d’appel de Versailles livre les détails de cette affaire rocambolesque. Après avoir été engagé en Angleterre par Tesla en tant que conseiller commercial en 2011, l’appelant est muté deux ans plus tard au sein de la filiale française. Son travail donne manifestement satisfaction, puisque l’employé se voit rapidement promu responsable de magasin dans une des succursales de la société.
Des violences physiques et menaces verbales
Mais, en juillet 2015, Tesla France finit par le licencier pour faute grave, à la suite des accusations portées par ses collègues et recueillies lors d’une enquête interne. Dans la lettre de licenciement, Tesla France mentionne des « faits très graves ». Le document retrace une série d’agissements violents, à l’origine d’une ambiance de travail délétère. Lors d’un événement d’entreprise, le manageur a « détruit » la chambre d’hôtel d’un de ses collègues. A plusieurs reprises, il a jeté le sac à main d’une de ses employées à la porte de la boutique, « arraché » le téléphone portable des mains d’un collègue ou encore balancé les lunettes d’un autre salarié.
A ces violences physiques viennent s’ajouter des menaces verbales. Le responsable de magasin injuriait régulièrement ses employés, parfois en public : « Ferme ta gueule », « Casse-toi », « Ne fais pas ta tête de conne » ; au sujet du conjoint d’une salariée : « Ton copain ressemble à un PD », sont autant d’insultes mentionnées dans la lettre de licenciement.
Le manageur faisait également pression sur ses collègues pour qu’ils ne comptent pas leurs heures de travail. L’ancien responsable a exigé d’un salarié qu’il travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans dormir, et déclaré à plusieurs reprises à un autre employé qu’il « fallait travailler sept jours sur sept, de 8 heures à minuit » si les nécessités de l’entreprise l’exigeaient.
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