Depuis un an, l’inflation fait monter la conflictualité sociale
Eclipsée depuis la rentrée par l’inquiétude autour de l’envolée des prix de l’énergie et les craintes de pénurie d’électricité, la grève des raffineurs vient de remettre la question des augmentations de salaires sur le devant de la scène. Ces douze derniers mois, elle n’a pourtant jamais cessé d’être une préoccupation pour les travailleurs, salariés comme fonctionnaires, qui ont vu fondre leur pouvoir d’achat à mesure que montait l’inflation (5,6 % sur un an en septembre).
Celle-ci, parce qu’elle touche tout le monde, à tous les postes, à tous les niveaux hiérarchiques, a redonné tout son sens à la demande d’une augmentation générale des salaires dans les entreprises, alors que cette mesure n’avait cessé de reculer ces dernières années, au profit d’augmentations individuelles, au mérite.
Elle a, du même coup, revivifié la grève comme mode d’action collectif, pour créer un rapport de force dans l’entreprise. Avant, pendant, ou après les négociations annuelles obligatoires (NAO), cadre des discussions sur les salaires et le partage de la valeur. Et signé le retour de la conflictualité dans les entreprises depuis un an.
Nouvelle effervescence
Il y a eu une première vague de grèves à l’automne 2021 : l’inflation, qui décolle (2,6 % en octobre 2021), est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour beaucoup de salariés déjà en manque de reconnaissance des efforts fournis pendant la crise sanitaire. Les augmentations ont été très limitées en 2020 et souvent gelées en 2021. Les mobilisations inédites dans de grands groupes largement bénéficiaires, comme Decathlon ou Leroy-Merlin, marquent les esprits. Et débouchent sur des accords généreux en primes et parfois en revalorisation de salaire.
Nouvelle effervescence au printemps 2022, lorsque l’inflation s’envole de 3,6 % à 5,8 % entre février et juin : même dans les entreprises où les NAO ont donné lieu à des revalorisations de salaires, aucune n’atteint ce niveau-là. Les salariés de TotalEnergies n’ont ainsi obtenu que 2,35 % d’augmentation générale en février.
L’inflation, constante depuis un an, a démontré aux salariés les limites de la prime ponctuelle
Grèves et débrayages surviennent alors chez Amazon, Thales, Dassault Aviation, dans des magasins Conforama ou des restaurants Flunch, et dans une multitude de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Les NAO achoppent chez Renault, Stellantis et Michelin. Et dans le secteur bancaire où l’on refuse toute augmentation générale, malgré des résultats historiques.
Les mobilisations faiblissent à l’été. Pas l’inflation, qui atteint 6,1 % en juillet sur un an, puis 5,9 % en août. Or, dans le même temps, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail, note que les salaires n’ont augmenté en moyenne que de 3 %. Un plus haut, certes, depuis dix ans. Mais rapporté en euros constants, l’indice du salaire mensuel de base a en réalité baissé d’autant.
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