« A ne parler que de start-up, on oublie les milliers de PME qui irriguent les territoires mais meurent parfois dans la plus grande indifférence »

« A ne parler que de start-up, on oublie les milliers de PME qui irriguent les territoires mais meurent parfois dans la plus grande indifférence »

Savonnerie, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 9 décembre 2021.

La France est devenue la « start-up nation », chère à Emmanuel Macron. Est-ce si sûr ? A ne parler que de jeunes pousses technologiques et de créations d’entreprises, on oublie les milliers de PME et de très petites sociétés qui irriguent les territoires mais meurent parfois dans la plus grande indifférence, faute de repreneur. Entre les deux tours de l’élection présidentielle, l’association Cédants et repreneurs d’affaires (CRA) alerte les dirigeants politiques en publiant un livre blanc qui remet le sujet sur la place publique.

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Créé il y a trente-cinq ans, ce réseau de 240 délégués bénévoles au profil d’anciens patrons et de cadres supérieurs fait une série de propositions réglementaires, fiscales, administratives et sociales pour faciliter la transmission d’entreprises souvent implantées dans la France périphérique. « Le législateur a une vision des grandes affaires, mais la transmission des PME reste un angle mort politique », regrette Bernard Fraioli, président du CRA, qui forme les cadres intéressés à la reprise d’entreprise, leur donne accès à des bases de données, les accompagne dans un processus qui dure au moins un an, parfois deux.

Patrons vieillissants

Le portrait-robot de la « cible » ? Une PME de l’industrie, des services ou de l’artisanat qui réalise de 2 à 3 millions de chiffre d’affaires et emploie une trentaine de salariés dans une ville moyenne. Soit environ un million d’emplois à la clé. Si la fiscalité des transmissions a évolué favorablement, elle doit être améliorée, réclame l’association CRA, qui s’inquiète d’une remise en question toujours possible du « pacte Dutreil », arsenal de mesures voté en 2003 pour faciliter la création ou la transmission de PME.

Elle ne cache pas, pour autant, les atermoiements de certains patrons vieillissants, qui peinent à se séparer de l’œuvre d’une vie. Trop de chefs d’entreprise familiale ne disent pas qu’ils vendent, créant ainsi un « marché caché » qu’il faut mettre au jour, selon l’association. Résultat, « on compte plus d’acheteurs que de vendeurs », note Alain Tourdjman, directeur des études économiques de la banque BPCE.

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L’association veut faire du « repreunariat », comme il existe l’entrepreneuriat, un « enjeu national », au nom de l’emploi, du développement du territoire et du soutien à l’esprit d’entreprise. Et propose, entre autres, la création d’un « chèque conseil » pour aider les plus de 60 ans, soit plus de 20 % des petits patrons, à financer une évaluation indépendante de leur société. Déjà en baisse entre 2016 et 2019, le nombre de passages de témoin a encore reculé avec la pandémie : les propriétaires attendaient des jours meilleurs pour céder au meilleur prix. La sortie de crise risque d’être difficile.

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LJD

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