Archive dans 2025

La lutte contre le racisme est-elle la grande oubliée du dialogue social sur l’égalité au travail ?

Quelle place occupent les questions ethno-raciales dans la négociation collective en matière d’égalité au travail ? Pour le savoir, Manon Torres, post-doctorante en sociologie du travail à la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail rattachée au CNAM-CEET, a mené une enquête qualitative publiée en juillet (« La place des questions ethno-raciales dans la négociation collective en matière d’égalité au travail », Valorisation de la recherche n° 20). Fondée sur des entretiens auprès de syndicalistes, de cadres des ressources humaines et sur une analyse documentaire d’accords d’entreprises, cette enquête pointe la faible prise en compte des inégalités ethno-raciales dans les discussions entre partenaires sociaux.

Initialement prégnante, la question ethno-raciale a en effet été progressivement diluée dans la lutte contre tous les types de discriminations (genre, orientation sexuelle, religion, handicap, âge, apparence…). En France, l’action publique ne peut pas cibler directement les groupes ethno-raciaux. « Le seul cadre juridique mobilisable en matière d’inégalités ethno-raciales est le droit antidiscriminatoire – faible et peu contraignant, les auteurs de discriminations étant très rarement traduits en justice », relève Manon Torres.

Les spécialistes des politiques de diversité en entreprises membres de l’Association française des managers de la diversité (AFMD) reconnaissaient eux-mêmes lors d’une table ronde en 2024 que la lutte contre le racisme au travail avait été négligée. « Ça n’est pas un sujet de discussion dans les comités sociaux et économiques [CSE] comme peut l’être le handicap ou l’égalité homme-femme, car c’est bien plus polarisant », analyse Maya Hagege, la déléguée générale.

Une sorte d’impensé

Cette marginalisation se retrouve dans le contenu des accords. L’étude relève ainsi que sur 20 031 accords « non-discrimination – diversité » signés entre 2014 et 2021, seulement 227 évoquent potentiellement le critère ethno-racial. Pourtant, le problème perdure : 20 % des descendants d’immigrés et 22 % des immigrés estimaient avoir fait l’objet d’un traitement inégalitaire au travail en raison de leur origine, selon une enquête de l’Institut national d’études démographiques (INED) et de l’Insee de 2019/2020.

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Qui a droit à la retraite progressive à 60 ans à partir de septembre ?

L’âge minimal pour une retraite progressive ? C’est 60 ans pour celles prenant effet à partir de lundi 1er septembre 2025, en application de deux décrets parus au Journal officiel le 23 juillet. La mesure avait été négociée par les organisations syndicales et patronales dans le cadre de l’accord national interprofessionnel (ANI) en faveur de l’emploi des salariés expérimentés, du 14 novembre 2024.

La retraite progressive permet de toucher une partie de ses pensions de retraite tout en continuant à travailler à temps partiel. « Seule la borne d’âge évolue, les autres conditions pour accéder au dispositif sont inchangées », précise Sophie Wakeford, consultante en ressources humaines et spécialiste des retraites. « Il est notamment nécessaire d’avoir validé au moins 150 trimestres, tous régimes confondus », ajoute-t-elle. Votre employeur doit par ailleurs avoir accepté votre passage à temps partiel, sauf si vous l’étiez déjà. Dans le privé, il faut travailler à au moins 40 % et au maximum à 80 % ; dans le public, c’est entre 50 % et 90 %.

Depuis le 1er septembre 2023 (date d’entrée en vigueur de la plupart des mesures de la dernière réforme des retraites), la retraite progressive était accessible deux ans avant l’âge légal de la retraite. Ce dernier est désormais fixé à 64 ans pour les générations 1968 et suivantes ; pour les personnes nées entre septembre 1961 et la fin de l’année 1967, l’âge légal de la retraite est compris entre 62 ans et trois mois et 63 ans et neuf mois.

Lire aussi (2024) | Article réservé à nos abonnés Retraite progressive : un compromis aux retombées incertaines

Si, par exemple, vous êtes né fin janvier 1966, l’âge légal de la retraite est, pour vous, 63 ans et six mois, depuis la réforme de 2023. Avec l’ancienne règle, vous pouviez commencer votre retraite progressive à 61 ans et six mois, donc à compter du 1er août 2027. Les décrets parus cet été vous permettront de la déclencher, si vous le souhaitez, à partir du 1er février 2026.

Demande unique en ligne fin novembre

Pour en savoir plus sur vos droits (date de déclenchement possible, montants de pensions, etc.) à la retraite progressive, vous pouvez réaliser une simulation personnalisée par le biais de votre compte retraite, sur Info-retraite.fr. Mais attendez quelques jours : ce simulateur doit être mis à jour, pour intégrer le changement de règles, « à la fin de cette semaine », indique l’Union Retraite, qui gère le site Info-retraite.fr.

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Communiqué d’ISOSET sur la jeune fille ayant obtenu son bac à 9 ans cette année

Nous vous informons que cette année, une jeune étudiante d’Iso Set, âgée de 9 ans, a décroché son baccalauréat, ce qui constitue un nouveau record de précocité en France.

Pour obtenir ce résultat, elle a suivi la méthode Aleph élaborée par Iso Set. Il s’agit de la même méthode qu’a suivi Hugo Sbai, qui a obtenu son bac à 12 ans en 2012, ainsi que deux autres étudiants qui ont obtenu leur bac à 12 et 14 ans en 2021. Cette méthode a également permis de battre d’autres records (Master à 14 ans, Doctorat à 17 ans), et actuellement les Lauréats de 2021 sont en cours de doctorat à 17 et 18 ans dans l’un des plus grands instituts de recherche au monde.

Toutes ces personnes ont un QI normal et ont obtenu ces résultats grâce à la méthode mise en place par Iso Set. Iso Set est une école de formation ayant de nombreuses activités dans la formation des entreprises et des particuliers, en plus de cette activité expérimentale destinée aux jeunes enfants. La méthode consiste à synthétiser les compétences en éliminant les redondances tout en fournissant tout l’écosystème psychologique adapté.

Les enfants en question vivent leur âge comme tout enfant, avec seulement le programme qui diffère. Pour l’instant, la méthode est encore en phase expérimentale, mais, à terme, l’objectif serait de généraliser un âge d’obtention du bac autour de 15 ans, ce qui serait une première en France et dans le monde.

Pour finir, nous souhaitons féliciter l’équipe pédagogique ainsi que toutes les personnes ayant rendu cela possible.

« Un autre monde du travail est possible » : de l’urgence de repenser les pratiques professionnelles

C’est un constat largement partagé : le monde du travail va connaître des mutations d’ampleur dans les années qui viennent – mutations déjà largement amorcées. « Les pratiques de management, les modèles économiques et les modes de production seront contraints d’évoluer, de gré ou de force. »

Les causes de ces transformations sont tout aussi connues : « dérèglement climatique, rareté des ressources, inégalités mondiales record, tensions géopolitiques », mais aussi bouleversements technologiques ou évolutions des aspirations des salariés.

Face à l’intensité des changements qui s’annoncent, il y a urgence à agir, notent les auteurs de l’ouvrage collectif Un autre monde du travail est possible (EMS), coordonné par Sophia Galière et Anthony Hussenot, respectivement maîtresse de conférences et professeur à l’université Côte d’Azur. Lesquels déplorent que, jusqu’alors, « nous ne fais[ions] rien ou si peu ».

Quels sont les leviers d’adaptation des organisations ? Afin d’apporter leur contribution au débat, ils proposent une relecture critique des notions-clés du monde du travail, du « marché » au « pouvoir », de la « créativité » à la « stratégie ». Avec pour ambition de donner des clés pour « façonner ensemble un avenir professionnel plus soutenable, plus juste et émancipateur ».

Cela passe, en premier lieu, par une réorientation de certains process au sein des entreprises. L’ouvrage propose, par exemple, des pistes pour « sortir de l’adiaphorie », cette indifférence morale des salariés à l’égard du vivant et d’un système Terre en souffrance – indifférence qui serait renforcée par les modes de fonctionnement contemporains des organisations. Pour ce faire, un « redimensionnement du travail » est nécessaire, afin que les collaborateurs aient, entre autres, une vision claire de l’impact du travail sur l’environnement.

Des signaux faibles porteurs d’espoir

L’ouvrage appelle, en outre, les acteurs de l’entreprise à faire évoluer leur approche de certaines notions essentielles, tel le contrôle. Il conseille ainsi de la revisiter, s’éloignant de l’idée de « surveillance » pour privilégier « son acception originelle en tant que “maîtrise” », afin de mettre en avant des « capacités ». « Le contrôle devient ainsi un dispositif habilitant, plus que contraignant, en encourageant l’autonomie (…), tout en remplaçant une culture punitive par une culture de reconnaissance et de célébration des succès. »

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Horaires décalés, sommeil atrophié : « Je suis perpétuellement fatiguée et désespérément attirée par le sucre »

Il est 8 heures du matin, et Juliette (des témoins ont requis l’anonymat) enfile son pyjama. La trentenaire vient d’achever sa garde dans le service de réanimation d’un hôpital parisien. D’un geste, l’infirmière tire les rideaux de sa chambre à coucher pour garantir l’obscurité la plus totale. Sous la couette, elle s’équipe de bouchons d’oreille, met son téléphone en mode avion et attend que le sommeil l’emporte. Mais le marchand de sable a fermé boutique. « Il me faut parfois 45 minutes pour m’assoupir, se désole-t-elle. Ça me rend dingue car je pique du nez dans le RER, mais, une fois dans mon lit, ça ne vient pas. »

Pendant cette attente agaçante, la jeune femme se retient de penser aux rayons du soleil qui chauffent les vitres de son appartement. Se coucher quand il fait beau a des allures de punition. Elle a beau être essorée par les douze heures passées à arpenter les couloirs de l’hôpital, cette mise au lit en plein jour la « déprime infiniment ».

Quand elle parvient à sombrer, Juliette se réveille toujours au bout de deux heures, à l’approche du déjeuner. Elle n’est pas reposée, mais pas capable de somnoler davantage. Alors elle se lève et reprend le fil de son existence, la fatigue accrochée au corps, compagne invisible et envahissante. « Je me sens cassée, gonflée, sans énergie, mais il est impossible pour moi de sacrifier mes journées, sinon mon moral descend en flèche », assure-t-elle.

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Grève à Air Canada : le mouvement massif tourne à l’affrontement avec le gouvernement fédéral

Des personnels navigants d’Air Canada brandissent des pancartes lors de la grève générale pour réclamer de meilleures rémunérations, à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal le 16 août 2025.

Quelques heures après le déclenchement de la grève des quelque 10 000 hôtesses et stewards d’Air Canada, qui a bloqué des centaines de vols depuis vendredi 15 août, le gouvernement fédéral a ordonné samedi 16 août la reprise du travail au nom de la « paix industrielle » et pour « protéger les intérêts du Canada ». La ministre de l’emploi, Patty Hajdu, a déclenché l’utilisation de l’article 107 du code canadien du travail pour forcer un retour au service et éviter un blocage durable du trafic au cœur de l’été. « Ce n’est pas le moment de prendre des risques avec l’économie », a-t-elle martelé en conférence de presse.

Concrètement, elle saisit le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), qui va encadrer la reprise des opérations. Le litige est confié à un arbitre indépendant. Sa décision finale sera contraignante pour Air Canada comme pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente le personnel de cabine.

Mme Hajdu présente cette voie comme « la plus stable » pour clore un conflit aux lourdes retombées pour les passagers et les chaînes logistiques. Selon la ministre, plus de 40 % des envois de biens critiques — produits pharmaceutiques et tissus humains, notamment — transitent par Air Canada. D’après les chiffres de la société spécialisée Cirium, citée par l’agence Associated Press, Air Canada a annulé, du fait de la grève, 199 vols vendredi, 671 samedi et prévoyait encore de suspendre 96 vols dimanche 17 août. Cette vague d’annulations a affecté entre 100 000 et 130 000 passagers affectés, dont quelque 25 000 bloqués à l’étranger.

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Télétravail : « Pour le patronat français, la vie personnelle doit être assujettie aux exigences de l’entreprise »

Une petite musique venue des Etats-Unis s’est glissée dans les couloirs des entreprises françaises : « Fin du télétravail, cohésion de groupe, productivité. » Mais ce refrain ne convainc pas les télétravailleurs, qui y opposent leur droit de veto. En octobre 2024, Ubisoft, éditeur de jeux vidéo, a connu la première grève de sa jeune histoire. Près d’un quart des effectifs [entre 700 et 1 000 salariés sur les 4 000 que compte l’entreprise en France] s’est mobilisé pour protester contre le retour forcé au bureau.

Le 3 juillet, c’est la Société générale qui a dû faire face à l’opération « Tous sur site ! », menée par l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGT. Initiative qui a conduit à la saturation des locaux. Illustration par l’absurde des contradictions patronales. Les télétravailleurs étaient invités à rejoindre, en nombre, le site de la Défense, dans les Hauts-Seine, incapable d’accueillir 100 % des effectifs. En cause : la réduction des espaces de travail et du loyer, obtenue… grâce au télétravail. De fait, depuis la crise sanitaire, les salariés ont adopté le télétravail pour mieux articuler temps de vie professionnelle et personnelle. Plus exactement : adapter le temps de vie professionnelle au profit de la vie personnelle. Une logique que les directions d’entreprise n’avaient pas prévue et qu’elles rejettent largement.

Le patronat français reste fidèle à une culture d’entreprise dans laquelle la vie personnelle doit être assujettie aux exigences de l’entreprise, et non l’inverse. En novembre 2023, malgré presque quatorze mois de négociations, le Medef, via Business Europe [un lobby qui représente les associations patronales], a ruiné l’espoir d’obtenir une directive européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion. Le texte européen, pourtant soutenu par les employeurs du secteur public, contenait plusieurs avancées majeures, dont la négociation collective avec les syndicats, la garantie du droit à la déconnexion et l’évaluation des risques liés au télétravail.

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Le taux de chômage stable à 7,5 % au deuxième trimestre, selon l’Insee

Dans une agence France Travail de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), en avril 2024.

Le taux de chômage en France s’établit à 7,5 % au deuxième trimestre 2025, a rapporté, vendredi 8 août, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui a aussi révisé, de 7,4 % à 7,5 %, le taux du premier trimestre.

Le taux de chômage reste donc « stable », selon l’Insee, qui précise que le nombre de chômeurs – au sens du Bureau international du travail (BIT) – augmente de 29 000 sur le trimestre, à 2,4 millions de personnes. Le taux de chômage de la population active française demeure ainsi « légèrement supérieur » à son point le plus bas depuis 1982, de 7,1 %, et inférieur de 3 points à son pic de la mi-2015.

Ce taux ne prend en compte que les chômeurs qui recherchent du travail et sont immédiatement disponibles sur le marché du travail. Il est calculé sur la base d’une enquête et ses résultats diffèrent des statistiques sur les demandeurs d’emploi inscrits à France Travail.

Le taux de chômage des jeunes à 19 %

Au deuxième trimestre, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans diminue de 0,2 point par rapport au premier trimestre, mais reste élevé, à 19 %, et en augmentation de 1,2 point sur un an. Le taux de chômage des seniors de 50 ans et plus reste stable sur le trimestre à 4,8 % et inférieur de 0,2 point par rapport au deuxième trimestre 2024. Celui des 25-49 ans augmente de 0,2 point sur le trimestre et de 0,3 point sur un an à 6,9 %.

Le taux de chômage des femmes est « quasi stable » (− 0,1 point), à 7,3 %, tandis que celui des hommes augmente de 0,2 point, à 7,7 %.

Le halo autour du chômage, constitué des personnes qui souhaitent un emploi mais n’en recherchent pas ou ne sont pas immédiatement disponibles, atteint 1,9 million de personnes, soit 4,4 % de la population des 15-64 ans. Il augmente légèrement sur le trimestre, de 21 000 personnes, mais diminue de 51 000 personnes sur un an.

Enfin, le taux d’emploi continue de progresser, quoique très légèrement, au deuxième trimestre, atteignant 69,6 %, son plus haut historique depuis que l’Insee a commencé à le mesurer en 1975. Il est 0,5 point au-dessus de son niveau du deuxième trimestre 2024.

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Le Monde avec AFP

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