Archive dans 2025

« Si on me disait de revenir, ce serait hors de question : j’ai construit ma vie ailleurs » : désireux d’un autre cadre de vie, de jeunes diplômés vivent une partie de la semaine loin du bureau

Julie Bénégui a ses marques au salon des grands voyageurs de la gare de Lyon, à Paris. Son sac à dos de transit turquoise sur l’épaule – « J’en ai pris un plus petit, pour me forcer à ne pas emporter toute ma maison à chaque fois », plaisante la jeune femme de 35 ans –, elle considère ce salon d’attente parisien et celui de la gare Saint-Charles, à Marseille, comme son « troisième bureau » depuis qu’elle a changé de vie. Mais pas d’emploi : Julie est toujours responsable des partenariats pour un fournisseur d’électricité et se plaît dans son travail, même si, depuis huit mois, elle ne vit plus à Paris, où se trouvent les locaux de sa société.

Attirée par Marseille, proche de la mer et d’une partie de ses amis, elle a profité d’une occasion offerte par son entreprise de travailler une partie du mois à distance. Elle ne se rend au bureau qu’une fois tous les quinze jours, pour deux ou trois jours. Le reste du temps en télétravail, Julie Bénégui profite avec son conjoint d’un appartement de 72 mètres carrés qu’ils n’auraient « pas pu se permettre à Paris », comme de l’ambiance d’une ville où « les gens marchent lentement dans la rue » et où, en cette fin d’octobre, l’été joue les prolongations.

Avec ce déménagement, elle a renoncé à 5 % de son salaire, mais ses trajets et logements à Paris – à l’hôtel ou en sous-location – sont remboursés, à hauteur de 400 euros mensuels. Surtout, à rebours d’un « métro, boulot, dodo » chaque jour recommencé, ces ruptures dans son quotidien lui apportent sa dose d’enthousiasme. « Quand je pose les pieds sur le quai, je suis impatiente de retrouver mes collègues : ça ne doit pas être une mauvaise chose pour l’employeur de voir un salarié arriver avec le sourire ! », affirme Julie.

Nouveau rapport au temps

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Retraites : ce qui change en 2025

La réforme des retraites de 2023 sera-t-elle partiellement remise en cause en 2025 ? Le premier ministre, François Bayrou, s’est dit favorable à la réouverture de discussions. Mais plusieurs mesures concernant les retraités et futurs retraités sont d’ores et déjà entrées en vigueur le 1er janvier, et d’autres doivent s’appliquer dans les mois à venir.

+ 2,2 % pour les retraites de base

Comment les pensions de base sont-elles revalorisées en 2025 ? C’était l’un des feuilletons de la fin d’année 2024. Le gouvernement avait dans un premier temps annoncé, début octobre, que celles-ci seraient augmentées en juillet 2025 plutôt qu’en janvier.

Après plusieurs rebondissements, et l’abandon des projets de loi budgétaires lié à la censure du gouvernement Barnier, elles sont finalement revalorisées de 2,2 %, sur la base de l’inflation, dès janvier.

Le même taux s’applique à l’allocation de solidarité aux personnes âgées, l’ancien minimum vieillesse, ainsi qu’à toutes les retraites de base (salariés, fonctionnaires, libéraux, commerçants, artisans, etc.), à l’exception de celles des avocats, qui croissent de 1,6 %.

Vous ne verrez pas forcément la couleur de cette hausse en janvier, car certains régimes versent les pensions à terme échu, donc à l’issue du mois pour lequel elles sont dues. Ainsi de l’Assurance-retraite (le régime général, pour les salariés du privé, les artisans et les commerçants), qui versera les pensions de janvier le 7 février (sauf pour la caisse régionale d’Alsace-Moselle).

Revalorisation de certaines retraites complémentaires

Nombre de régimes indexent aussi leurs pensions complémentaires le 1er janvier. Cette année cependant, la principale caisse des libéraux, la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance-vieillesse (Cipav), a décidé de ne pas le faire.

En revanche, le taux de hausse sera de 0,6 % pour les artisans et commerçants, de 1,93 % pour les experts-comptables et commissaires aux comptes, de 2 % pour les avocats, de 2,2 % pour les agents généraux d’assurance et les agents non titulaires de la fonction publique. Pour les médecins libéraux, le taux sera fixé le 25 janvier. La retraite additionnelle des fonctionnaires est, elle, revalorisée de 4 %.

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Renault : de l’accord social au contrat d’entreprise

Entreprises. En décembre 2024, Renault Group a signé, pour trois ans, avec la CFE-CGC, la CFDT et FO, l’accord « Re-Nouveau France 2025 ».

Cet accord a surtout retenu l’attention des observateurs parce qu’il restreint le télétravail et les congés des cadres. Or, cette lecture ne souligne pas assez le caractère novateur de l’ensemble du dispositif. Car, au-delà d’une mesure catégorielle, l’accord social se rapproche ici d’un « contrat d’entreprise », marquant une étape supplémentaire dans la transformation contemporaine des entreprises.

D’emblée, l’accord vise à maintenir « la protection sociale et la performance au cœur de l’identité du groupe » dans « un paysage industriel en tension marqué par des évolutions réglementaires et l’émergence de nouveaux métiers ». Les partenaires reconnaissent ainsi la nécessité d’affronter des périls qui menacent l’entreprise et tous ses salariés.

Or, pour une telle bataille, la contribution et l’adaptabilité des cadres sont déterminantes. Dans l’automobile, cette population se trouve majoritairement dans les services d’ingénierie et de méthodes, et l’usine la plus performante ne peut compenser une conception inadéquate des véhicules. Et ces cadres seront particulièrement touchés par la réduction de trois à deux jours par semaine du télétravail pour maintenir la vie collective des équipes, ainsi que par une limitation éventuelle des jours de RTT si le forfait légal annuel de 218 jours de travail n’est pas atteint. Cette réduction des droits sert indéniablement la compétitivité de l’entreprise, mais fallait-il négocier des compensations pour la seule catégorie affectée ?

Le partage de la valeur amélioré

De façon originale, l’accord prévoit plusieurs avantages universels comme le maintien de l’indemnisation à 100 % en cas de chômage partiel, même si celle-ci concerne surtout les personnels de fabrication. Sont aussi acquises à tous, cadres compris, une couverture santé plus protectrice que la loi, ainsi que de nouvelles mesures pour l’accueil des jeunes et l’accompagnement des seniors.

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« Il faut arrêter de dire que ce sont les femmes qui doivent changer… C’est à l’entreprise de changer »

Hélène Bernicot.

Hélène Bernicot, 49 ans, est directrice générale du Crédit mutuel Arkéa au côté d’Anne Le Goff. Ce sont les premières et seules femmes à ce jour à diriger une banque en Europe. Celles qui ont mis en place une politique en faveur des femmes au sein de leur entreprise ont raconté leur parcours dans La Fabrique de la décision, un leadership collectif pour une finance engagée (Le Cherche Midi, 2022).

Quel a été votre déclic sur les problèmes de mixité au sein de votre entreprise ?

La première étape, lorsque j’étais en poste aux ressources humaines en 2014, était de réaliser un diagnostic chiffré. Comme pour beaucoup de banques, nos effectifs étaient majoritairement féminins, mais nous avions le syndrome du « tuyau percé » : les femmes étaient de moins en moins nombreuses dans la hiérarchie, jusqu’au sommet, où il n’y en avait plus aucune. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il ne fallait plus que cela ne soit qu’un sujet de femmes, mais que la parité était aussi un sujet d’hommes. Et, pour parler aux hommes qui nous dirigent, il fallait parler leur langage, et donc leur montrer, chiffres à l’appui, qu’il s’agissait aussi de la performance de l’entreprise. Par exemple, une équipe mixte prend moins de risques, est plus innovante et globalement plus performante.

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Le syndrome de l’imposture : pourquoi les femmes se sentent-elles encore illégitimes au travail ?

« Je ne sais pas faire. Je ne suis pas bonne. Je ne vais pas y arriver. Ils vont tous voir que je suis une quiche, que je ne suis pas à la hauteur. » A trois jours d’envoyer sa réponse à un appel d’offres, Nathalie, 42 ans, angoisse à l’idée de devoir exposer le résultat de son travail, devant collègues et clients. Voilà pourtant vingt et un ans que cette directrice conseil en agence de communication répond à un bon paquet de requêtes similaires, et toujours avec succès. Mais rien n’y fait : à chaque dossier important, avec des centaines de milliers d’euros à la clé, ces phrases la tiennent éveillée la nuit, tournant en boucle comme une ritournelle obsédante, tandis que ses slides se mettent à défiler dans sa tête.

Nathalie se dévalorise alors qu’elle n’a, objectivement, aucune raison de douter de ses compétences : dernièrement, cette mère hyperactive a même été approchée par une agence parisienne qui l’a toujours fait rêver, mais elle a préféré décliner et rester dans la sienne. Mais là aussi : « Rien que de m’entendre me présenter comme directrice conseil de mon agence… C’est pourtant factuel, mais j’ai l’impression que c’est faux », lâche, en rougissant, l’énergique quadragénaire aux fins cheveux blonds. « J’ai l’impression que ce n’est pas moi et que j’enrobe mon parcours », précise celle qui attribue ses réussites, au travail de « [s]on équipe ».

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Coup de frein sur les primes à l’embauche des apprentis

Des élèves apprentis en CAP Intervention en maintenance technique des bâtiments, au lycée Le Corbusier de Cormeilles-en-Parisis, dans le Val-d’Oise, le 11 octobre 2024.

Il était acquis depuis plusieurs mois que le montant des aides à l’apprentissage allait diminuer. Restait à savoir de combien, et dans quel périmètre. Il a fallu attendre lundi 30 décembre, soit deux jours avant la fin du dispositif actuel, pour être fixé. Dans un communiqué, le ministère du travail a annoncé que la prime à l’embauche des apprentis allait être diminuée.

Elle était jusqu’ici de 6 000 euros la première année, quelle que soit la taille de l’entreprise ou le niveau d’études. Elle sera désormais de 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés et de 2 000 euros pour les autres. Elle restera en revanche au niveau initial pour l’embauche d’un apprenti en situation de handicap. Plusieurs fois évoquée, cette différenciation en fonction de la taille de l’entreprise n’était toutefois pas la première piste retenue lors de la préparation du budget par le gouvernement Barnier, qui envisageait plutôt de réduire l’aide à 4 500 euros pour tout le monde.

« En l’absence de décision, l’aide n’aurait concerné que les contrats préparant à des diplômes de niveau bac et infrabac et pour les seules entreprises de moins de 250 salariés, soit moins d’un tiers des contrats », explique le ministère dans son communiqué. « Par cette décision, nous poursuivons la valorisation de cette voie d’excellence qui favorise l’insertion professionnelle des jeunes, revendique la ministre du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, dans le communiqué. Nous permettons également aux entreprises de bénéficier des compétences indispensables à leur développement. »

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La réforme du RSA expérimentée depuis 2023 se généralise malgré les inquiétudes sur les moyens

L’année 2025 s’annonce comme celle du grand chamboulement pour France Travail. Depuis le 1er janvier, l’ensemble des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) sont automatiquement inscrits auprès de l’opérateur public (ex-Pôle emploi). Ce sont donc environ 1,2 million de personnes qui viendront grossir les rangs des demandeurs d’emplois enregistrés dont, parmi eux, 200 000 jeunes suivis par les missions locales et les personnes en situations de handicap accompagnées par Cap’Emploi.

Après une expérimentation menée depuis mars 2023 dans dix-huit territoires, étendue à quarante-sept nouveaux bassins d’emploi en mars 2024, la réforme inscrite dans la loi « pour le plein-emploi » de décembre 2023 se généralise à l’ensemble de l’Hexagone. Le bouleversement pour le service public de l’emploi n’atteindra pas les sommets de la fusion de l’ANPE et des Assédic en 2008, mais son ampleur est grande. Avec 1,2 million de nouvelles personnes enregistrées, les statistiques des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail vont logiquement exploser.

Deux nouvelles catégories vont être créées pour les bénéficiaires du RSA. La première, G, sera une « catégorie d’attente » avant d’être enregistré en A, B, C, D ou E selon le profil du demandeur d’emploi, notamment s’il a travaillé ou pas dans le mois. La seconde, F, dite « sociale » sera réservée aux personnes dont la situation les empêche de rechercher un emploi.

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Ce qui change le 1ᵉʳ janvier 2025 pour votre budget : retraites, timbres, location meublée, tabac…

La tradition est respectée. Comme chaque 1er janvier, un chapelet de mesures affectant les finances personnelles entre en vigueur, début 2025, malgré le contexte politique. Pour le moment, faute d’une nouvelle loi de finances pour l’Etat et la Sécurité sociale, le budget initial de 2024 a été reconduit à l’identique en 2025 par décret au Journal officiel, mardi 31 décembre. Mais la situation est incertaine. Si, censure du gouvernement Barnier oblige, les changements qui figuraient dans les deux projets de budget ne s’appliquent pas, d’autres devraient être actés en début d’année.

Logement et immobilier

Les logements les plus énergivores, classés G sur un diagnostic de performance énergétique (DPE), seront considérés comme indécents, donc impropres à la location en métropole. La justice, saisie par le locataire, pourra contraindre le propriétaire à réaliser certains travaux ou à baisser le loyer. Cela concerne les nouveaux contrats et les anciens à leur reconduction. Les DPE réalisés entre janvier 2018 et juillet 2021 ne seront plus valables.

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