Bernard Thibault : « Pour les Jeux 2024, notre objectif est de démontrer que les grands événements ne sont pas incompatibles avec des droits sociaux élevés »
L’ancien secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, copréside, depuis 2018, le Comité de suivi de la charte sociale, signée par les organisations syndicales, patronales, et les collectivités impliquées dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Il siège au sein du Comité d’organisation des Jeux et au conseil d’administration de la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures construites.
La Solideo a annoncé que 84 % des chantiers des JOP devaient être terminés au 31 décembre. Quel bilan faites-vous de cette première phase de réalisation ?
Les syndicats sont plutôt satisfaits de la coopération avec la Solideo sur la conduite des chantiers puisqu’ils ont pu s’y rendre régulièrement, être force d’alerte, et nos messages pris en compte. La Solideo avait affiché deux priorités : la sécurité, dans une filière BTP qui compte un mort par jour de travail ouvré, et la lutte contre le travail illégal.
Selon le dernier décompte, il y a eu 464 accidents dont vingt-cinq accidents graves. C’est trop. Mais si l’on rapporte au nombre d’heures effectuées, cela représente quatre fois moins d’accidents que sur les autres chantiers en France.
La Solideo a porté un message simple auprès des majors du BTP : vous avez la responsabilité de la sécurité pour tous les personnels travaillant dans votre périmètre, y compris les sous-traitants et les intérimaires. Ce n’est pas une pratique courante.
Les inspecteurs du travail ont par ailleurs été beaucoup plus présents. En moyenne, un inspecteur est passé chaque jour sur l’un des chantiers. Cette expérience devrait servir à repenser la sécurité sur les chantiers et à diminuer un taux de mortalité excessivement important.
On a quand même vu des travailleurs sans-papiers occuper certains chantiers.
Le travail illégal est un facteur d’accidentologie important. On a agi ensemble pour mettre fin aux situations de travail sans papiers dont on a eu connaissance, en obtenant des régularisations. Dans le débat actuel, ce n’est pas négligeable.
Il y avait des objectifs en matière d’insertion. Cela se traduira-t-il par des emplois post-Jeux ?
Dix pour cent des heures travaillées devaient être réservées à un public éloigné de l’emploi. A ce jour, 3 644 personnes ont pu avoir un contrat de travail de 714 heures en moyenne. Ce sont pour moitié des personnes au chômage depuis plus d’un an et pour moitié résidentes de la Seine-Saint-Denis. Il va falloir mesurer le nombre de personnes en insertion pouvant, si elles le souhaitent, rester durablement dans le bâtiment. C’est trop tôt pour l’évaluer.
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