Quelque 126 000 foyers étaient toujours privés d’électricité sur la façade ouest de la France après le passage des tempêtes Ciaran et Domingos, a annoncé Enedis dans des communiqués, lundi 6 novembre au matin.
Le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité a décompté 93 000 foyers touchés par la tempête Ciaran dans la nuit de mercredi à jeudi et 33 000 par la tempête Domingos entre samedi et dimanche restaient « encore à réalimenter ».
Concernant la tempête Ciaran, la Bretagne est la région qui compte le plus grand nombre de foyers privés de courant depuis jeudi (81 000 foyers), suivie de la Normandie (11 000). La Charente-Maritime (16 000) et la Gironde (9 000) sont les deux départements les plus touchés par la tempête Domingos, selon Enedis.
A la suite du passage de la tempête Ciaran, 1,2 million de foyers sans électricité
Enedis précise avoir mobilisé 4 400 techniciens, prestataires et salariés « venus en renfort d’autres régions », afin de « réaliser dans les meilleurs délais les derniers chantiers de réparations lourdes menés dans des conditions difficiles ». L’un de ses salariés, âgé d’une quarantaine d’années, est mort, électrocuté dans la soirée de samedi lors d’une intervention dans le Finistère.
Le précédent point d’Enedis sur la tempête Ciaran, publié samedi soir, faisait état de 176 000 clients privés de courant. Dans un premier temps, 1,2 million de foyers avaient été plongés dans le noir après le passage de cette tempête. Concernant Domingos, 50 000 l’étaient encore dimanche soir.
[Pourquoi le travail est-il plus dangereux pour les sous-traitants? Corinne Perraudin est économiste, maîtresse de conférences au Centre d’économie de la Sorbonne (CES) à l’université Paris-I. Ses travaux de recherche portent sur les pratiques d’établissements en matière d’organisation du travail et de gestion de l’emploi, ainsi que sur leurs conséquences sur les conditions de travail des salariés. Nadine Thèvenot est économiste, maîtresse de conférences au Centre d’économie de la Sorbonne (CES) à l’université Paris-I. Ses travaux de recherche portent sur les frontières du travail subordonné, l’éclatement des collectifs de travail et l’organisation du travail en sous-traitance. Elles sont les autrices, avec Sophie Dessein, d’un rapport d’études pour la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail sur les conditions de travail et la prévention des risques professionnels dans le travail en sous-traitance. Elles sont membres du conseil d’orientation du Groupe d’études sur le travail et la santé au travail (Gestes), dont les travaux s’inscrivent dans le champ du travail et de la santé au travail.]
La persistance des accidents du travail est révélatrice d’organisations du travail délétères alimentant la crise du travail. Les accidents du travail mortels racontés par Matthieu Lépine dans L’Hécatombe invisible (Seuil, 2023) en sont une illustration récente.
Divers travaux sectoriels, concernant le nucléaire (Annie Thébaud-Mony, 2008), le bâtiment (Nicolas Jounin, 2008) ou encore le nettoyage (François-Xavier Devetter et Julie Valentin, 2021), et des travaux de nature quantitative (Corinne Perraudin, Nadine Thèvenot, Sophie Dessein, 2022) montrent depuis une dizaine d’années comment les entreprises, en sous-traitant, externalisent l’emploi et par là même les risques associés au travail. Nous souhaitons ici rendre compte de la vulnérabilité particulière dont sont victimes les personnes relevant d’une organisation de travail en sous-traitance.
A partir des enquêtes « Conditions de travail et risques psychosociaux » (CT-RPS) et « Conditions de travail » (CT) de la Dares, il est possible de rendre compte de la pénibilité et des accidents du travail auxquels font face les travailleurs de la sous-traitance. Après avoir qualifié le travail en sous-traitance comme un travail d’exécution externalisé, et quantifié son ampleur dans l’économie française, nous rendons compte de sa pénibilité ainsi que des accidents du travail qu’il produit : l’exposition aux risques physiques ainsi que la fréquence des accidents du travail sont plus importantes dans les établissements sous-traitants.
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15,3 % : c’est la part de salariés victimes d’au moins un accident du travail en 2019, dans l’effectif des entreprises « preneuses d’ordre »,dont la sous-traitance représente plus de la moitié du chiffre d’affaires, indique l’enquête « Conditions de travail et risques psychosociaux » du ministère du travail.
Cette proportion dépasse tout juste les 10 % chez l’ensemble des salariés français. A partir des données disponibles et de travaux publiés depuis une dizaine d’années, les économistes Corinne Perraudin et Nadine Thévenot mettent en évidence la pénibilité subie par les travailleurs de la sous-traitance, exerçant dans des secteurs déjà difficiles (industrie, construction, transports…).
Malheureusement, ces conditions de travail difficiles et les risques qui en découlent sont rarement assumés par les entreprises donneuses d’ordre : cela tient précisément à la définition de la sous-traitance, qui établit un lien de dépendance économique entre les entreprises, mais sans responsabilité de l’emploi en lui-même, et sans engagement sur le long terme.
Une société donneuse d’ordre confie simplement à une autre, preneuse d’ordre, le soin d’exécuter une partie des tâches de production. Elle est coresponsable des risques subis par les salariés du sous-traitant uniquement si ceux-ci travaillent sur un site qui lui appartient. Depuis 2017, les entreprises multinationales ont un devoir de vigilance sur les risques subis par les travailleurs de toute leur chaîne de production, dans leurs filiales en France et dans le monde, mais pour l’ensemble des entreprises, cette obligation de vigilance se résume à la lutte contre le travail dissimulé.
Renforcer la responsabilité des entreprises
En 2019, 28 % des établissements sont sous-traitants (et 7 % le sont pour plus de la moitié de leur activité). Certains sous-traitants sont eux-mêmes donneurs d’ordre. La sous-traitance n’est pas un statut d’emploi à proprement parler, puisque les travailleurs sont des salariés comme les autres. Il ressort des travaux des autrices que ces salariés sont moins bien rémunérés que les salariés des donneurs d’ordre, à qualification égale, et qu’ils exercent davantage des métiers « d’exécution ». Ainsi, ils sont plus souvent exposés au travail de nuit, à la manutention de charges lourdes ou encore au bruit.
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Que personne ne vienne dire à Emilie, 37 ans,qu’elle ne travaille pas. La jeune mère est « tout sauf au chômage », martèle-t-elle, en tenant les épaules de son fils, de peur qu’il chute du canapé à force de sauter. Avant la naissance de Martin, 1 an et demi, elle était aide-soignante dans un hôpital de Tourcoing, près de Lille. « Aller à l’hôpital me prenait moins d’énergie que de m’occuper de lui et de la maison, c’est du vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept », constate-t-elle. Elle et son conjoint, Nicolas (ils n’ont pas souhaité donner leur nom), ont jugé qu’il était plus simple qu’elle prenne un congé parental de longue durée en raison de ses horaires de travail très tôt le matin et parfois même de nuit. « Nicolas est ingénieur naval dans l’armée, il est souvent en déplacement, alors on s’est dit que c’était la meilleure des options. »
L’égalité des genres progresse (un peu) en France, selon un rapport de l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes (EIGE) sorti le 24 octobre. Et pourtant, aujourd’hui encore, ce sont presque toujours les mères, comme Emilie, qui interrompent leur carrière pour s’occuper des enfants au-delà du congé de maternité légal de deux mois et demi.
Selon l’Insee en 2018, 96 % des personnes qui arrêtaient de travailler pour prendre soin d’un enfant (ou d’un parent) étaient des femmes. En 2020, la part des mères de 25 à 49 ans dites « inactives » selon l’Insee (c’est-à-dire sans emploi et qui n’en cherchent pas) passait ainsi de 12 % à 17,8 % à la naissance du premier enfant, à 25 % avec deux enfants dont au moins un de moins de 3 ans et même à 52,5 % avec plus de trois. A l’inverse, le taux d’« inactivité » des pères, lui, diminue. Il passe de 6,2 % à 5,3 % avec l’arrivée d’un bébé, et à 3,5 % seulement avec deux enfants.
« Les contraintes de conciliation entre les sphères domestique et professionnelle reposent d’abord sur les femmes », résume l’Insee dans une étude de 2022. L’incidence sur l’emploi dépend également du milieu socioprofessionnel. Ainsi, seules 77 % des ouvrières déclarant avoir des « responsabilités familiales » sont en emploi, contre 93 % des femmes cadres. Même lorsqu’elles gardent leur poste, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à réduire leur temps de travail : 30 % des mères sont ainsi à temps partiel (quel que soit le nombre d’enfants), contre seulement 4,8 % des pères, selon l’Insee.
« Sacrifier un emploi “féminin” coûte moins cher »
Ces écarts tiennent pour partie, encore, au poids des stéréotypes de genre et aux rôles dévolus dans les familles. « Le travail gratuit des femmes comme s’occuper des enfants est beaucoup plus évident traditionnellement », résume Marie Sautier, sociologue, doctorante à Sciences Po Paris et à l’université de Lausanne. L’EIGE rappelle qu’il est toujours attendu des femmes qu’elles assument la majeure partie des soins non rémunérés et des tâches domestiques. Toujours selon l’Insee, 69 % des mères à temps complet déclarent réaliser plus de sept heures de travaux ménagers par semaine, contre 35,3 % des pères à temps complet.
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Candice Renoir, Demain nous appartient, Un si grand soleil… Ces séries télévisées sont toutes tournées dans l’Hérault, en décors extérieurs et dans des studios que les chaînes ont créés sur place. D’ici deux ans, d’autres séries et films de cinéma pourraient les rejoindre, car l’offre départementale en matière de tournage va s’étoffer avec, d’une part, l’arrivée d’un investisseur privé et, d’autre part, un engagement renforcé de France Télévisions dans ses studios existants.
Côté privé, ce sont les groupes immobiliers locaux GGL et Spag qui se lancent dans l’aventure et investissent 200 millions d’euros dans la création de Pics Studios, à Saint-Gély-du-Fesc, dans la périphérie de Montpellier. Un permis de construire pour un pôle cinéma, sur près de 15 hectares, doit être déposé avant la fin de l’année. Il comprendra des plateaux de tournage et un centre de formation. « On a lancé l’idée il y a quatre ans, précise l’aménageur foncier Alain Guiraudon [l’un des “G” de GGL]. Nous investissons pour accueillir des tournages de films français et internationaux. C’est pour cela qu’en matière de sécurité, on a mis d’emblée en place des standards anglo-saxons. » Le site devrait être opérationnel en 2026 et pourrait générer 2 000 emplois directs.
Deuxième dossier : France.tv studio va investir 30 millions d’euros dans l’extension, prévue pour 2025, de 4 000 m2 de ses studios de Vendargues, à 17 kilomètres au nord-est de Montpellier. Pour l’instant, ceux-ci emploient plus de 200 personnes dans 60 métiers, mais en font travailler plus de 1 000 en comptant les intermittents, et sans même parler des emplois induits. Christophe Tardieu, secrétaire général du groupe France Télévisions, précise que son groupe produit déjà vingt minutes par jour à Vendargues : « C’est colossal. Nous avons besoin de cette extension pour nous et pour accueillir d’autres tournages. Et nous avons proposé aux trois plus gros producteurs français de cinéma, Gaumont, Pathé et UGC, de s’associer avec nous sur le site héraultais. »
Le groupe audiovisuel a par ailleurs racheté cet été deux sociétés montpelliéraines, qui complètent son offre : le studio d’animation Dwarf Animation et, plus récemment Les Tontons truqueurs, une entreprise spécialisée dans les effets spéciaux.
Ecosystème local favorable
L’Etat soutient les projets de GGL et de France Télévisions, qui ont été, au printemps, lauréats de « La grande fabrique de l’image », le volet du plan de relance France 2030 consacré aux studios de tournage, de production numérique et à la formation aux métiers de l’image.
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D’après une étude publiée en 2017 par les Observatoires des métiers de l’audiovisuel et de la presse, 40 % des journalistes ayant obtenu leur carte de presse en 2008 ont quitté la profession au bout de sept ans seulement. Ils n’étaient que 28 % parmi ceux l’ayant obtenue en 1998. Ce phénomène ne cesse de s’accentuer, au point qu’on parle aujourd’hui d’une « spécificité générationnelle ».
Pour en comprendre les raisons, Le Monde retrace dans cette vidéo de trois minutes l’itinéraire des aspirants journalistes, de leurs études dans les écoles spécialisées jusqu’à la pratique du métier au sein des rédactions. Interviewé, Jean-Marie Charon, sociologue et auteur de l’enquête « Jeunes journalistes, l’heure du doute » (éditions Entremises, 2023), dresse le portrait d’une génération de professionnels pris en tenaille entre leur dévouement pour ce métier – qui attire toujours de nombreux candidats –, les contraintes économiques et les dérives managériales.
Pour en savoir plus sur le sujet, nous vous renvoyons au décryptage ci-dessous.
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« Comprendre en trois minutes »
Les vidéos explicatives qui composent la série « Comprendre en trois minutes » sont produites par le service Vidéos verticales du Monde. Diffusées en premier lieu sur les plates-formes telles que TikTok, Snapchat, Instagram ou Facebook, elles ont pour objectif de remettre en contexte les grands événements dans un format court et de rendre l’actualité accessible à tous.
Nul ne le conteste : les cols-bleus de Detroit, ces ouvriers syndiqués de l’automobile, sont les incontestables gagnants de la grève historique des usines de voitures américaines. Les travailleurs de Ford, General Motors et Stellantis vont bénéficier d’une hausse salariale de 25 % environ sur quatre ans, selon les accords qui ont mis fin au mouvement. Le salaire ouvrier maximal va monter à 42 dollars (39,50 euros) de l’heure. Un opérateur gagnera désormais plus de 80 000 dollars par an, hors heures supplémentaires.
L’automobile est sur le point de retrouver le temps de sa splendeur salariale : selon une enquête du Washington Post, avec cet accord, le salaire horaire, aujourd’hui de 32 dollars, va retrouver le niveau qui prévalait, ajusté de l’inflation, en 1990, soit environ 42 dollars. A l’époque, les ouvriers automobiles gagnaient 80 % de plus que les autres salariés du privé.
Avec la faillite des constructeurs de Detroit, en 2009, et l’implantation des groupes étrangers dans le Sud non syndiqué, cet écart s’était réduit pour atteindre 14 % aujourd’hui. Il repart à la hausse. L’incarnation de ce succès est le progressiste Shawn Fain, un ancien électricien de Chrysler (désormais intégré à Stellantis), élu au printemps à la tête du syndicat United Auto Workers (UAW), et qui a mené une grève déterminée contre les trois constructeurs, une première depuis les années 1930.
Le gagnant politique de l’affaire est Joe Biden, qui s’était déplacé sur un piquet de grève pendant le conflit, une première pour un président des Etats-Unis. Le démocrate a absolument besoin de remporter l’Etat du Michigan, où se trouve Detroit, et qui avait fait la victoire de Donald Trump en 2016, avec la Pennsylvanie et le Wisconsin.
La transition électrique pâtit du conflit
Logiquement, les perdants sont les constructeurs de Detroit, les « Big Three », frappés par une hausse des coûts, alors qu’ils doivent prendre le virage du véhicule électrique. « Dans le passé, l’UAW a toujours eu un respect réaliste pour les besoins d’un constructeur automobile pour rester compétitif. Cette fois, ils ne l’ont pas fait », a déploré Bob Lutz, ancien président de Chrysler. Ford a chiffré cette hausse entre 850 et 900 dollars par véhicule. Le prix de vente moyen d’un véhicule neuf atteint 48 000 dollars aux Etats-Unis et il n’existe pas de modèle en dessous de 20 000 dollars.
Les actionnaires font grise mine, même si les titres des constructeurs ont légèrement rebondi avec l’annonce de la reprise du travail. Wall Street s’était entiché du renouveau de Detroit en janvier 2021, prêt à se lancer dans la bataille du véhicule électrique. Depuis, l’action Ford a retrouvé son niveau de l’époque, sous les 10 dollars, contre 25 dollars en janvier 2022. General Motors est au plus bas depuis 2016, si l’on excepte le trou d’air du début de la crise due au Covid-19, et vaut deux fois moins qu’il y a un an. Ford et General Motors valent respectivement 39 milliards et 37 milliards de dollars, seize fois moins que Tesla (628 milliards de dollars), dont le cours a pourtant été divisé par deux en deux ans.
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Adam Neumann restera sans doute l’une de ces étoiles filantes qui remplissent la galaxie des start-up américaines depuis une bonne décennie, scintillant de mille feux avant d’être englouties dans le trou noir des dures réalités capitalistes. Début 2019, le fondateur de la société de location d’espaces de travail partagés WeWork était encore à la tête d’une entreprise valorisée 47 milliards de dollars (44 milliards d’euros) ; sa capitalisation a fondu de 99 % en un an et elle ne vaut plus que 57 millions de dollars. Dans quelques jours, assure le Wall Street Journal, elle devrait se placer sous le « chapitre 11 » de la loi sur les faillites, qui permet à une entreprise de se restructurer pour continuer son activité.
Le dernier coup est venu, mercredi 1er novembre, de l’agence de notation Standard & Poor’s, qui a placé WeWork « aux abois » dans la catégorie « défaut partiel ». Le groupe a en effet annoncé son incapacité à honorer, début octobre puis début novembre, une tranche de paiement des intérêts sur sa dette de 2,9 milliards de dollars.
En août, il avait déjà prévenu la Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain, qu’« il existe un doute substantiel sur la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités », remaniant son conseil d’administration pour y faire entrer quatre spécialistes des restructurations financières.
Accumulation de locaux vacants
Créé en 2010 et naguère au firmament des start-up, WeWork avait levé des fonds, notamment auprès de SoftBank, son premier actionnaire. Mais avant de remettre 8 milliards de dollars au pot, en 2019, le groupe japonais avait évincé M. Neumann : l’homme avait vu trop gros et ses frasques comptables avaient effrayé les investisseurs. Le patron fondateur de Softbank, Masayoshi Son, n’en restait pas moins « convaincu que le monde du travail est en train de changer radicalement » et que « WeWork est à l’avant-garde de cette révolution ». Un optimisme inoxydable jusqu’à ce que la crise due au Covid-19 vide les bureaux.
Le modèle économique de la société, qui dispose de 777 sites dans 39 pays, n’a pas fait ses preuves : signer des baux à long terme, notamment dans des centres d’affaires comme New York, Londres, Paris ou Tokyo, avant de louer les espaces aménagés aux entreprises dans le cadre de contrats flexibles, plus faciles à résilier, expose WeWork au risque d’une accumulation de locaux vacants. Or, le coworking n’a pas séduit autant que les dirigeants de WeWork l’escomptaient. En France, par exemple, il ne concerne que 7 % des actifs, l’écrasante majorité ayant un fort besoin de relations sociales au bureau, indique l’enquête 2023 de l’observatoire Actineo.
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A Fès, il travaillait dans un hôtel cinq étoiles et servait les touristes, français et chinois pour la plupart. Il était payé 100 dirhams par jour, soit moins de 10 euros. En France, dit-il, il gagnera 100 euros par jour. Alors Imad (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat) n’hésite pas. Bientôt, il rejoindra une exploitation agricole dans la région de Nîmes, où il récoltera des navets. Ce matin d’octobre, le jeune homme de 34 ans est venu passer une visite médicale dans les locaux marocains de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), à Casablanca. Un médecin doit vérifier son aptitude physique avant qu’un visa lui soit remis.
A côté de lui, d’autres travailleurs saisonniers défilent. Qui pour emballer des poireaux, qui pour récolter des noisettes, qui pour tailler la vigne, principalement dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, la Haute-Corse ou encore le Lot-et-Garonne. Bouchra Mazouz, 42 ans, va travailler pendant six mois dans une exploitation viticole près de Montpellier. « C’est la première fois que je pars en Europe », nous confie cette mère de quatre garçons, originaire de Larache, dans le nord du pays. Elle n’a pas dormi depuis trois jours, toute à l’urgence de réunir les documents nécessaires à la validation de sa demande de visa.
Les bureaux de l’OFII sont installés dans des bâtiments qui servaient, avant l’indépendance, de lieu de casernement pour les soldats marocains qui combattaient au côté de la France. Les bidasses ont été remplacés par des travailleurs depuis 1963 et la signature d’un accord de main-d’œuvre entre les deux pays.
Seuls les étudiants et les titulaires de passeports talents (un titre de séjour destiné aux profils très qualifiés) s’adressent directement au consulat de France. Tous les autres – travailleurs permanents, saisonniers, candidats au regroupement familial – font étape à l’OFII. Casablanca abrite la plus grosse antenne de l’établissement à l’étranger.
« C’est pas les Français qui feraient ce travail »
Depuis la pandémie de Covid-19, les flux de travailleurs saisonniers ont considérablement augmenté. En 2022, près de 17 000 d’entre eux ont ainsi été recrutés au Maroc, contre un peu plus de 8 000 en 2019 et moins de 5 000 en 2013. En 2023, les chiffres devraient tourner autour de 15 000 saisonniers, originaires pour la majorité d’entre eux des régions de Fès-Meknès et de l’Oriental. Parmi eux, 95 % sont des hommes et des ouvriers agricoles, payés au smic de la profession. Dans un contexte d’augmentation des besoins de recrutement, la France – premier producteur agricole européen – recourt plus que jamais à ces migrants temporaires, dont les contrats durent entre trois et six mois maximum. Le restant est employé dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. « Je reçois deux fois plus d’autorisations de travail que je n’ai de créneaux pour déposer les demandes de visas pour cette catégorie de salariés », rapporte Ahmed Chtaibat, le directeur de l’OFII à Casablanca, incapable de satisfaire la demande d’immigration professionnelle qui lui arrive d’employeurs en France, friands d’une main-d’œuvre peu chère et tenue par la promesse d’un titre de séjour. « Le traitement de ces dossiers est loin d’être satisfaisant », poursuit-il.
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En proie à de graves difficultés financières, le géant canadien des médias Québecor poursuit sa politique de licenciements. « La situation déficitaire dans laquelle se trouve Groupe TVA n’est tout simplement plus viable », a déclaré, jeudi 2 novembre, Pierre Karl Péladeau, président du groupe et de sa société mère, Québecor, dans un communiqué.
L’entreprise a cumulé un déficit de près de 13 millions de dollars canadiens (8,9 millions d’euros) pour son secteur de télédiffusion, contre un déficit de 1,6 million lors du précédent exercice. La restructuration de ses activités au Québec se traduira par la suppression de 547 emplois et l’arrêt de la production interne de contenus de divertissement. Le groupe avait déjà annoncé la suppression de 140 emplois au début de l’année.
Groupe TVA a également annoncé l’optimisation de son parc immobilier : l’entreprise dit être en « réflexion quant à la prochaine vocation du bâtiment de son siège social ».
Pour expliquer sa situation, le groupe évoque une diminution « de l’auditoire, des abonnements, des revenus publicitaires », mais aussi la « concurrence féroce et la surenchère » dans le domaine du divertissement et des droits sportifs. « Les plates-formes étrangères affectent également les médias sur le plan de l’information en profitant de leurs contenus journalistiques sans leur payer une juste part », explique l’entreprise.
Depuis le 1er août, Meta − propriétaire de Facebook et d’Instagram − bloque l’accès aux contenus d’actualité de médias sur ses plates-formes, en riposte à une loi relative à l’information en ligne votée en juin par le gouvernement canadien. Inspirée de ce qu’avait fait l’Australie en 2021, la nouvelle loi canadienne vise pour l’instant Google et Meta, et devrait permettre aux entreprises de presse de toucher jusqu’à 230 millions de dollars canadiens (158 millions d’euros), selon Ottawa.
Le gouvernement fédéral souhaite ainsi freiner l’érosion de la presse au Canada au profit des géants du numérique, vers lesquels les revenus publicitaires ont migré depuis ces dernières années.
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