Archive dans 2023

Les raisons de l’offensive de Bruno Le Maire contre l’indemnisation des chômeurs seniors

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, quitte l’Élysée, à Paris, le 8 novembre 2023.

Bruno Le Maire est à l’offensive contre l’assurance-chômage. Depuis plusieurs jours, le ministre de l’économie répète à l’envi que notre Etat-providence doit être remis à plat afin d’arriver au plein-emploi en 2027, soit un taux de chômage autour de 5 % (contre 7,4 % aujourd’hui), conformément à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Jeudi 23 novembre, sur Franceinfo, il a suggéré une mesure-choc qui contribuerait, selon lui, à atteindre cet objectif : abaisser la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans pour l’aligner sur celles des autres.

Actuellement, les demandeurs d’emploi de moins de 53 ans ont droit à une allocation pendant dix-huit mois au maximum contre vingt-deux mois et demi pour ceux ayant de 53 à 55 ans et vingt-sept mois pour les plus de 55 ans.

Pour M. Le Maire, « quelque chose cloche dans le modèle social français », en particulier avec le système d’indemnisation des chômeurs seniors. Il n’y a « aucune raison » que la couverture offerte aux plus de 55 ans soit plus longue que pour les autres tranches d’âge : « C’est une hypocrisie totale », a-t-il déploré jeudi.

Donner un tour de vis

La charge avait été amorcée le 12 novembre, sur France Inter, lorsque M. Le Maire avait jugé que notre modèle social devait être « moins attractif pour ceux qui ne travaillent pas ». Rebelote une semaine plus tard : dans La Tribune Dimanche du 19 novembre, il plaidait pour « des choix courageux (…), notamment [sur] l’assurance-chômage ». Mardi, au Sénat, il s’est montré encore plus direct : « La responsabilité des entreprises, c’est de garder les plus de 55 ans et d’en embaucher, plutôt que d’utiliser l’assurance-chômage comme un moyen de préparer leurs retraites. »

Cette rhétorique n’est nullement le fruit du hasard. Elle permet d’adresser un message aux syndicats et au patronat dans un contexte où ceux-ci ont trouvé un accord, le 10 novembre, pour établir une nouvelle convention d’assurance-chômage fixant les règles d’indemnisation. Alors que le gouvernement doit donner son agrément à ce texte pour qu’il puisse entrer en vigueur, M. Le Maire considère que le compromis conclu par les partenaires sociaux est « perfectible », en particulier du point de vue de l’équilibre financier : d’un côté, il y a « des dépenses certaines » mais, de l’autre, « des économies improbables ». Le ministre formule cette remarque au moment où doit s’ouvrir une négociation entre partenaires sociaux sur l’emploi des seniors : dans les discussions, il sera question – entre autres – de la modification des paramètres de l’allocation-chômage applicables aux plus de 53 ans. Ainsi, M. Le Maire exhorte les organisations de salariés et d’employeurs à donner un tour de vis, juste avant qu’elles n’engagent leurs pourparlers.

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Les initiatives de réduction d’empreinte carbone en entreprise sont loin de faire l’unanimité

A en croire Cegos, leader de la formation professionnelle, la sensibilité aux questions environnementales gagne du terrain : 54 % des mille salariés interrogés en 2023 se disent promoteurs, voire militants, de la RSE (responsabilité ­sociétale des entreprises) et 57 % attendent que leur employeur s’y engage davantage. Pour satisfaire cette attente, les comités sociaux et économiques (CSE), à l’instar des directions, font appel à des cabinets pour réduire leur empreinte carbone et prendre des initiatives RSE.

« Nous les conseillons sur ces questions pour les amener à privilégier les achats durables », résume Maxime Balsat, cofondateur de Représente.org. Mais sur le terrain, les propositions, d’où qu’elles émanent, ne font pas toutes l’unanimité. Acceptabilité sociale, écologie punitive, environnement ou justice sociale, fin du mois ou fin du monde, plaisir coupable… Les termes des débats qui agitent la société se retrouvent en entreprise et dans les administrations où émergent des initiatives RSE.

A priori consensuelles, elles peuvent engendrer des résistances quand elles sont conduites sans concertation ou dans la précipitation. Ainsi, la recommandation faite par l’Etat aux employeurs à l’automne 2022 de régler la température à 19 degrés n’avait au départ suscité aucune opposition de principe.

Il en a été autrement sur le lieu de travail : le chauffage étant souvent réglé de manière centralisée dans les grandes sociétés et les administrations, de forts écarts de température se constataient au sein d’un même bâtiment, d’où des protestations. A la BRED, « la direction en est venue à distribuer des radiateurs électriques d’appoint aux salariés, quand bien même ce type d’appareil est énergivore », raconte Stéphane Quennet, secrétaire pour la métropole du CSE de cette banque.

Une acceptabilité jamais gagnée d’avance

Pour éviter d’en arriver là, le ministère de la transition écologique, qui se devait d’être exemplaire dans les tours de la Défense qu’il occupait, a préféré prendre les devants. « Les agents, qui se plaignaient déjà des déficiences récurrentes de la climatisation, se sont vu proposer des vestes en laine polaire pour passer l’hiver », se souvient Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (Ugict), rattachée à la CGT.

Les salariés peinent aussi à se mobiliser quand ils estiment que l’impact environnemental de leur activité est faible ou la démarche RSE trop éloignée de leur métier. C’est pourquoi la prise de conscience se fait plus facilement dans les industries qui produisent de grosses quantités de déchets que dans les services. « Quand je leur parle environnement, beaucoup d’agents me disent que leur priorité c’est de soigner correctement les gens. Il faut du temps et des moyens pour mobiliser le personnel sur ces enjeux », confirme Romain Sabran, un employé de l’hôpital d’Alès (Gard) qui milite pour le tri des biodéchets dans son établissement.

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Les négociations avancent pour la reprise de l’usine Buitoni de Caudry, dans le Nord

L’entrée de l’usine du groupe Buitoni, à Caudry (Nord), le 15 septembre 2022.

Huit mois après l’arrêt de la production de pizzas surgelées à l’usine Buitoni de Caudry (Nord), mise en cause dans une contamination par la bactérie Escherichia coli, en mars 2022, qui avait provoqué la mort de deux enfants et l’intoxication d’une cinquantaine d’autres, une lueur d’espoir vient de se rallumer pour ce territoire, qui compte 22 % de chômeurs.

Le groupe suisse Nestlé a ainsi annoncé, lundi 13 novembre, être en « négociations exclusives » avec Italpizza « pour un projet d’acquisition de l’usine », qui pourrait être finalisé en 2024. Le groupe transalpin, qui affichait un chiffre d’affaires de 167 millions d’euros en 2021, se présente comme « le premier producteur international de pizzas surgelées » commercialisées dans cinquante-cinq pays sous sa marque propre ou sous marques de distributeur.

En 2020, l’entreprise sise à Modène (Italie) et propriété de la holding Dreamfoods avait acquis l’industriel espagnol Pizza artesana Malgrat, près de Barcelone, et une société italienne en difficulté, Antico Forno. Italpizza possède actuellement cinq sites de production en Italie et, donc, un en Espagne, et emploie 1 600 personnes.

« Projets d’expansion »

Les négociations avec Nestlé ont commencé dans la foulée de l’annonce brutale de la fermeture de l’usine de Caudry. Mise à l’arrêt, celle-ci avait pourtant partiellement rouvert mi-décembre 2022, après des mises aux normes financées par le géant suisse à hauteur de 2 millions d’euros. La ligne produisant les pizzas surgelées à pâte crue sous la marque Fraîch’Up, mise en cause dans l’intoxication à l’E. coli, n’avait pas été autorisée à tourner de nouveau.

Pour les salariés de la Société des produits alimentaires de Caudry (SPAC) – plus connue sous le nom d’usage « usine Buitoni » –, la surprise a donc été totale quand Nestlé a annoncé cesser toute activité, en mars 2023. Le ministère de l’économie s’est rapidement mobilisé sur ce dossier, qui semblait plutôt mal engagé. « Nous avons été très fermes avec Nestlé », assure Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’industrie, dont les services ont travaillé avec le cabinet missionné par le groupe helvétique pour trouver un industriel crédible.

Lors de l’annonce de la fermeture, Nestlé assurait avoir pris cette décision du fait de l’impossibilité d’écouler ses pizzas Buitoni, entachées par le scandale sanitaire. Il évoquait également des difficultés, plus globales, sur le marché de la pizza surgelée en Europe. Mais, pour Italpizza, la reprise de Caudry est une occasion à ne pas manquer, au moment où le groupe italien prévoit d’étendre ses capacités de production pour se développer dans le nord de l’Europe.

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Chômage : Bruno Le Maire propose de réduire la durée d’indemnisation des seniors

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 8 novembre 2023, à Paris.

« Le message que j’ai envie de leur envoyer, c’est “on a besoin de vous, on a besoin de votre expérience.” » Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est dit, jeudi 23 novembre, favorable à un abaissement de la durée d’indemnisation du chômage des plus de 55 ans pour l’aligner sur celles des autres chômeurs ; l’une des mesures à prendre, selon lui, pour atteindre le plein-emploi, c’est-à-dire un taux de chômage autour de 5 %.

« Si on ne se secoue pas les puces, il n’y aura pas 5 % de taux de chômage » en fin de quinquennat (contre 7,4 % aujourd’hui), a affirmé le ministre de l’économie sur Franceinfo. « Quelque chose cloche dans le modèle social français » qui empêche d’y parvenir, selon lui.

« Un des moyens passe par l’emploi des seniors », a affirmé le ministre, qui rappelle que l’indemnisation des plus de 55 ans est de « vingt-sept mois », contre « dix-huit mois » pour les demandeurs d’emploi plus jeunes, une façon selon lui « de mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». « Est-ce qu’ils vaudraient moins, les plus de 55 ans ? (…) Je ne vois aucune raison pour qu’il y ait une durée d’indemnisation plus longue, (…) c’est une hypocrisie totale », a-t-il assuré.

Il a rappelé que le taux d’emploi des seniors était inférieur « de dix points » en France au taux d’emploi général (68 %). Le ministre entend ainsi « poser le débat » d’un abaissement de la durée d’indemnisation des seniors « avec la détermination totale de parvenir à ces 5 % de taux de chômage que nous n’avons pas atteints depuis un demi-siècle en France ».

Critiques sur l’accord assurance-chômage

Il a par ailleurs jugé « perfectible » l’accord sur l’assurance-chômage signé la semaine dernière par les repérsentants des organisations syndicales de salariés et patronales, notamment sur cette question des seniors.

Il a aussi critiqué les mesures de financement qui figurent dans l’accord, avec « des dépenses certaines », comme des réductions de cotisations, palliées par « des économies improbables ». L’accord propose notamment « de faire des économies sur la création d’entreprises », a noté M. Le Maire, jugeant « l’idée un peu baroque parce qu’on a besoin de créer des entreprises, et l’économie chiffrée à près de 900 millions d’euros me paraît très improbable ».

« Sur le volet financier, on peut émettre légitimement des doutes, j’ai eu l’occasion de m’en expliquer avec le président du Medef [Mouvement des entreprises de France] », a conclu le ministre.

Le Monde avec AFP

« Un compromis salarial en crise » : la négociation sous la pression du capitalisme financier

Un leitmotiv est porté par les gouvernants français depuis une vingtaine d’années. Les décideurs politiques encouragent avec insistance la « culture du dialogue social », valorisent la négociation d’entreprise. Mais pour les auteurs de l’ouvrage Un compromis salarial en crise, il s’agit avant tout d’une « incantation », d’une « vision enchantée » trompeuse. Sous la direction de Baptiste Giraud, maître de conférences en sciences politiques, et Camille Signoretto, maître de conférences en économie, l’essai s’attache ainsi à montrer, au fil des pages, comment cette exhortation au dialogue social de proximité se heurte aux réalités des organisations où les « transformations du capitalisme jouent à plein ».

Dans quelles conditions les salariés et leurs représentants parviennent-ils encore aujourd’hui à négocier des compromis dans l’organisation du rapport salarial ? Pour répondre à cette problématique, les auteurs se sont lancés dans des enquêtes de terrain, afin de saisir la diversité des contextes socio-productifs où peut s’exprimer la négociation d’entreprise, des petites sociétés aux grands groupes.

C’est là l’une des richesses de l’ouvrage : il donne à voir la réalité quotidienne des relations professionnelles, mettant en évidence les multiples facteurs qui peuvent plonger dans l’impasse le dialogue entre directions et salariés mais aussi, en certains cas, maintenir son existence.

C’est dans certaines petites sociétés que la négociation d’entreprise apparaît la plus atone. L’ouvrage présente des salariés n’ayant que peu voix au chapitre. En cause, des dirigeants qui n’acceptent pas que leur politique puisse être discutée. Les auteurs mettent d’ailleurs en lumière leurs manœuvres, multiples, pour « contrôler la représentation du personnel » (cooptation des futurs élus, création d’un syndicat maison…). Les instances de représentation du personnel, lorsqu’elles existent, font bien souvent figures de caisses enregistreuses des décisions patronales.

L’essai montre toutefois que, sous certaines conditions, le compromis salarial existe. Dans une PME produisant des équipements agricoles, par exemple, les soudeurs apparaissent en position de force. Leur savoir-faire est rare. Ils en retirent un « pouvoir de négociation » qui leur permettra notamment d’obtenir une augmentation de salaire après avoir organisé un « ralentissement de la production ».

Dans son analyse du dialogue social, l’ouvrage s’attache à observer l’impact des « transformations de l’économie libérale » actuelles (rationalisation des process pour augmenter la productivité, individualisation des rémunérations et des évaluations…). Un impact particulièrement visible dans les grandes organisations où les syndicats sont bien implantés. Si les négociations parviennent à s’y maintenir, elles évoluent sous la « pression du capitalisme financiarisé », soulignent les auteurs, avec une conséquence : « la subordination des logiques des négociations d’entreprise à celles du marché ».

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Novo Nordisk, leader mondial des traitements contre le diabète, investit 2,1 milliards d’euros en France

L’usine du laboratoire Novo Nordisk, à Chartres, le 25 juillet 2022.

A quelques kilomètres du centre-ville de Chartres, l’usine du laboratoire Novo Nordisk, implantée dans l’agglomération d’Eure-et-Loir depuis une soixantaine d’années, s’apprête à vivre un tournant. La société pharmaceutique danoise, championne des traitements contre le diabète, a annoncé, jeudi 23 novembre, un investissement de 2,1 milliards d’euros sur son site industriel français afin d’étendre les capacités de production mondiale du groupe.

Une belle consécration pour l’usine tricolore, dont les flacons et les stylos injecteurs d’insuline made in Chartres inondent déjà près de 85 pays dans le monde chaque année, et permettent à plus de 8 millions de patients de réguler quotidiennement leur diabète. L’occasion également, pour le président de la République, de célébrer sur place une victoire nationale sur le front de la reconquête industrielle, l’un de ses thèmes phares.

Avec ce financement majeur de Novo Nordisk, Emmanuel Macron entend confirmer les fruits d’une « méthode » inaugurée en 2018 avec Choose France, la grand-messe annuelle de l’investissement étranger dans l’Hexagone, et visant à privilégier les tête-à-tête stratégiques avec les grands patrons en quête d’une terre d’accueil pour leurs futurs investissements. Chartes a ainsi soufflé la victoire à l’Irlande, l’un des autres pays européens en lice face à la France.

Le seul site de production européen en dehors du Danemark

Cet investissement vient conforter l’importance de l’usine chartraine (environ 1 600 salariés), seul site de production européen de Novo Nordisk en dehors du Danemark. L’investissement du laboratoire pharmaceutique permettra de doubler la superficie actuelle du site au cours des prochaines années, pour atteindre 230 000 mètres carrés, et devrait créer 500 nouveaux emplois. « Des équipements de haute technologie offriront la possibilité de produire plusieurs dispositifs d’administration différents », détaille l’entreprise, qui précise que les premières étapes de construction ont été lancées. La livraison des nouveaux bâtiments devrait s’achever entre 2026 et 2028.

Cette expansion permettra à Chartres de diversifier sa production, aujourd’hui cantonnée aux produits destinés au traitement du diabète, pour l’étendre à « la production de futures solutions thérapeutiques dans des maladies chroniques graves telles que l’obésité », dont le récent médicament vedette du laboratoire danois, le Wegovy. Ce traitement contre l’obésité, petit frère à haute dose de l’Ozempic, connaît un succès fulgurant depuis son lancement commercial aux Etats-Unis, en 2021.

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Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’enseignement professionnel : « En terminale, nous proposerons des parcours différenciés aux élèves selon leur projet »

Carole Grandjean, la ministre déléguée à l’enseignement et à la formation professionnels, le 20 juillet 2022, dans son ministère, à Paris.

Après la présentation, en mai, de l’architecture de la réforme du lycée professionnel, la ministre déléguée Carole Grandjean a engagé des discussions spécifiques sur la transformation de l’année de terminale. Alors qu’une large partie des syndicats d’enseignants s’y opposent et appellent à la grève le 12 décembre, la ministre détaille pour Le Monde ses arbitrages, qui rendront la dernière année avant le baccalauréat plus modulaire pour les lycéens selon qu’ils veulent s’insérer dans l’emploi ou poursuivre leurs études.

Vous voulez revoir l’organisation de l’année de terminale. Comment va-t-elle se dérouler et pourquoi ce changement ?

L’année de terminale telle que nous voulons la repenser pour la rentrée 2024 consistera en un tronc commun de trente semaines, découpées en vingt-deux semaines de cours, six semaines de périodes de formation en milieu professionnel, dont l’organisation reste modulable, puis deux semaines d’examen qui se dérouleront fin mai.

Sur les six dernières semaines de l’année, nous voulons proposer aux élèves des parcours différenciés selon leur projet : un stage de six semaines s’ils souhaitent s’insérer dans l’emploi, ou une préparation à la poursuite d’études, centrée sur les matières fondamentales, la méthodologie, et l’autonomie. Le dispositif sera flexible : un élève pourra changer d’avis durant les six semaines et basculer en stage ou en préparation à la poursuite d’études.

Pour s’assurer de l’assiduité des élèves, ceux-ci ne connaîtront pas leur note de bac avant début juillet et deux épreuves auront encore lieu fin juin : la prévention sécurité et un grand oral qui portera sur un projet qu’ils auront conduit toute l’année, y compris lors des six semaines de parcours diversifié, ainsi que sur leurs ambitions pour la suite.

La dernière période de stage des terminales bac pro ne va-t-elle pas entrer en concurrence avec les deux semaines de stage des élèves de 2de générale, qui bénéficient souvent d’un meilleur réseau ?

Tous ces élèves ne sont pas dans des situations tout à fait comparables. Les élèves de terminale professionnelle sont en fin de cursus, ils ont un projet, ils ont déjà fait d’autres stages, ils sont dans une démarche de professionnalisation. Ces six dernières semaines de stage doivent faire office de tremplin, ce qui suppose aussi un travail d’identification et de coopération avec des entreprises pour qu’elles soient de vrais partenaires vers l’emploi. Dans l’idéal, ce dernier stage doit devenir un premier emploi. Le poste de chargé des relations entreprises, créé dans les lycées professionnels depuis la rentrée, est justement dédié à l’animation d’un portefeuille d’entreprises. C’est une révolution culturelle.

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Emploi des seniors : les négociations vont pouvoir démarrer entre le gouvernement et les partenaires sociaux

Le ministre du travail, Olivier Dussopt, s’entretient avec la première ministre, Elisabeth Borne, lors d’une séance de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 14 novembre 2023.

Annoncée il y a un peu plus de sept mois par le président de la République, Emmanuel Macron, la négociation sur un « nouveau pacte de la vie au travail » va enfin démarrer. Mardi 21 novembre, le ministère du travail a communiqué aux syndicats et au patronat le « document d’orientation » fixant le périmètre des discussions à venir. Proposé par le chef de l’Etat à un moment où il voulait s’extraire du conflit sur la réforme des retraites et relancer son quinquennat, cet exercice s’inscrit dans un « agenda social » qui vise à « coconstruire » des réformes avec les organisations d’employeurs et de salariés.

Le texte envoyé mardi en fin d’après-midi aux partenaires sociaux mentionne les « chantiers » évoqués par le locataire de l’Elysée lors de son allocution du 17 avril : augmenter l’emploi des seniors, « mieux lutter contre l’usure professionnelle », faciliter les reconversions, créer un « compte épargne temps universel » – une promesse de campagne de M. Macron qui s’inspire d’une revendication ancienne de la CFDT. Contrairement à la négociation sur l’assurance-chômage, qui s’est achevée le 10 novembre, les syndicats et le patronat auront des marges de manœuvre relativement significatives pour parlementer, la feuille de route transmise mardi étant assez peu contraignante sur la plupart des têtes de chapitre. Une liberté surveillée, toutefois : dans l’hypothèse où les parties en présence parviendraient à un compromis, les mesures choisies ne devront pas dégrader les finances publiques, comme le stipule, à plusieurs reprises, le document d’orientation.

Le maintien en poste des travailleurs vieillissants constitue l’enjeu majeur des pourparlers. Sur ce dossier, le gouvernement pousse à la « mobilisation » en affichant des ambitions très élevées : son but est d’atteindre le « plein-emploi des seniors », ce qui signifie un taux de personnes de 60 à 64 ans en activité de 65 % en 2030, contre seulement 36,2 % en 2022. Il s’agit également d’ « accompagner » l’allongement des carrières induit par la réforme des retraites, qui a reporté l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Plusieurs « leviers » sont suggérés par l’exécutif : favoriser l’accès à la formation, améliorer les conditions de travail, aménager les fins de parcours professionnel, mieux lutter contre les stéréotypes et les discriminations liés à l’âge…

Des bornes d’âge relevées

Le document d’orientation rappelle, par ailleurs, l’engagement pris dans l’accord du 10 novembre sur l’assurance-chômage : faire évoluer les règles d’indemnisation des seniors afin de prendre en compte la réforme des retraites. Aujourd’hui, les demandeurs d’emploi reçoivent une allocation plus longtemps lorsqu’ils ont 53 ou 54 ans – et encore plus longtemps à partir de 55 ans. Ces bornes d’âge vont être relevées, tout comme celle pour le départ à la retraite qui, elle, passera donc à 64 ans.

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Des programmes ciblent les seniors pour faciliter leur retour à l’emploi

Bruno, l’un des participants à la Seniors académie, est chargé de la restitution à l’oral de l’un des thèmes abordés lors de l’atelier « Rebondir sur un nouveau projet professionnel », à Laval, le 7 novembre 2023.

« Pourquoi il n’y aurait pas, comme pour les jeunes, des missions locales pour aider les seniors à trouver un emploi ? » Isabelle Stephant, une formatrice rodée aux programmes d’insertion et aux bilans de compétences, est convaincue de leur utilité potentielle, tant elle sait la recherche laborieuse pour les actifs de plus de 50 ans. Bénévole auprès de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE) en Mayenne, elle pilote la Seniors académie, un nouveau programme d’accompagnement renforcé et gratuit de deux mois, pour dix demandeurs d’emploi qui vivent dans le département.

Pas de château cosy pour héberger les dix-huit ateliers et les sessions de coaching individuel prévus, mais une salle prêtée au sous-sol d’un site d’Enedis à Laval qui, comme d’autres entreprises locales, compte un représentant parmi les parrains et marraines associés à chacun des participants. Avant que la Seniors académie ne se termine pour eux mi-novembre, les voilà conviés à un atelier « Rebondir sur un nouveau projet professionnel ».

Rebondir, ils l’espèrent tous. Alors que le taux de chômage en Mayenne (4,7 %) est bien plus bas que la moyenne nationale (7,2 %) à la mi-2023, celui des seniors est quasiment multiplié par deux. Face à cette situation critique, des initiatives comme celle-ci, pilotées par des associations ou des entreprises, souhaitent s’inspirer de dispositifs généralistes de retour à l’emploi, en les ciblant sur les personnes en deuxième partie de carrière.

En les observant prendre place autour d’une table en U, rien ne permet vraiment de déterminer un trait commun entre les trois femmes et les six hommes présents ce 7 novembre. « C’est un groupe hétérogène en termes d’âge, de secteurs d’activité et de formation initiale », prévient Isabelle Stephant. Si ce n’est « un à deux ans minimum de chômage », précise Julien, un ancien militaire devenu technicien informatique, le benjamin à 47 ans du groupe avec Aziza, une auxiliaire de vie.

A côté de lui se trouve Bruno, un ancien hôtelier et gérant de bar, en quête à 69 ans d’un revenu pour compléter sa retraite. Pour les sortir d’un isolement plus ou moins important, tous ont été aiguillés ici par Pôle emploi, le département, l’agglomération ou bien Cap Emploi, qui accompagne les personnes en situation de handicap.

Absences de réponse et fins de non-recevoir

La plupart d’entre eux avaient déjà suivi des réunions pour refaire son CV ou découvrir des secteurs qui recrutent. Là, c’est plus intense. En plus d’un groupe WhatsApp où ils échangent, ils passent dix à vingt heures par semaine ensemble, comprenant des techniques de recherche d’emploi, des simulations d’entretien, des visites d’entreprise ainsi que du théâtre et du sport pour souder le groupe et la confiance en soi. Avant leur dernière semaine commune, ils ont une nouvelle requête pour Isabelle Stephant : un document qui recenserait les aides locales et nationales à l’embauche ou les exonérations sociales dont pourraient bénéficier leurs futurs employeurs.

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Grèves à la SNCF : qu’ont obtenu les cheminots par des mouvements sociaux lors des fêtes de fin d’année ?

Le syndicat SUD-Rail n’exclut pas de faire grève pendant les vacances de Noël, faisant ainsi ressurgir la crainte chez les usagers de voir leur train retardé ou supprimé. D’un côté, la direction de la SNCF propose une « augmentation moyenne » des salaires de 4,6 % pour 2024. De l’autre, SUD-Rail, troisième syndicat représentatif dans l’entreprise ferroviaire, demande « 400 euros d’augmentation mensuelle pour tous ». Les syndicats ont jusqu’au mercredi 22 novembre pour signer l’accord formulé dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire (NAO) – la CFDT-Cheminots et l’UNSA-Ferroviaire l’ont déjà ratifié.

Le mois de décembre est propice aux rapports de force entre les syndicats et la compagnie du rail. « Historiquement, c’est le moment du changement de service [la modification annuelle des horaires de trains], sur lequel se greffe une multiplicité des occasions » de faire grève, analyse Gilles Dansart, journaliste fondateur du média spécialisé Mobilettre, qui énumère le pouvoir d’achat ou encore la NAO. Le Monde passe en revue les mobilisations marquantes de fin d’année à la SNCF depuis dix ans – des mouvements aux résultats contrastés.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés A la SNCF, climat social tendu et menace de grèves

2022 : les contrôleurs obtiennent une augmentation d’indemnité après un mouvement inédit

La fin de l’année 2022 a donné lieu à une mobilisation à la forme inédite et particulièrement impopulaire auprès des usagers : les contrôleurs se sont organisés sur les réseaux sociaux en formant un collectif, délaissant le cadre traditionnel des organisations syndicales – qui ont toutefois porté les revendications et déposé des préavis. Pour Gilles Dansart, ce conflit social « a émergé en septembre et a pourri par négligence de la hiérarchie ». Avant de se concrétiser par un mouvement de grève des contrôleurs à partir du premier week-end de décembre.

Ce bras de fer s’est soldé in extremis avant Noël, alors que le gouvernement avait mis la pression sur la compagnie ferroviaire pour trouver une issue au conflit social. Les chefs de bord ont obtenu, notamment, une augmentation de leur indemnité (qui compte dans le calcul de la pension de retraite) et des créations de postes. « Pour moi, c’est une des grèves où il y a eu le plus d’avancées sociales », estime Fabien Villedieu, délégué syndical SUD-Rail depuis vingt-trois ans, qui ajoute avoir « plutôt l’habitude de se battre sur les conditions de travail. La question salariale a pris de l’importance depuis 2020 ».

La fin du conflit a permis d’assurer un trafic normal pour le Nouvel An, mais le week-end de Noël est resté perturbé – jusqu’à 50 % d’annulations sur les axes TGV Nord et Atlantique. Des Ouigo et des Intercités ont aussi été supprimés. Au total, quelque 200 000 voyageurs, sur les 800 000 prévus, ont vu leur train annulé.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Grève des contrôleurs de la SNCF : aux racines d’un conflit hors norme

2021 : des primes obtenues pour les conducteurs et contrôleurs du TGV Sud-Est

Cette fois, c’est une menace localisée, mais sur un axe fréquenté, qui a plané sur les grands départs. Jeudi 16 décembre, avant le premier week-end de vacances, les syndicats CGT-Cheminots et SUD-Rail lèvent finalement leur appel à la grève, prévue le lendemain, sur la ligne du TGV Sud-Est. Des primes de 600 euros pour les conducteurs et de 300 euros pour les contrôleurs ont été obtenues à la suite d’un accord avec la direction de la SNCF de l’axe TGV Sud-Est.

Faute de pouvoir mettre en état de fonctionnement toutes les rames à temps, 50 000 voyageurs ont été privés de train. Les appels à la grève ont été levés « trop tardivement sur le plan opérationnel pour assurer une remontée » du nombre de TGV en circulation, explique la direction.

2019 : une grève inédite contre la réforme des retraites

La mobilisation de 2019 à la SNCF est historique. La grève contre la réforme des retraites d’alors commence le lundi 5 décembre et entraîne la suppression de 90 % du trafic des TGV et des Transiliens, des trains de banlieue desservant principalement les gares franciliennes. La mobilisation continue s’est étendue jusqu’à janvier, dépassant ainsi le record de 1986-1987. « A l’époque, il y a eu des débats entre organisations syndicales, mais la plupart étaient d’accord sur l’idée qu’il ne fallait pas arrêter le mouvement pendant les fêtes », rapporte Stéphane Sirot, historien spécialiste de la sociologie des grèves.

La forte mobilisation des cheminots vise le projet du gouvernement qui envisage d’instaurer un système de retraites par points supprimant les régimes spéciaux. Ce sont 30 % à 40 % des agents de la SNCF et de la RATP qui peuvent être concernés par la réforme – qui sera finalement abandonnée sous cette forme en mars 2020.

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Financièrement, la SNCF a souffert de la contestation : après onze premiers mois « très dynamiques », le groupe public a accusé une perte nette de 801 millions d’euros sur l’année. Les vingt-sept jours de grève en décembre ont représenté environ 690 millions d’euros de manque à gagner de chiffre d’affaires, a estimé l’entreprise.

2013 : une opposition à la réforme ferroviaire

A la mi-décembre 2013, une grève est lancée par cinq syndicats pour contester le projet de réforme ferroviaire visant à rassembler l’exploitant SNCF et le gestionnaire d’infrastructures Réseau ferré de France en un établissement public à caractère industriel et commercial chapeautant deux branches, SNCF Réseau et SNCF Mobilités. Avec cette nouvelle configuration, les syndicats redoutent un « éclatement de la SNCF ».

Le trafic des TGV et TER est légèrement perturbé. C’est en Ile-de-France que la circulation est la plus entravée, avec un train sur quatre sur la ligne B du RER, qui relie notamment Paris aux aéroports de Paris – Charles-de-Gaulle et Paris-Orly. Une mobilisation de moindre importance comparée à celle de juin, portant sur le même enjeu, qui avait été suivie en moyenne par un cheminot sur trois (68,6 % des agents de conduite et 70,4 % des contrôleurs).

La réforme a finalement été adoptée au Parlement et promulguée à l’été 2014. Quatre ans plus tard, une autre réforme organisationnelle a touché la SNCF : celle du « nouveau pacte ferroviaire », qui a supprimé le statut de cheminot pour les nouveaux embauchés à partir de 2020 et organisé l’ouverture à la concurrence pour le transport de voyageurs. Cette grève de trente-six jours, étalée sur le printemps 2018, a coûté 770 millions d’euros de profit opérationnel à l’entreprise, divisant par dix le bénéfice net part du groupe (141 millions d’euros) par rapport à l’année passée.