Archive dans août 2023

« Que sait-on du travail ? » : l’insertion des jeunes non qualifiés, un problème français

12,8 % : c’est la part des jeunes Français de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation en 2021. Un chiffre juste en dessous de la moyenne européenne (13,1 %), mais bien supérieur au taux allemand (9,2 %) ou au taux danois (8,3 %). Si l’on se penche sur les données d’Eurostat, la France est surtout l’un des pays où ce chiffre baisse le moins rapidement, voire stagne (12,6 % en 2008), alors que la moyenne européenne a chuté de trois points depuis 2014. La faute à un problème structurel, qui a à voir avec le modèle de formation « à la française ».

C’est en tout cas ce que décrit l’économiste Bernard Gazier dans un article réalisé pour le projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec le Liepp et les Presses de Sciences Po, sur la chaîne Emploi de Lemonde.fr.

Cette catégorie, parfois désignée par l’acronyme anglais NEET (« Not in Education, Employment or Training »), est un ensemble hétéroclite : on y retrouve des jeunes découragés à la suite d’un décrochage scolaire, malades, invalides, au chômage récurrent ou durable, ou encore de jeunes mères se retirant du marché du travail.

Les NEET français ont en commun des difficultés particulièrement tenaces à s’insérer ou se réinsérer : 16 % des jeunes NEET français étaient chômeurs de longue durée en 2019, soit deux points de plus que la moyenne européenne. L’économiste montre même que les effectifs au chômage de longue durée sont remarquablement stables pour chaque tranche de cinq ans, entre 19 et 39 ans.

Comment expliquer cette population éloignée durablement de la vie active ? La plupart du temps, « les difficultés d’insertion rencontrées par les NEET seraient dues avant tout à leur faible qualification initiale », l’abandon avant le niveau CAP ou BEP étant le plus préjudiciable. Seuls 12 % des non-diplômés accèdent à un emploi pérenne, rappelle l’auteur, qui justifie ces sorties de route par « un système de formation initiale stratifié et excluant ».

Le succès récent de l’alternance

En effet, dans la suite de leur parcours, sans compter les nombreux répondants aux études qui invoquent des responsabilités familiales pour justifier leur prise de distance vis-à-vis du marché du travail, les NEET font l’épreuve d’emplois précaires, de faible qualité, décourageants. M. Gazier insiste d’ailleurs sur l’aggravation récente de la segmentation entre « bons » emplois et emplois précaires, qui renforce cette mise à l’écart des NEET.

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« Les ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en France : un défi qui reste à relever »

[Pourquoi le nombre de jeunes sans emploi non qualifiés plafonne-t-il en France ? Bernard Gazier est professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris-I et a développé l’essentiel de ses recherches en économie du travail. Il a notamment étudié l’organisation des carrières et des transitions professionnelles et personnelles tout au long de la vie, et travaillé sur les reconversions professionnelles, le dialogue social territorial, la diversité des formes d’emploi et les transitions entre l’école et la vie active. Il a récemment publié en 2023, avec Günther Schmid, Lutz Bellmann et Janine Leschke, « Governing Sustainable School to Work Transitions : Lessons for the EU ». Dans ce texte, il se penche sur les difficultés persistantes de la réinsertion de ces publics.]

Garantie jeunes, plan « 1 jeune, 1 solution », plan d’investissement dans les compétences… Longue est la liste des initiatives souvent massives et coûteuses prises récemment en France par les pouvoirs publics en faveur des jeunes sans emploi non qualifiés. Ce qui toutefois reste frappant, c’est la persistance d’un nombre élevé de jeunes « ni en emploi, ni en études, ni en formation » ou encore « Not in Education, Employment or Training » (NEET) selon l’acronyme anglais.

En effet, les derniers chiffres disponibles en provenance d’Eurostat [l’office européen des statistiques] et qui portent sur 2021 montrent que la part des NEET parmi les jeunes de 15 à 29 ans dans notre pays reste proche de la moyenne européenne : 12,8 %, face à 13,1 % pour l’Europe à vingt-sept et 13 % pour la zone euro. D’autres pays font beaucoup mieux que le nôtre : 9,2 % pour l’Allemagne, 8,3 pour le Danemark – et hors Union européenne, entre 7,7 % et 6,2 % en Suisse (Schmid et al., 2023). Parmi les grands pays européens, seules l’Espagne et l’Italie font clairement moins bien que la France.

Les évolutions depuis 2014 ne montrent guère de tendances à l’amélioration : la part des NEET des 15-29 ans en France fluctue entre 13,4 % et 12,4 %, alors que la moyenne de l’Union européenne (UE) à vingt-sept a baissé de 16,1 % en 2014 à 13,1 % en 2021.

Observation complémentaire : les NEET sont majoritairement des jeunes femmes. Pour 2021, le taux de NEET dans l’Europe à vingt-sept est de 13,1 %, mais pour les femmes il est de 14,5 % tandis que pour les hommes il est de 11,8 %.

Pour comprendre et faire face à ce défi persistant, plusieurs étapes sont nécessaires.

La première est de reconnaître la diversité des situations que l’on regroupe sous cet intitulé négatif « ni, ni, ni ».

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Dans le secteur de la coiffure, le modèle du « salon » remis en question

Les coiffeurs freelance David Vincent Marotta (au premier plan) et Charlotte Brochot (derrière le miroir), à l’espace de « coworking » La Fabrica, à Paris, le 17 août 2023.

« Je voulais avoir la liberté d’exécuter mon métier sans contraintes. Aujourd’hui, je peux travailler à 6 heures, à 22 heures, le dimanche. Je choisis mes clients, j’ai une vraie relation avec eux, je ne passe plus mon temps à courir. »

Après trente ans dans la coiffure, David Marotta confie qu’il n’a jamais été aussi heureux dans l’exercice de son métier. Après avoir dirigé un salon pendant dix ans, il s’est lancé en tant que free-lance en 2019 et exerce à La Fabrica, dans le 9e arrondissement de Paris.

Ici, tout ressemble à un salon de coiffure, sauf qu’il n’y a ni patron ni salariés : La Fabrica est un lieu où une quarantaine de coiffeurs microentrepreneurs louent des sièges à l’heure (pour 15 euros), la journée ou le mois, pour recevoir leurs clients. Impossible, donc, de se faire couper les cheveux à l’improviste, puisque la réservation est obligatoire. Impossible, aussi, de distinguer qui est client et qui est coiffeur, dans l’espace où tous peuvent se détendre autour d’un verre en attendant leur rendez-vous.

« Un état d’esprit »

Ce lieu est un « coworking » de coiffeurs, selon leurs fondateurs, Julien Dauger et Nicolas Auber, ingénieurs de formation. Le modèle, inspiré des Etats-Unis, émerge dans plusieurs métropoles. Chaque artisan y a sa spécialité : cheveux bouclés, extensions, couleur… L’un d’entre eux ne propose même que des coupes mulet. « On n’est pas concurrents, on est complémentaires, témoigne David Marotta. J’envoie certains clients à d’autres, on s’échange des conseils, c’est un état d’esprit. »

Deuxième secteur de l’artisanat en France, la coiffure est en pleine réinvention. Selon le cabinet Altares, 602 salons ont été déclarés en faillite au premier semestre, soit une hausse de 49 % par rapport à la même période de 2022, et de 181 % par rapport à 2021. Cette fragilité s’explique par l’inflation, car elle a aussi bien fait exploser les charges des commerces (eau, électricité, produits) qu’elle a réduit le pouvoir d’achat des clients, qui espacent un peu plus leurs passages sous les ciseaux. La pandémie de Covid-19 est aussi passée par là : près de 20 000 salons doivent aujourd’hui rembourser leur prêt garanti par l’Etat.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Salon recherche coiffeur désespérément

Mais l’inflation accélère un mouvement à l’œuvre depuis plusieurs années : le secteur étant très concurrentiel, en particulier dans les grandes villes, les ouvertures et fermetures sont fréquentes. Ce sont surtout les petits salons qui peinent à survivre, d’autant que les difficultés de recrutement sont aussi à un niveau record. Selon l’enquête Besoins en main-d’œuvre 2023 de Pôle emploi, 77,4 % des recrutements de coiffeurs et esthéticiens sont jugés difficiles, contre 61 % pour l’ensemble des métiers.

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Assistante maternelle ou nounou à domicile : le coût de la garde d’enfant, par département

Combien coûte la garde d’un jeune enfant ? Les parents cherchant à se faire une idée doivent s’attendre à de longues soirées de recherches sur Internet…

L’affaire est complexe : il faut comparer des modes de garde individuels et collectifs aux logiques et aux prix très différents, prendre en compte les aides financières, les crédits d’impôt, les cotisations sociales, etc. Le tout variant selon les modes de garde, mais aussi en fonction de la situation de la famille (revenus, composition, etc.) et de l’endroit où elle vit.

Un baromètre annuel peut donner des repères, celui de l’Observatoire de l’emploi à domicile ; il liste les coûts moyens par département pour les parents employeurs. L’édition 2023 est parue le 12 juillet.

Salaire horaire net moyen de l’assistant(e) maternel(le) au dernier trimestre 2022 : 3,78 euros par enfant accueilli, indique le baromètre – un chiffre en hausse de 2,4 % sur un an. « Il varie toutefois beaucoup selon les localisations, de 3,20 euros dans l’Orne ou la Sarthe à 4,70 euros à La Réunion, soit un écart de 47 % », précise Zied Chaker, chargé d’études et d’évaluation des politiques publiques de cet observatoire, qui dépend de la Fédération des particuliers employeurs de France (Fepem).

Outre La Réunion, les départements les plus chers sont la Haute-Corse (4,60 euros), la Corse-du-Sud (4,50 euros), les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var, les Hauts-de-Seine et la Guyane (4,40 euros).

Ces moyennes se basent sur les données salariales transmises par l’Urssaf. Les plus fortes hausses sur un an ont été constatées en Guyane, à La Réunion et dans la Sarthe (+ 4,5 %), les plus faibles en Haute-Loire (0 %) et dans les Alpes-de-Haute-Provence (+ 0,2 %).

« Les écarts s’expliquent par le jeu de l’offre et de la demande, et on commence dans certains départements, notamment en outre-mer, dans le Sud et dans l’Ouest, à constater un début de pénurie d’assistantes maternelles, surtout dû aux départs à la retraite », analyse Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fepem.

Crédit d’impôt en hausse

Le salaire horaire net moyen de la garde à domicile se situe, quant à lui, à 10,07 euros, en hausse de 4,2 % sur un an. La Creuse affiche la plus basse moyenne, 9,10 euros, l’Ain la plus haute, 10,60 euros. Les plus fortes hausses sont intervenues dans l’Eure (+ 7,1 %), la Sarthe (7,2 %) et la Haute-Marne (7,6 %). La garde à domicile, encore appelée « nounou à domicile », travaille chez les parents, alors que l’assistant(e) maternel(le) exerce à son propre domicile.

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« La croissance de l’emploi est maximale pour une répartition de deux tiers pour les salaires et d’un tiers pour les profits »

En 1817, l’économiste anglais David Ricardo (1772-1823) avait considéré que la répartition des revenus entre profits et salaires était le principal problème de l’économie politique. En réalité, Ricardo fut très marqué par Adam Smith (1723-1790) qui, dès 1776, a fait le constat que les Hollandais avaient de meilleurs salaires que les Anglais, alors que les profits de leurs entreprises étaient plus faibles ! De nos jours, on dirait que les profits ne ruissellent pas sur l’économie et qu’une répartition des revenus favorable aux salariés peut stimuler la croissance économique.

Ainsi, ces deux économistes, les pères du libéralisme économique, avaient des questionnements sur le partage salaire-profit que leurs successeurs ont oublié ! En effet, ces derniers se sont égarés pendant trop longtemps dans l’idée que les profits s’annuleraient avec la concurrence, ou qu’ils seraient illégitimes, ou enfin qu’ils dépendraient des rapports de force entre les classes sociales.

Deux cent six ans après, nous sommes convaincus de la nécessité de relever le défi de Ricardo et de comprendre les « lois » de la répartition des revenus dans les économies capitalistes contemporaines. C’est la première conclusion que nous tirons de l’observation des performances des économies avancées depuis plusieurs décennies.

L’économie américaine l’illustre de manière exemplaire. De 1875 à 2000, pendant une exceptionnelle période de prospérité, en tendance, la part du profit dans le revenu sur le long terme connaît une moyenne proche d’un tiers. Par exemple, elle est de 34,3 % de 1961 à 2000, associée à une croissance forte et régulière, en moyenne annuelle de 3,5 %. Depuis le tournant des années 2000, la part du profit n’a cessé de croître pour atteindre 39 % ces dernières années, tandis que la croissance économique était divisée par deux après la « grande récession » de 2008.

Nulle trace d’un effet de « ruissellement »

Le Japon a vu ses performances macroéconomiques se dégrader de manière continue depuis le krach boursier de 1991, avec une quasi-stagnation depuis 2008 ; là aussi, la part du profit bat tous les records et atteint jusqu’à 40 %. L’Italie, avec une part du profit d’au moins 39 % depuis les années 1990, sombre dans la dépression économique après 2008.

A l’évidence, dans les économies avancées du début du XXIe siècle, l’accroissement important de la part du profit est associé à un sévère ralentissement économique, voire à la stagnation, mais aussi au fléchissement des investissements. En définitive, on ne trouve nulle part trace d’un supposé effet de « ruissellement » sur les économies !

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Daniel Kretinsky, nouveau poids lourd de l’emploi en France

De quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers de salariés. Dans quelques semaines, une fois définitivement signés les projets d’acquisition du distributeur Casino, de l’éditeur Editis et de TechFoundations, la division infogérance d’Atos, Daniel Kretinsky s’imposera comme l’un des premiers employeurs de France. Pas loin de 80 000 personnes auront l’homme d’affaires tchèque comme propriétaire à 100 % ou comme premier actionnaire.

Les médias (M. Kretinsky est actionnaire indirect du Monde), secteur dans lequel la première acquisition remonte à 2018 avec l’hebdomadaire Marianne, puis l’achat, en 2019, des activités françaises de l’énergéticien allemand Uniper, lui ont ouvert les portes de l’Hexagone, mais ces métiers n’emploient respectivement que 700 et 400 personnes.

Lire aussi le décryptage : Article réservé à nos abonnés Les défis de Daniel Kretinsky, nouveau maître de Casino

Rien à voir avec les 50 000 salariés de Casino en France. A eux seuls, les effectifs français du distributeur représentent précisément le double de ceux d’EPH, le groupe d’énergie de l’homme d’affaires tchèque, celui qui a fait sa fortune dans les centrales à charbon et qui lui permet d’enchaîner les acquisitions un peu partout en Europe. A ces 50 000 employés chez Casino, il faut ajouter les 19 000 du distributeur Fnac-Darty, dont M. Kretinsky détient 25 % du capital, les 6 000 informaticiens de TechFoundations et les 2 500 collaborateurs d’Editis.

Un argument de poids

Cette nouvelle responsabilité sociale en France engage autrement plus le milliardaire tchèque que s’il était resté cantonné aux médias et à l’énergie. Denis Olivennes, qui conseille M. Kretinsky dans la presse et l’édition, aime présenter son patron comme un bâtisseur et non comme un spéculateur. Pour emporter Casino, M. Kretinsky, associé pour l’occasion à Fimalac, la holding de Marc Ladreit de Lacharrière, et au fonds britannique Attestor, savait bien qu’il devait montrer patte blanche sur le volet social pour rassurer le ministère de l’économie et la mairie de Saint-Etienne, berceau du distributeur.

« Il n’est pas question que le siège historique du groupe soit menacé par la reprise, quel que soit le repreneur qui sera choisi », avait lancé le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, devant les députés le 11 juillet, alors que Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari étaient eux aussi en course pour s’emparer de Casino. Message entendu : MM. Kretinsky et Ladreit de Lacharrière se sont engagés dans l’accord signé le 27 juillet à maintenir l’emploi en France, à préserver le siège stéphanois, qui compte 1 500 personnes, et à garder le plus possible d’hypermarchés et de supermarchés.

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Clap de fin pour la librairie française de Jérusalem

La librairie française de Jérusalem Vice Versa a mis la clé sous la porte jeudi 27 juillet, alors qu’elle aurait dû fêter ses 23 ans quelques jours plus tard. Sa directrice, Nathalie Hirschsprung, qui avait repris ce magasin en 2019, était confrontée à une érosion des ventes depuis deux ans. « J’ai perdu, au cours de cette période, la moitié de mes clients en raison de la concurrence de Lireka. » Cette librairie en ligne vise les deux millions d’expatriés français dans le monde et tous les francophones en proposant des tarifs attractifs, inférieurs à ceux d’Amazon pour des délais de livraison équivalents.

Malgré 71 400 euros d’aides versées par le Centre national du livre (CNL) depuis 2019, Nathalie Hirschsprung accuse aussi « l’absence de commandes » significatives « des institutions françaises en Israël ». Aucune législation ne protégeant les locataires, elle risque, dit-elle, si son propriétaire n’est pas arrangeant, de « devoir payer le loyer jusqu’à la fin du bail, en décembre 2024 », malgré sa faillite.

Marc Bordier, cofondateur de Lireka, trouve « un peu facile de désigner [sa start-up] comme bouc émissaire, d’autant plus qu’il existe de nombreux autres facteurs, la hausse des loyers, des charges de personnel ou du tarif de l’énergie… qui fragilisent toutes les librairies ». Présente en Israël depuis deux ans, son entreprise y « envoie des commandes de livres, avec un panier minimum de 50 euros, et inclut dans ses tarifs le prix du transport par Fedex et de la TVA locale à 17 % », explique-t-il.

Lireka est adossée à la librairie grenobloise Arthaud, et Marc Bordier sait « à quel point le modèle de la librairie indépendante peut être fragile et la concurrence difficile ». Israël est devenu son quatrième marché, après les Etats-Unis, en tête, puis le Canada et la France. « Nos ventes ont progressé en Israël, mais pas plus qu’ailleurs », dit-il.

Un audit sur les librairies françaises

Le ministère de la culture va lancer à l’automne une étude mondiale sur la situation économique de ces librairies françaises de l’étranger (LFE), ce qui permettra, précise le CNL, « de mesurer l’impact de Lireka sur leur clientèle ».

Considérées comme l’emblème de la francophonie, de l’exception française ou encore comme la vitrine de l’édition hexagonale, ces LFE souffrent de maux toujours plus violents : délais de livraison trop longs , prix de vente plus élevés qu’en France, explosion des coûts des transports et concurrence sévère des plates-formes numériques comme Amazon et Lireka.

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Près de Bordeaux, cinq ouvriers « dans un état grave » après la chute d’une nacelle

Cinq ouvriers du port autonome de Bordeaux sont « dans un état grave » après la chute d’une nacelle de chantier vendredi 4 août, a appris l’Agence France-Presse auprès de la préfecture et des pompiers de Gironde. Selon ces derniers, qui sont intervenus vers 10 heures, ces cinq hommes âgés de 21 à 40 ans ont été hospitalisés en « urgence absolue » au CHU de Bordeaux, dont un évacué par hélicoptère. Les victimes « ont été transportées dans un état grave », a confirmé la préfecture.

Selon le journal Sud Ouest, la nacelle se situait à une dizaine de mètres au-dessus du sol quand elle aurait basculé. L’accident est survenu sur les quais de Bassens, au nord de Bordeaux. Le ministre des transports, Clément Beaune, a adressé sur X (anciennement Twitter) « toutes [ses] pensées aux ouvriers blessés, dont certains grièvement, ainsi qu’à leurs collègues et leurs proches ». Une enquête a été ouverte.

Le Monde avec AFP

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Assurance-chômage : le gouvernement impose un cadre strict pour les négociations

La première ministre française Elisabeth Borne avant une réunion avec les syndicats et le patronat à Matignon, à Paris, le 12 juillet 2023.

Les syndicats et le patronat reprennent la main, mais avec une liberté de mouvement très réduite. Mardi 1er août, Matignon leur a envoyé un « document de cadrage » pour baliser la négociation qu’ils vont engager, en principe, au sujet du régime de l’assurance-chômage. Qualifiée de « peu prescriptive » par le ministère du travail, cette feuille de route oriente, en réalité, les discussions dans un sens extrêmement précis : non seulement il n’est pas question de revenir sur les acquis des réformes décidées depuis 2019, mais les partenaires sociaux devront, de surcroît, faire un effort supplémentaire pour financer les politiques en faveur de l’emploi et de la formation. Des injonctions qui déplaisent aux organisations de salariés, à tel point que certaines d’entre elles se demandent si elles participeront aux pourparlers.

Avec le cahier des charges qui leur a été transmis mardi, les représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise retrouvent un rôle dont ils avaient été dépossédés sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Normalement, ce sont eux qui fixent les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi, sous réserve de parvenir à un accord et en se conformant à une lettre de cadrage rédigée par le pouvoir en place. Mais, n’ayant pu s’entendre en 2019, ils se sont effacés au profit de l’Etat, qui a modifié le système à travers une série de décrets publiés au cours des quatre dernières années.

Ces dispositions ont été synonymes de potion amère pour les chômeurs : période de cotisation plus longue pour pouvoir accéder au régime, changement du calcul de l’allocation entraînant une baisse du montant mensuel versé aux personnes ayant accumulé des contrats courts, dégressivité de la prestation pour ceux dont le salaire dépassait 4 850 euros par mois quand ils étaient en activité… Les dernières mesures, prises en janvier, vont réduire la durée d’indemnisation, selon le principe de « contracyclicité », qui offre un traitement favorable aux demandeurs d’emploi quand le marché du travail se porte mal – et moins généreux lorsque les entreprises embauchent à tour de bras.

Toutes ces normes cessant de s’appliquer le 31 décembre, il faut définir celles qui prévaudront après, de début 2024 à fin 2026. D’où le « document de cadrage » communiqué mardi. Les partenaires sociaux redeviennent donc les « législateurs » de l’assurance-chômage, mais avec une capacité d’initiative limitée. Ainsi, le caractère « contracyclique » du système devra être préservé. De même, Matignon exprime son attachement au mode de calcul de l’allocation actuellement en vigueur.

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