« Que sait-on du travail ? » : l’insertion des jeunes non qualifiés, un problème français
12,8 % : c’est la part des jeunes Français de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation en 2021. Un chiffre juste en dessous de la moyenne européenne (13,1 %), mais bien supérieur au taux allemand (9,2 %) ou au taux danois (8,3 %). Si l’on se penche sur les données d’Eurostat, la France est surtout l’un des pays où ce chiffre baisse le moins rapidement, voire stagne (12,6 % en 2008), alors que la moyenne européenne a chuté de trois points depuis 2014. La faute à un problème structurel, qui a à voir avec le modèle de formation « à la française ».
C’est en tout cas ce que décrit l’économiste Bernard Gazier dans un article réalisé pour le projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec le Liepp et les Presses de Sciences Po, sur la chaîne Emploi de Lemonde.fr.
Cette catégorie, parfois désignée par l’acronyme anglais NEET (« Not in Education, Employment or Training »), est un ensemble hétéroclite : on y retrouve des jeunes découragés à la suite d’un décrochage scolaire, malades, invalides, au chômage récurrent ou durable, ou encore de jeunes mères se retirant du marché du travail.
Les NEET français ont en commun des difficultés particulièrement tenaces à s’insérer ou se réinsérer : 16 % des jeunes NEET français étaient chômeurs de longue durée en 2019, soit deux points de plus que la moyenne européenne. L’économiste montre même que les effectifs au chômage de longue durée sont remarquablement stables pour chaque tranche de cinq ans, entre 19 et 39 ans.
Comment expliquer cette population éloignée durablement de la vie active ? La plupart du temps, « les difficultés d’insertion rencontrées par les NEET seraient dues avant tout à leur faible qualification initiale », l’abandon avant le niveau CAP ou BEP étant le plus préjudiciable. Seuls 12 % des non-diplômés accèdent à un emploi pérenne, rappelle l’auteur, qui justifie ces sorties de route par « un système de formation initiale stratifié et excluant ».
Le succès récent de l’alternance
En effet, dans la suite de leur parcours, sans compter les nombreux répondants aux études qui invoquent des responsabilités familiales pour justifier leur prise de distance vis-à-vis du marché du travail, les NEET font l’épreuve d’emplois précaires, de faible qualité, décourageants. M. Gazier insiste d’ailleurs sur l’aggravation récente de la segmentation entre « bons » emplois et emplois précaires, qui renforce cette mise à l’écart des NEET.
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