Archive dans 2022

« Nous, directeurs d’école d’architecture, appelons à un investissement massif dans l’enseignement de l’architecture afin de former les futurs acteurs de la transition »

Les directeurs des vingt écoles nationales supérieures d’architecture, qui s’expriment dans une tribune au « Monde », craignent que la France ne souffre bientôt d’une pénurie d’architectes si rien n’est fait. Ce métier est pourtant au cœur des enjeux de lutte contre le réchauffement climatique et de sauvegarde de la biodiversité.

RTE, Enedis, EDF et GRDF : huissiers, poursuites en justice, gardes à vue, le dialogue social vire à l’aigre

Genou à terre en hommage au collègue suicidé, pendant la grève des salariés de GRDF, sur le site de Trudaine, à l'appel du syndicat CGT-Energie et UGICT, le 24 novembre 2022, à Paris, France.

C’est une caméra à vision nocturne. De celle qu’on peut installer dans son jardin pour surveiller la faune. Des élus du personnel de GRDF l’ont découverte en juillet dans un tunnel qui relie le siège social du distributeur de gaz, rue Condorcet à Paris, à la direction réseau Ile-de-France, dans la rue Pétrelle voisine. Et ce, deux jours après que des grévistes ont emprunté ce tunnel pour faire entendre, côté siège, leur demande d’augmentation de salaire.

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La CGT Energie Paris a porté plainte contre X le 27 juillet, selon son avocat, pour atteinte au droit à l’image et au respect de la vie privée. L’exploitation de la carte mémoire de la caméra ne laisserait aucun doute : elle accuse un cadre de GRDF de l’avoir installée là au lendemain de la manifestation, en dehors de tout cadre légal.

Quatre mois plus tard, devant l’établissement GRDF de l’avenue de Trudaine à Paris, l’incident est présenté par Cédric Liechti, secrétaire général de la CGT-Energie Paris, comme l’un des signes de « la criminalisation syndicale à des niveaux jamais atteints » dans les entreprises de l’énergie. « La direction a décidé de piéger les grévistes. Ce genre de barbouzeries, c’est du jamais-vu ! », s’indigne-t-il. Les agents en grève autour de lui sont en tenue d’intervention, casque et veste de pompier, pour rappeler la dangerosité de leur métier. Lui porte un sweat noir, floqué en rouge d’une inscription qui en dit long sur l’état des relations entre la direction du groupe et la CGT-Energie : « Collectif Trud-Haine ».

Tags insultants

Interrogée sur l’incident « caméra » de l’été, GRDF répond qu’il est de sa responsabilité « de sécuriser » l’accès à ses sites. L’entreprise fustige par ailleurs qu’une « minorité » en grève ait mis à mal la chaîne de sécurité gaz et retardé des interventions, privant de gaz 1 500 foyers fin novembre.

Car le conflit persiste alors que la direction a conclu un accord sur les salaires, le 18 novembre, avec la CFDT, la CFE-Energie et FO, majoritaires à eux trois (52 %). La CGT (48 % des voix) demande qu’il soit renégocié, revendiquant 4,6 % d’augmentation pour tous, plutôt que 2,3 % pour tous et 2,2 % individuelles. Appelant au respect de la « démocratie », les syndicats signataires ont dénoncé « des pressions morales et physiques », notamment des tags insultants, sur les sites de travail.

Une ambiance emblématique de celle qui a entouré les demandes de revalorisations salariales dans les entreprises des industries électriques et gazières (IEG) depuis le printemps. En mars et avril, les CRS sont intervenus à plusieurs reprises sur des piquets de grève des agents de maintenance de RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité) à Orléans (Loiret), Nantes (Loire-Atlantique) et Saumur (Maine-et-Loire).

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Plus diplômée, la génération 2017 s’insère mieux sur le marché du travail, selon le Céreq

Qui sont les jeunes arrivés sur le marché du travail en 2017 ? Près de 80 % ont un bac, près de 50 % sont diplômés de l’enseignement supérieur, 12 % n’ont aucun diplôme – soit 90 000 jeunes. L’enquête Génération 2017, publiée jeudi 1er décembre par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), analyse les différences de conditions d’accès à l’emploi, trois ans après que la cohorte a quitté le système scolaire ou d’enseignement supérieur.

Les 25 000 jeunes qui ont répondu à cette enquête sont représentatifs des 746 000 qui ont quitté pour la première fois le système éducatif français à tous niveaux de formation en 2017. Ils ont été interrogés sur leur parcours scolaire et leurs trois premières années de vie active à l’aide d’un calendrier mensuel, retraçant finement leurs activités au cours de la période.

Plus diplômée que les précédentes, la génération 2017 est aussi mieux lotie en termes d’insertion professionnelle, constate le Cereq : l’accès à l’emploi à durée indéterminée devient plus fréquent et rapide, tendance qui vaut pour tous les jeunes.

La part des emplois à durée indéterminée représente 72 % des emplois occupés en octobre 2020, soit 6 points de plus par rapport à la génération 2010, la précédente à avoir été scrutée. « Cette génération connaît un taux de chômage en baisse sensible, comparé à celle de 2010, qui avait subi de plein fouet la crise économique de 2008, relève Céline Gasquet, directrice scientifique. En revanche, les inégalités sur le marché du travail restent très marquées par le niveau de diplôme et tendent même à s’accroître. »

Un quart des jeunes travaillent pendant leurs études

L’influence de l’origine sociale sur la poursuite d’études est réelle : 57 % des enfants de cadres sortent diplômés du supérieur long contre 8 % des enfants d’ouvriers. Les diplômés bac + 5 ont quatre fois plus souvent une mère cadre (35 %) que les non-diplômés (9 %). Si 60 % de la génération ont poursuivi leurs études après le bac, 22 % d’entre eux ont échoué dans l’enseignement supérieur.

Le travail au cours des études a concerné 27 % de la cohorte, soit plus d’un quart des jeunes, en majorité des diplômés de l’université. Dans la moitié des cas, il s’agissait d’un emploi régulier de plus de huit heures par semaine, sans lien avec les études. Ils sont 44 % à estimer que l’expérience a perturbé leur cursus, et 78 % qu’elle a tout de même permis d’acquérir des compétences utiles pour la suite.

Pourtant issus des CSP les plus favorisées, et bénéficiant pour 80 % d’entre eux de l’aide financière familiale, 38 % des diplômés d’écoles de commerce ont contracté un prêt bancaire (contre 15 % pour les diplômés bac + 5, et 7 % pour l’ensemble).

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« Non, la hausse des salaires n’entraîne pas inéluctablement une spirale inflationniste »

Le pic du taux d’inflation semble bel et bien passé. Aux Etats-Unis, où il a atteint 9,1 % en juin, le taux est redescendu à 7,7 % en octobre. Les économistes prévoient moins de 3 % en 2023, et espèrent que les Etats-Unis éviteront la récession. En Europe, l’inflation décline aussi. En Allemagne, le pic aurait été atteint en octobre avec 10,4 %, avant de diminuer à 10 %, prévu en novembre. En Espagne, il baisse depuis quatre mois, à 6,8 % en novembre après 7,3 % en octobre.

Les prévisionnistes peuvent se tromper, mais cette tendance confirme l’analyse historique des vagues de hausses de prix survenues depuis 1960 dans les pays développés, publiée le 11 novembre par six économistes du Fonds monétaire international (« Wage-Price Spirals : What is the Historical Evidence ? », Working Papers, 22/221).

Lorsque les prix commencent à monter pour une raison ou pour une autre – qu’il s’agisse d’un choc extérieur comme la hausse du pétrole arabe (en 1973) ou du gaz russe (en 2022), ou d’une trop forte quantité de liquidité circulant sur le marché, comme l’affirment les économistes qui critiquent le « laxisme » des banques centrales pendant la pandémie –, la grande crainte des gouvernements et des entreprises est de voir exploser les revendications salariales. Si les entreprises plient, elles doivent augmenter les prix pour conserver leurs marges, ce qui accroît en retour les revendications, et ainsi de suite… C’est ce que l’on appelle la « spirale prix-salaires », considérée par les économistes comme la principale cause des grandes périodes d’inflation des années 1920 ou 1970.

Stabilisation des prix

Quand, de surcroît, le redémarrage post-pandémie et la mauvaise qualité des emplois proposés dans de nombreux secteurs rendent l’embauche difficile – ce que l’on appelle la « grande démission » –, la spirale semble prête à s’enclencher. D’où le refus actuel du patronat d’une augmentation générale des salaires, d’où la réforme des allocations-chômage pour inciter les chômeurs à accepter des baisses de rémunérations, d’où, enfin, les hausses à répétition des taux d’intérêt pour limiter le crédit et ralentir l’activité – au risque, assumé, d’augmenter le chômage.

Les six économistes ont examiné toutes les périodes de l’histoire récente de 38 pays développés où l’économie a connu pendant trois trimestres consécutifs, comme aujourd’hui, une hausse des prix à la consommation et une augmentation des salaires nominaux (c’est-à-dire une augmentation supérieure à l’inflation). Ils ont identifié 79 séquences de ce type. Or, « ce qui pourra étonner », comme l’écrivent benoîtement les auteurs, une très petite minorité de ces épisodes sont suivis d’une vague d’inflation durable. La plupart débouchent pendant les huit ou neuf trimestres qui suivent sur une simple stabilisation des prix et un retour des salaires réels à leur niveau antérieur. Autrement dit, la hausse des salaires nominaux n’entraîne pas inéluctablement une spirale inflationniste.

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« Mots & illusions » : le pouvoir du jargon managérial

« Mots & illusions : quand la langue du management nous gouverne », d’Agnès Vandevelde-Rougale. 10/18, 112 pages, 6 euros.

Le livre. Prendre soin de « valoriser son potentiel » dans sa vie privée, faire en sorte que les élèves atteignent des « objectifs » à l’école maternelle, développer une « gouvernance agile » dans les universités… Aux yeux d’Agnès Vandevelde-Rougale, « les mots de l’entreprise semblent s’infiltrer partout ».

Quel est l’impact de cette évolution dans notre quotidien, dans notre rapport aux autres, dans notre manière de penser le monde qui nous entoure ? Quel est, en somme, le pouvoir de ces mots ? Ces questionnements se trouvent au cœur d’un ouvrage concis rédigé par la sociologue et anthropologue, Mots & illusions : quand la langue du management nous gouverne (10/18).

Ses recherches sur la rhétorique managériale et sa diffusion l’ont tout d’abord conduite dans les années 1980. C’est à cette période qu’un vocabulaire spécifique s’est imposé dans le monde de l’entreprise. Il s’est par la suite « propagé à travers les différentes strates de la société ». Une « évolution lexicale qui [a] accompagn[é] la diffusion de l’idéologie gestionnaire néolibérale et lui [a] donn[é] l’apparence du bon sens », explique-t-elle.

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Mme Vandevelde-Rougale reconnaît la capacité mobilisatrice de certains mots. Ils ont une influence sur l’auditoire, une aptitude à fédérer et à façonner un imaginaire partagé. « Dans un monde incertain, les promesses de croissance et de maîtrise du discours managérial peuvent être rassurantes », note-t-elle. Les entreprises ont bien compris ce pouvoir. Elles s’en saisissent pour tenter de séduire et de renvoyer une image positive, n’hésitant pas à intégrer des critiques sociales pour en tirer profit (thématique de la responsabilité sociétale, de la diversité…).

Mal-être

Dans le même temps, le vocabulaire utilisé aujourd’hui dans les organisations valorise la responsabilité individuelle, l’autonomie, et invite à « se penser comme des indépendants, à la fois responsables de la gestion de la charge de travail et de la relation avec les autres ». Une rhétorique qui peut fragiliser les individualités, prévient l’autrice, en ce qu’elle « laisse chacun seul aux prises avec ses conditions de travail ».

Elle est, en outre, accompagnée de multiples injonctions (être performant, adaptable, développer son employabilité…) qui peuvent susciter un mal-être lorsque les salariés estiment ne pas avoir la possibilité d’y répondre. Mme Vandevelde-Rougale évoque notamment les dispositifs mis en place pour améliorer le bonheur au travail. « Si, en dépit (…) des baby-foots, des séances de yoga (…), les employés ne sont pas heureux (…), ne sont-ils pas les premiers coupables ? »

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Les contrôleurs de la SNCF en grève vendredi pour une reconnaissance de leur métier

A la gare de Marseille Saint-Charles, le 3 fevrier 2021.

La page Facebook du Collectif national ASCT – pour « agent du service commercial train », soit « contrôleur », en langage courant – montre trois petits singes : le sourd, le muet et l’aveugle. Mais la légende précise que, grâce aux réseaux sociaux et à la mobilisation du groupe, tout ça, c’est fini. Les contrôleurs ont décidé de se faire entendre.

La direction de la SNCF et les voyageurs vont en faire l’expérience, du vendredi 2 au dimanche 4 décembre. Ils se mettent en grève et le mouvement sera très suivi : à 80 %, selon les syndicats. Or, pour des raisons de sécurité, un train ne peut rouler sans chef de bord.

De fortes perturbations sont donc annoncées sur les TGV et les Intercités : 60 % des trains seront annulés. Seulement un train sur quatre roulera sur l’axe Atlantique et les Ouigo, un sur trois sur les lignes TGV Est et Sud-Est, un sur deux sur le TGV Nord et les Intercités. Il n’y aura aucun train de nuit pendant le week-end.

Il faut s’attendre aussi à des perturbations dans les TER, car le mouvement ne touche pas seulement les lignes nationales, mais tout une profession. Il y aura aussi une moindre fréquence sur les lignes étrangères : aucune circulation vers l’Espagne, un train sur trois vers l’Italie et un sur deux vers l’Allemagne.

Un collectif « indépendant et très remonté »

Alors que tout le monde se préparait à la grève du 7 décembre, annoncée par les syndicats CGT, SUD-Rail et CFDT, au premier jour de la négociation annuelle sur les salaires, la révolte des contrôleurs a pris la direction de court.

Elle était pourtant prévisible. Voilà plusieurs semaines que les chefs de bord des trains se parlent sur une boucle Telegram – elle compte 670 membres – et sur leur page Facebook, un groupe de 2 922 membres, réservé « uniquement aux ASCT » et créé le 27 septembre. Il y a 3 000 contrôleurs pour les TGV et Intercités et 10 000 au total, si l’on compte leurs collègues des trains régionaux.

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Le collectif se veut « apolitique et non syndiqué » et dit « travailler pour la reconnaissance de [son] métier ». Il est précisé, dans les règles définies par les administrateurs de la page Facebook, que « les ASCT se foutent complètement des guéguerres syndicales ». Le mouvement est né du terrain, comme les « gilets jaunes ». « Ce collectif est indépendant et très remonté », constate Olivier Armand, de l’UNSA-Ferroviaire. Les syndicats l’ont vu émerger à l’automne avant les élections professionnelles, mais n’ont pu en tirer profit.

Le collectif a tout de même dû accepter l’aide des organisations syndicales représentatives pour engager le dialogue avec la direction et lancer la procédure d’alarme sociale, qui, depuis la loi Sarkozy sur le service minimum, doit ouvrir un dialogue avant la grève. Cette demande de concertation immédiate a été déposée fin octobre par SUD-Rail, l’UNSA et la CFDT. La CGT, elle, a gardé ses distances, même si les contrôleurs cégétistes sont dans le collectif. Cela lui a sans doute coûté des voix aux dernières élections, où son score est passé à 32,44 %, contre 34 % en 2018, tandis que SUD-Rail a gagné 1,5 point, à 18,67 %, pour devenir numéro un sur l’axe sud-est du TGV. C’est d’ailleurs là que le collectif est né.

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Des pistes pour réformer en profondeur la revalorisation du smic

Contexte différent, mêmes recommandations. Dans son rapport annuel, transmis mercredi 30 novembre au gouvernement et aux partenaires sociaux et auquel Le Monde a eu accès, le groupe d’experts sur le smic préconise sans surprise de ne pas donner de coup de pouce au salaire minimum au 1er janvier 2023 et propose trois pistes de réforme pour revoir en profondeur le système de revalorisation actuel.

La progression du smic est aujourd’hui indexée sur deux valeurs : l’inflation, en suivant l’indice des prix à la consommation pour les 20 % des ménages les plus modestes, et la moitié de l’accroissement annuel du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés. En temps « normal », c’est-à-dire sans inflation particulière, cette augmentation automatique a lieu le 1er janvier de chaque année. En plus de celle-ci, le gouvernement peut donner un bonus supplémentaire, le fameux « coup de pouce ». Mis en place en 2008, le groupe d’experts est justement chargé d’éclairer l’exécutif dans l’orientation à donner au salaire minimum.

En revanche, en cette période de forte inflation, qui s’élève, selon les derniers calculs de l’Insee, en septembre, à 6,2 % sur un an, les augmentations s’enchaînent. Après deux hausses en 2021, le smic a connu trois nouvelles révisions en 2022 : au 1er janvier, au 1er mai et au 1er août, soit en tout + 5,6 % sur un an (pour s’établir aujourd’hui à 11,07 euros brut de l’heure, soit 1 678,95 euros brut mensuels). Si l’on inclut la revalorisation d’octobre 2021, la hausse est même de 8 %.

« Renforcer le rôle de la négociation collective »

Par conséquent, sachant que le groupe, présidé par l’économiste et professeur à Neoma Business School, Gilbert Cette, ne recommande jamais de coup de pouce habituellement, il est jugé encore moins nécessaire dans ce climat inflationniste. « La revalorisation probable du 1er janvier 2023, liée aux mécanismes de revalorisation automatique, protégera le pouvoir d’achat des salariés au smic face à la hausse de l’indice des prix », indique ainsi le rapport. Selon les calculs du groupe, la revalorisation automatique du 1er janvier 2023 serait de l’ordre de 1,8 %.

Cette indexation du smic sur l’inflation divise les économistes et les politiques. Certains la jugent indispensable pour protéger le pouvoir d’achat des plus modestes et demandent même à appliquer la mesure à l’ensemble des salaires. D’autres estiment en revanche qu’elle risque d’engendrer une hausse du coût du travail fatale aux entreprises, qui se traduirait par des destructions massives d’emploi.

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Les contrôleurs de la SNCF seront en grève du 2 au 4 décembre, 60 % des TGV et Intercités annulés

A la gare de l’Est, à Paris, lors d’une grève de tous les syndicats de la SNCF et de la RATP en décembre 2019.

Une grève des contrôleurs va conduire la SNCF à annuler 60 % des TGV et Intercités de vendredi 2 à dimanche 4 décembre, a annoncé la compagnie mercredi 30 novembre. Une « reprise progressive » est prévue à partir de lundi, avec trois trains sur quatre pour tous les axes TGV, selon un communiqué.

SNCF Voyageurs prévoit un train sur deux pour le TGV Nord, un sur trois pour le TGV Est, un sur quatre pour le TGV Atlantique, un sur quatre pour le TGV Sud-Est, un sur quatre pour les Ouigo et un Intercités sur deux de vendredi à dimanche, a précisé l’entreprise, notant que les voyageurs concernés doivent être prévenus. Il n’y aura aucun train de nuit pendant le week-end. A l’étranger, la compagnie prévoit un trafic normal pour Eurostar et Thalys, un TGV sur trois vers la Suisse, un sur deux vers l’Allemagne, un sur trois vers l’Italie et aucune circulation vers l’Espagne.

Les clients ayant laissé leurs coordonnées apprendront par mail ou SMS mercredi si leur train est maintenu ou annulé. La compagnie leur recommande quoi qu’il en soit de vérifier les horaires des trains avant de se rendre en gare et, quand cela est possible, de reporter leurs déplacements.

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Négociations annuelles obligatoires le 7 décembre

Tous les voyageurs, que leur train soit maintenu ou annulé, et quel que soit leur billet – TGV Inoui, Ouigo et Intercités – pourront être remboursés intégralement pour des voyages prévus entre vendredi 2 et lundi 5 décembre, ou échanger leur billet sans frais dans tous les trains où il reste de la place jusqu’au jeudi 8 décembre inclus, selon SNCF Voyageurs.

Les chefs de bord – généralement appelés « contrôleurs » – assurent une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs, et sont donc indispensables pour autoriser la circulation d’un TGV dans toutes les conditions de sécurité, a souligné la compagnie publique. « Dans le parcours du voyageur, le chef de bord est le seul cheminot qu’il rencontre. On se retrouve au bout de l’entonnoir de tous les problèmes », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur sur les TGV Paris-Milan.

Les chefs de bord ont d’ores et déjà déposé des préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Jour de l’an. « Une épée de Damoclès », selon Didier Mathis, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire. Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots abonde : « On attend une prise de conscience de la direction sur la condition spécifique des contrôleurs », dont les conditions de travail se sont « dégradées depuis un certain temps », insiste-t-il. La direction regrette un mouvement maintenu « alors que des mesures concrètes et importantes ont été proposées aux organisations syndicales à l’issue de plusieurs semaines de négociations ».

Par ailleurs, une centaine d’employés de sécurité travaillant pour la compagnie ferroviaire transmanche Eurostar au Royaume-Uni vont faire grève pendant quatre jours lors de la période chargée des vacances de Noël, pour réclamer des augmentations de salaire en rapport avec l’inflation qui flambe dans le pays. Ce mouvement social va « sévèrement perturber » le service des Eurostar pour la période précédant Noël, souligne le syndicat Rail, Maritime and Transport. Les membres du syndicat « vont débrayer les 16, 18, 22 et 23 décembre », après un vote largement en faveur de la grève, a fait savoir le syndicat dans un communiqué.

Ces quatre jours de grève s’ajouteront à d’autres débrayages sur les lignes ferroviaires britanniques, dans un contexte social très tendu, des grèves contre le coût de la vie étant prévues dans la plupart des secteurs de l’économie.

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Ces mesures portaient, selon le communiqué, sur le déroulement de carrière spécifique de cette catégorie « avec une augmentation du volume de promotions et une augmentation de leur rémunération annuelle à partir de janvier 2023 ». « Des mesures complémentaires avaient par ailleurs été proposées pour faciliter le changement de métier pour celles et ceux qui le souhaitent », ajoutait le communiqué. « Des miettes », selon les syndicalistes contactés par l’AFP. Cette grève survient à la veille des négociations annuelles obligatoires (NAO), qui doivent s’engager le 7 décembre à la SNCF. La CGT, SUD-Rail et la CFDT ont appelé à une « grève unitaire » ce jour-là.

Le Monde avec AFP

Pourquoi les postes de travail coûtent moins cher aux entreprises

Carnet de bureau. Covid-19, télétravail et inflation ont changé l’économie de l’environnement de travail. La baisse du prix d’un bureau, observée en 2021 (à partir de données de 2020), est toujours là en tendance, mais pour d’autres raisons que le ralentissement d’activité ou la fermeture des sites, décidée pendant la pandémie.

En 2020, la chute de la consommation d’électricité en entreprise avait été telle qu’elle avait absorbé la hausse du prix du kilowattheure. Avec la flambée des prix de l’énergie, ce scénario tire à sa fin.

Mais la baisse du coût de l’environnement de travail par poste devrait continuer. C’est ce que révèlent, mercredi 30 novembre, les « Buzzy Ratios » de l’Association des directeurs de l’environnement de travail (Arseg), à savoir les évaluations faites chaque année par les responsables des services généraux des entreprises.

Pendant et depuis le Covid-19

Au travail, le mètre carré coûte désormais 681 euros, et chaque poste 12 481 euros en moyenne, en tenant compte du loyer, des charges d’exploitation du bâtiment, des équipements, des services aux collaborateurs… Ce qui représente une baisse de 8 % par mètre carré et de 10 % par poste de travail sur les cinq dernières années, et respectivement de 18 % et de 19 % depuis 2009.

L’étude Arseg 2022, conduite auprès de 110 entreprises dont 44 % en Ile-de-France, reflète la situation de 92 371 postes de travail et de 1,8 million de mètres carrés pour 115 464 collaborateurs. La majorité des entreprises interrogées sont de grandes organisations de tous secteurs (commerce, transport, immobilier, banques, assurances, industrie, etc.) comprenant de 250 à plus de 2 000 postes de travail installés sur une surface d’au moins 5 000 mètres carrés.

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Le moteur de la baisse des coûts – malgré la hausse des loyers et des assurances – est la réorganisation du travail pendant et depuis le Covid-19. Essentiellement grâce à deux composantes : les moyens et les services mis à disposition des salariés. Les moyens et équipements ont ainsi connu leur plus forte baisse depuis 2017 : 35 % par mètre carré et 36 % par poste de travail.

Numérisation et télétravail

Pourquoi ? « Digitalisation, diminution des voyages d’affaires et télétravail, répond l’Arseg. Le volume des déplacements est loin de revenir à son niveau pré-crise sanitaire, car, avec l’arrivée massive des outils de visioconférences, la valeur ajoutée des voyages est devenue un sujet central dans des organisations soucieuses de réduire leurs coûts et l’empreinte carbone de leurs activités. » Numérisation et télétravail ont aussi participé, dans une moindre mesure, à la baisse de ce poste « moyens et équipements », par l’intermédiaire de la réduction des fournitures et des impressions.

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