Polaire, mitaines et doigts gelés : dans les entreprises, la bataille du thermomètre
Tartiflette, gros pull et chaleur humaine sont plébiscités par les salariés pour s’adapter à la baisse de température sur leur lieu de travail. Depuis l’intervention de la première ministre, Elisabeth Borne, fin juillet, appelant ses ministres à l’« exemplarité » en leur demandant de n’activer le chauffage que lorsque la température des bureaux est inférieure à 19 degrés, c’est devenu la règle pour toutes les entreprises de France.
La recommandation est inscrite dans le plan de sobriété lancé par le gouvernement le 6 octobre pour économiser l’énergie cet hiver. « Il n’y a pas d’obligation dans le sens où il n’y aura pas de police des températures », a précisé Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique, le même jour sur RTL. Pour autant dans les entreprises, le message est bien passé. « Nos salariés sont assez solidaires des mesures de sobriété énergétique. On a informé nos collaborateurs qu’on allait passer de 21 °C à 19 °C courant octobre, la mise en œuvre a été assez fluide », assure Valérie Vezinhet, la DRH France du géant du conseil PWC.
Il y a aussi les missionnaires de la première heure. « Les dernières semaines, c’était glacial, on était tous en manteaux sur les plateaux. On a attendu le 21 novembre pour allumer le chauffage. C’était une vraie bataille, reconnaît Ugo Annicchiarico, fondateur et directeur général de la start-up Starbolt. Au nom de la sobriété, les salariés passaient un mauvais moment. Je n’avais pas envie que ça dure. »
Dans l’espace de coworking qu’ils partagent avec une vingtaine d’autres entreprises, le chauffage se décide collégialement. Dans un premier temps, les treize salariés de son équipe ont donc vécu le passage à 19 °C comme un réconfort, contrairement à la plupart des autres salariés, même si pour les déjeuners d’équipe, ils préfèrent désormais « la tartiflette aux salades », confie M. Annicchiarico.
« Des pulls plus épais »
Mais pour conserver leur enthousiasme, les salariés enfilent des moufles. « C’est sûr qu’il y a un temps d’adaptation. Les premiers jours, on a tous eu un peu froid, reconnaît Xavier Tedeschi, DRH du groupe pharmaceutique Innothera. On voit apparaître des pulls plus épais, des foulards. Les portes des bureaux sont plus fermées, c’est moins sympa. »
Sur les réseaux sociaux, le ton est bien plus vif. A l’annonce de l’arrivée du 19 °C, a résonné un fort écho « il fait froid au bureau ». Et toute la garde-robe d’hiver a défilé sur Twitter : « Derrière un bureau je t’assure il fait froid, je suis à 2 doigts de venir en boots au lieu de mes escarpins », a posté Adry le 29 novembre ; « Quand j’ai froid avec mitaines-bonnet-écharpe + gants de sport sous les mitaines je me dis “O.K., là je vais peut-être apporter le thermomètre pour savoir” », tweetait Anne_GE le 1er décembre.
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