Archive dans octobre 2022

Réforme des retraites et taux d’emploi des seniors : état des lieux en quatre infographies

Reçus à Matignon jeudi et vendredi, les chefs des groupes parlementaires ont campé sur leurs positions lors de leurs discussions avec Elisabeth Borne au sujet de la future réforme des retraites, sur fond de tensions sociales grandissantes. Parallèlement, syndicats et patronat étaient invités vendredi au ministère du travail pour y discuter « taux d’emploi des seniors et usure professionnelle ».

Le faible taux d’emploi des seniors en France, qui reste inférieur à la moyenne européenne, est souvent brandi comme un argument contre la réforme des retraites du gouvernement, qui envisage de relever l’âge de départ à 64 puis 65 ans d’ici à 2031, pour assurer l’équilibre financier du régime.

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Pour favoriser le retour à l’emploi des plus de 55 ans, « une des pistes pourrait être de permettre à un senior qui accepte un emploi moins bien payé de conserver une partie de son indemnité chômage afin de compenser le manque à gagner. Nous pourrons y travailler », a déjà fait savoir le ministre du travail, Olivier Dussopt, qui souhaite « également favoriser la retraite progressive et le cumul emploi-retraite ».

Résumé d’un fossé européen et générationnel en quatre infographies.

Avec un taux d’emploi des 55-64 ans de 55,9 %, la France se situe en dessous de la moyenne européenne (60,5 %) et affiche un retard encore plus important en comparaison de l’Allemagne (71,8 %).

Le différentiel est surtout fort pour les 60-64 ans, la tranche des 55-59 ans se situant au-dessus de la moyenne européenne.

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La Poste va recruter 1 000 facteurs en CDI d’ici à la fin 2022

La Poste poursuit ses recrutements. Dans un communiqué publié vendredi 14 octobre, le groupe annonce qu’il embauchera 1 000 facteurs et factrices d’ici à la fin de l’année, « dans toute la France », portant à 3 200 le nombre d’emplois de ce type pourvus en 2022. L’entreprise promet aux candidats potentiels « une rémunération de 10 % au-dessus du SMIC » et un « parcours professionnel évolutif ».

En plus de ces emplois, La Poste prévoit le recrutement de 3 000 CDD et intérimaires « pour être en capacité de gérer l’augmentation d’activité » attendue pour la fin de l’année. Parmi les postes à pourvoir, de novembre à décembre : facteurs, opérateurs de livraison et de tris de colis.

Le Monde

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Depuis un an, l’inflation fait monter la conflictualité sociale

Sur le site de la raffinerie de TotalEnergies, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), le 13 octobre 2022.

Eclipsée depuis la rentrée par l’inquiétude autour de l’envolée des prix de l’énergie et les craintes de pénurie d’électricité, la grève des raffineurs vient de remettre la question des augmentations de salaires sur le devant de la scène. Ces douze derniers mois, elle n’a pourtant jamais cessé d’être une préoccupation pour les travailleurs, salariés comme fonctionnaires, qui ont vu fondre leur pouvoir d’achat à mesure que montait l’inflation (5,6 % sur un an en septembre).

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Celle-ci, parce qu’elle touche tout le monde, à tous les postes, à tous les niveaux hiérarchiques, a redonné tout son sens à la demande d’une augmentation générale des salaires dans les entreprises, alors que cette mesure n’avait cessé de reculer ces dernières années, au profit d’augmentations individuelles, au mérite.

Elle a, du même coup, revivifié la grève comme mode d’action collectif, pour créer un rapport de force dans l’entreprise. Avant, pendant, ou après les négociations annuelles obligatoires (NAO), cadre des discussions sur les salaires et le partage de la valeur. Et signé le retour de la conflictualité dans les entreprises depuis un an.

Nouvelle effervescence

Il y a eu une première vague de grèves à l’automne 2021 : l’inflation, qui décolle (2,6 % en octobre 2021), est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour beaucoup de salariés déjà en manque de reconnaissance des efforts fournis pendant la crise sanitaire. Les augmentations ont été très limitées en 2020 et souvent gelées en 2021. Les mobilisations inédites dans de grands groupes largement bénéficiaires, comme Decathlon ou Leroy-Merlin, marquent les esprits. Et débouchent sur des accords généreux en primes et parfois en revalorisation de salaire.

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Nouvelle effervescence au printemps 2022, lorsque l’inflation s’envole de 3,6 % à 5,8 % entre février et juin : même dans les entreprises où les NAO ont donné lieu à des revalorisations de salaires, aucune n’atteint ce niveau-là. Les salariés de TotalEnergies n’ont ainsi obtenu que 2,35 % d’augmentation générale en février.

L’inflation, constante depuis un an, a démontré aux salariés les limites de la prime ponctuelle

Grèves et débrayages surviennent alors chez Amazon, Thales, Dassault Aviation, dans des magasins Conforama ou des restaurants Flunch, et dans une multitude de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Les NAO achoppent chez Renault, Stellantis et Michelin. Et dans le secteur bancaire où l’on refuse toute augmentation générale, malgré des résultats historiques.

Les mobilisations faiblissent à l’été. Pas l’inflation, qui atteint 6,1 % en juillet sur un an, puis 5,9 % en août. Or, dans le même temps, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail, note que les salaires n’ont augmenté en moyenne que de 3 %. Un plus haut, certes, depuis dix ans. Mais rapporté en euros constants, l’indice du salaire mensuel de base a en réalité baissé d’autant.

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Pourquoi la productivité des salariés français ralentit-elle ?

Les Français au travail, champions de la productivité ? Une récente note du Conseil d’analyse économique (CAE), organisme rattaché aux services du premier ministre, vient porter un coup à cette idée régulièrement avancée dans le débat économique. Selon les auteurs du document, publié le 29 septembre, le taux de productivité des Français serait en baisse par rapport à l’Allemagne et aux Etats-Unis.

En guise d’explication, les économistes pointent le niveau médiocre des Français en mathématiques et en compétences sociocomportementales. Au vu des statistiques d’Eurostat, les Français se maintiennent dans le peloton de tête des pays les plus productifs en Europe, devançant même l’Allemagne.

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Mais cette avance confortable se voit dopée par l’exclusion du marché du travail français de ses membres les moins productifs : « Le sous-emploi des moins qualifiés en France par rapport à nos voisins crée l’illusion d’une productivité supérieure », avancent les auteurs. L’Insee confirme que le non-emploi des peu ou pas diplômés en France a augmenté plus fortement qu’en Europe entre 2003 et 2018.

Les maths et la croissance

En corrigeant ce biais statistique, les économistes du CAE en arrivent à des chiffres beaucoup moins favorables à l’Hexagone pour affirmer que, sur la période de 2004 à 2019, la France aurait perdu cinq points de productivité par rapport à l’Allemagne et sept par rapport aux Etats-Unis. Soit un manque à gagner en termes de PIB de 140 milliards d’euros pour la France en 2019, avance le CAE.

Le vieillissement de la population et les évolutions structurelles du marché du travail – désindustrialisation, boom des emplois peu qualifiés… − sont des causes traditionnellement avancées pour expliquer la baisse globale de la productivité dans les pays de l’OCDE. En France, tous ces facteurs pèsent sur les chiffres. Entre autres, « on observe une forte baisse du capital humain alloué à l’industrie par rapport à l’Allemagne » alors que la productivité moyenne du travail « est plus forte dans l’industrie que dans les autres secteurs », reconnaissent les auteurs.

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Mais ces derniers choisissent de concentrer leur analyse sur un levier rarement étudié : le niveau en mathématiques et en compétences sociocomportementales (soft skills) des Français. Les auteurs s’appuient notamment sur l’enquête PISA de l’OCDE, pour établir un lien entre niveau en maths et croissance économique. Alors que la part des emplois requérant ce type de compétences a fortement augmenté depuis le début des années 1980 en France, « notre pays souffre d’un décrochage en mathématiques ».

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Pénurie de carburant, en direct : 28,5 % des stations-service en rupture d’un ou plusieurs carburants

Rassemblement à la raffinerie TotalEnergies de Donges, en soutien aux grévistes

Un rassemblement à l’appel de la CGT et de FO a réuni quelque 200 personnes, principalement des salariés, des représentants syndicaux et des élus, devant la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), vendredi matin, pour soutenir le personnel de cette raffinerie en grève depuis mardi, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).

« Il n’y a pas de blocage (…). Les seuls qui bloquent aujourd’hui, c’est la direction de Total (…). La pénurie, c’est pas les travailleurs en grève qui la causent », a insisté David Arnould, délégué syndical CGT à la raffinerie de Donges.

« C’est quoi, la réalité d’un opérateur en trois-huit ? C’est des horaires décalés, c’est bosser le week-end, c’est bosser la nuit. C’est être exposé de manière continue à des produits chimiques », a énuméré au micro M. Arnould.

Des salariés de la raffinerie, des représentants syndicaux de plusieurs entreprises de la région de Saint-Nazaire (Chantiers de l’Atlantique, Airbus, centrale thermique de Cordemais) étaient présents, ainsi que des membres du collectif Alliance écologique et sociale.

Des élus avaient également fait le déplacement, à l’instar du député La France insoumise de Loire-Atlantique, Matthias Tavel.

« Cette grève, c’est une grève d’intérêt général. Tout le monde sait que si les salariés de Total ne gagnent rien, alors aucun salarié dans le pays ne gagnera, parce que s’il y a bien une entreprise qui peut augmenter les salaires, c’est Total », a déclaré à l’AFP M. Tavel.

Des syndicalistes et des employés en grève devant le site de la raffinerie TotalEnergies de Donges, le 14 octobre 2022.

Les DRH prévoient un automne de revendications

Des travailleurs en grève à l’entrée du dépôt pétrolier de TotalEnergies, près de Dunkerque, le 13 octobre 2022.

Dans beaucoup d’entreprises, la rentrée s’est faite sous le signe des rapports de force : d’après l’étude de rentrée de l’Association nationale des DRH (réalisée auprès de 462 adhérents parmi les 5 000 que compte l’association), 39 % des DRH anticipent « une dégradation des relations sociales » dans leur entreprise. « Il y a un climat relativement tendu, pas seulement en raison de l’inflation, mais à cause de la machine à laver dans laquelle nous évoluons depuis trois ans, du Covid à la guerre en Ukraine en passant par les difficultés de recrutement, rappelle Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH. Côté DRH, la pression sur les salaires est réelle, surtout depuis un mois et surtout chez les salariés les moins rémunérés. »

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En réponse à l’inflation galopante, les DRH accélèrent la fréquence des négociations salariales : une stratégie qui reste celle des petits pas, où les augmentations se succèdent tous les trois ou six mois. Certaines entreprises ont avancé leurs négociations annuelles obligatoires (NAO, 18 % selon l’étude de l’ANDRH), et celles qui ne l’ont pas fait ont souvent instauré des « clauses de revoyure » pour rediscuter en cours d’année les accords décidés début 2022. Franck Bodikian, DRH France du géant de l’intérim Manpower Group, fait la même observation : « Aucun secteur ne peut échapper à la question salariale, tous les DRH d’entreprises avec qui nous travaillons discutent augmentation avec les syndicats. Plus personne ne se contente de lâcher une prime unilatérale et d’attendre les prochaines NAO. »

Caractère exceptionnel

Les augmentations générales (AG) sont la solution la plus courante pour remédier à l’inflation. A la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), employeur de droit privé mais fonctionnant sur des fonds publics, c’est un accord de branche professionnelle (l’Union des Caisses Nationales de Sécurité Sociale, qui englobe 150 000 salariés) qui a revalorisé les salaires de 3,5 % au 1er octobre. « On a fait avec les moyens du bord, la CGT demande déjà à rouvrir les négociations, mais une augmentation générale à ce niveau c’est exceptionnel », souligne Jérôme Friteau, DRH de la CNAV.

« Attention, quand on augmente toujours les bas salaires, les autres ont le sentiment d’être rattrapés par ceux-ci » Franck Bodikian, DRH France de Manpower Group

Le caractère exceptionnel de la situation s’explique aussi par l’unanimité des syndicats sur la question des augmentations générales : « Tous les syndicats ont des revendications, et ne veulent pas paraître à la traîne sur le sujet de l’inflation, notamment car beaucoup d’élections professionnelles approchent, juge Benoît Serre. Même les syndicats les plus réformistes et les syndicats de cadres du type CFE-CGC. »

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Royal Mail envisage jusqu’à 10 000 suppressions de postes d’ici à l’été

Le groupe postal britannique Royal Mail, en difficulté, envisage jusqu’à dix mille suppressions de postes d’ici au mois d’août qui pourraient se traduire par six mille licenciements, a-t-il annoncé dans un communiqué, vendredi 14 octobre.

Le groupe explique qu’il a lancé un processus de consultation pour « ajuster la taille de l’entreprise en réponse à l’impact des mouvements sociaux, aux retards dans la réalisation des améliorations de productivité convenues et à la baisse des volumes de colis », qui avaient été dopés par la pandémie.

Lire la chronique : Article réservé à nos abonnés « Derrière la crise financière au Royaume-Uni, l’ombre d’un Brexit qui n’a pas tenu ses promesses »

Le Communication Workers Union (CWU), syndicat qui représente cent quinze mille postiers de Royal Mail, a organisé des grèves en septembre et au début d’octobre, et a menacé d’en organiser d’autres dans les semaines à venir. Le groupe Royal Mail devrait afficher une perte d’exploitation ajustée d’environ 350 millions de livres cette année, après avoir pris en compte l’impact des grèves passées et à venir, a-t-il précisé.

La société a déclaré qu’il pourrait y avoir davantage de suppressions d’emplois chez Royal Mail si les grèves se poursuivent pendant la période des fêtes.

Carburants : le gouvernement face au risque de contagion du mouvement social

Espérer que la mèche s’éteigne avant qu’elle n’atteigne le baril de poudre. Plus de deux semaines après le début des premières grèves dans les raffineries françaises, le gouvernement est confronté à un nouveau risque : l’éventuelle propagation du mouvement à d’autres secteurs. Cheminots, fonctionnaires, éducation nationale, centrales nucléaires… Depuis la première réquisition de quatre salariés grévistes au dépôt de la raffinerie d’ExxonMobil de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), mercredi 12 octobre, quelques signaux de fumée sont apparus dans une France confrontée à une pénurie de carburant. « Cette grève doit faire tache d’huile », a lancé, le lendemain, Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT). Un appel à l’extension du conflit surveillé de près par l’exécutif.

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Pour le moment, l’apaisement ne semble pas en vue, le mouvement dans les raffineries se muant en appels à la mobilisation générale. Jeudi 13 octobre au soir, quatre syndicats de salariés – la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires – et quatre mouvements représentant la jeunesse – la FIDL, le MNL, l’UNEF, La Voix lycéenne – ont appelé à faire grève, mardi 18 octobre, lors d’une journée d’action interprofessionnelle pour « l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève ». Des transports aux fonctionnaires, cette grande journée de grève nationale touchera en particulier la SNCF et la RATP. Cette initiative a été prise à l’issue d’une réunion qui s’est tenue à Montreuil (Seine-Saint-Denis), au siège national de la CGT.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, interviewé par les journalistes, à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), le 12 octobre 2022.

La centrale dirigée par Philippe Martinez, qui se repositionne en tête du mouvement social, a obtenu un ralliement de choix : celui de Force ouvrière. Cette organisation, qui avait pris ses distances depuis plusieurs mois avec l’intersyndicale, a décidé de la rejoindre à la suite des réquisitions de grévistes dans les raffineries : « C’est l’élément déclencheur », confie Patricia Drevon, secrétaire confédérale, en rapportant que beaucoup de ses camarades ont été choqués par la décision de l’exécutif, synonyme, à leurs yeux, de violation du droit de grève. Jeudi matin, sur BFM-TV, M. Martinez avait déclaré que le pouvoir en place « faisait une connerie » en maniant l’arme des réquisitions. « Il faut généraliser les grèves », avait-il insisté.

Le pari des leaders syndicaux

Les leaders syndicaux impliqués dans la contestation reconnaissent, en aparté, qu’ils font un pari en impulsant une journée nationale d’action dans des délais courts, moins de trois semaines après les manifestations du 29 septembre, centrées, elles aussi, sur la préservation du pouvoir d’achat. Mais ils considèrent qu’« il se passe quelque chose » dans le pays, selon la formule de Simon Duteil, codélégué général de Solidaires. En dehors de la filière carburant, d’autres secteurs sont déjà sous tension, notamment celui l’énergie. Depuis quelques semaines, des arrêts de travail, sur fond de revendications salariales, perturbent l’activité de plusieurs centrales nucléaires : Cattenom (Moselle), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Bugey (Ain)… Des conflits qui pourraient, à la longue, compliquer la tâche d’EDF pour éviter les coupures de courant durant l’hiver.

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Plurielle, affranchie de l’entreprise, la « valeur travail » se métamorphose

Analyse. Pour celui qui ne trouve plus de carburant à la pompe pour rejoindre son entreprise, le travail est d’abord une source de revenu, comme pour le gréviste qui réclame une meilleure redistribution des bénéfices. Pour Delphine Letort qui, à 45 ans, a abandonné son « confort » dans la fonction publique pour créer son entreprise, le travail c’est « apprendre tout le temps » et « vivre dans son élément ». « Pendant vingt ans, j’ai été salariée dans un contexte de travail très favorable, mais je n’étais pas à ma place dans un bureau », dit-elle. Après des années de réflexion, c’est en 2020 qu’elle a décidé de se lancer, en plein Covid-19. Son entreprise est aujourd’hui florissante.

Quant à Mounia Moudjari, 43 ans, après quinze ans passés dans la restauration, elle a jeté l’éponge pour trouver un emploi plus respectueux de ses congés, plus proche de son domicile et de sa famille.

Enfin pour Grégoire Athanasopoulos, commercial chez The English Coach, le travail doit être et est « une partie de plaisir ». A 21 ans, planche de surf sous le bras, il est un jeune « holiworker », autrement dit un salarié en déplacement permanent à l’étranger. Envoyé à Bali par son employeur pour trois mois, il en passera autant en Thaïlande, puis quatre au Costa Rica. L’important pour lui est d’« allier projets personnel et professionnel ». Le travail est « une partie de [s]a vie », résume-t-il.

Une « tectonique des plaques »

A chaque actif, sa définition du travail ? C’est probable. « La catégorie de pensée “travail”, bien que centrale dans notre société, ne fait pas l’objet d’un accord social évident », écrivait en 2018 Marie-Anne Dujarier dans l’ouvrage collectif Qu’est-ce qu’un régime de travail réellement humain ? (sous la direction de Pierre Musso et Alain Supiot, éd. Hermann, 2018). Le constat de la sociologue est toujours valable. « Du fait des transformations sociales, la notion même de travail est en train de bouger », souligne-t-elle aujourd’hui. Dans son dernier essai, Troubles dans le travail, sociologie d’une catégorie de pensée (PUF, 2021) elle développe son propos : « Les trois significations historiques [du travail] : le continent de l’activité, celui de la production pour la subsistance et celui de l’emploi rémunéré semblent dériver chacun de leur côté » : une véritable « tectonique des plaques ».

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L’arrivée du Covid dans ce contexte troublé a plongé tout le monde dans une introspection forcée. Le sujet « travail » a été débattu, retourné, décortiqué, trituré. Quelle est l’utilité sociale de mon travail ? « On croit qu’on ne sert à rien », se souvient Mounia Moudjari à propos de son état d’esprit quand elle travaillait dans la restauration. Jusqu’à s’interroger sur son rapport au travail. Pourquoi travailler ? Pourquoi accepter les exigences de l’employeur ? Pourquoi transiger avec ses propres valeurs ?

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Ville durable, écoconception, transition des entreprises… Six masters pour « bifurquer »

LA LISTE DE LA MATINALE

Former des spécialistes de la transition écologique : voilà ce que proposent les six masters présentés ci-après, qui s’adressent à des étudiants en formation initiale comme à des personnes déjà titulaires d’un diplôme, et qui sont en quête d’une reconversion. Un projet de carrière dans l’air du temps, tant ces compétences sont recherchées, que cela soit par les entreprises, les associations ou les collectivités.

A Paris, pour imaginer la ville de demain

Comment rendre la ville durable, favoriser l’économie circulaire, l’utilisation d’énergies renouvelables, l’écoconception et l’écoconstruction ? Depuis 2019, le master « Urbanisme et aménagement : ville héritée et développement durable » de Sorbonne Université occupe ce créneau, associant les savoirs de l’architecture, de l’urbanisme et des sciences. Les étudiants qui postulent ont fait aussi bien des études littéraires que d’économie, d’architecture ou de droit. Leur point commun ? « Dans les lettres de motivation, l’intérêt pour la transition environnementale est capital », explique Loïc Prieur, codirecteur du master. Et elles sont nombreuses : entre cinq cents et six cents demandes chaque année, pour une cinquantaine de places.

Les questions liées à la transition environnementale sont introduites dès le tronc commun, notamment avec l’intervention d’enseignants de la faculté de sciences qui dispensent des cours sur la résilience et la régénération urbaine. A la sortie du parcours, les diplômés travaillent en tant qu’urbanistes indépendants, en bureau d’études ou en agence d’architecture. « Vingt pour cent de nos étudiants sont employés dès leur stage. Et 90 % ensuite, affirme Patrizia Ingallina, la directrice du master. L’urbanisme est révélateur d’enjeux sociétaux, son enseignement doit évoluer au fur et à mesure que les sociétés évoluent. La résilience urbaine est devenue un impératif. »

A Dijon, pour aider les territoires à « s’adapter »

L’été caniculaire 2022 a fait prendre conscience à de nombreuses collectivités des effets du dérèglement climatique et de la nécessité de s’y préparer. Le master « Changement climatique, adaptation, territoires », qui a ouvert ses portes à l’université de Bourgogne à la rentrée de septembre, propose d’allier l’expertise de la géographie à celle de la climatologie, afin d’aider les territoires à faire face à l’urgence écologique. Accessible notamment aux étudiants géographes, la formation vise à en faire des professionnels « capables de comprendre et de détecter le changement climatique et ses impacts environnementaux au niveau local. Puis de mettre en place des politiques d’atténuation et d’adaptation à ces effets, particulièrement en milieu urbain », résume Nadège Martiny, l’une des deux climatologues responsables de la formation.

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