A Cuneo, en Italie, dans les coulisses d’une usine Michelin
C’est l’un des secrets les mieux gardés de l’industrie française : l’usine Michelin. Le groupe de Clermont-Ferrand fait parfois visiter son laboratoire de recherche, ses pistes d’essai, son centre d’apprentissage et, bien sûr, son musée, mais jamais les usines de production de pneus. Pourtant, tout change.
Les industriels doivent ouvrir leurs portes pour montrer leurs trésors de technologie et dépoussiérer leur image auprès des jeunes, dont la majorité pense qu’il ne s’agit pas d’un secteur d’avenir. Ils entendent aussi démontrer qu’ils ne sont pas indifférents aux questions climatiques et aux ressources limitées de la planète. A fortiori lorsque l’entreprise produit des pneus pour les voitures haut de gamme, ces lourds SUV que combattent les écologistes…
Michelin a donc ouvert à la presse les portes de son usine de Cuneo, dans le Piémont (nord-ouest de l’Italie), mercredi 5 octobre. Dans cette ville de 55 000 habitants, tout près des Alpes-Maritimes, l’équipementier emploie 2 200 personnes. C’est son deuxième plus gros site de production en Europe, après celui d’Olsztyn, en Pologne (plus de 4 000 salariés). On y fabrique 13 millions de pneus de voitures de tourisme par an. L’usine, gigantesque, s’étale sur 1 kilomètre carré.
De l’extérieur, elle ne semble pas avoir beaucoup changé depuis sa création, en 1963. Mais une fois la barrière d’entrée franchie, surprise : un camion, ou plus précisément une remorque bleue Michelin, se déplace sans bruit et, surtout, sans cabine ni chauffeur. « Un AGV », précise le responsable de l’innovation pour l’Italie, Marco Mangialardo : un automated guided vehicle ou « véhicule à guidage automatique ». Ils remplacent l’ancienne flotte de camions qui transportaient les pneus dans l’enceinte du site et permettent d’économiser 50 tonnes de dioxyde de carbone par an.
Une révolution culturelle
Les chiffres sur la multiplication des robots et les réductions d’émission rythmeront la visite. Dès 2012, le groupe s’est fixé des objectifs de baisse de son empreinte carbone. Il est désormais en ordre de marche pour atteindre « zéro émission nette d’ici à 2050 ». Le but ? Un recul de 50 % par rapport à 2010, dès 2030. Eclairage d’usine passé en LED, isolation des bâtiments, installation de pompes à chaleur, nouvelles machines : comparativement à 2010, le groupe a déjà diminué sa consommation d’énergie de 18 % et vise une réduction de 37 % en 2030 et de 60 % en 2050.
L’énergie « verte » doit passer de 22 % en 2022 (achats de certificats d’énergie compris) à 100 %. La centrale électrique, avec ses impressionnantes cheminées à l’entrée du site de Cuneo – un partenariat avec Engie –, va donc bientôt s’arrêter. Elle est en bout de course et sera remplacée en 2023 par une autre dite « trigénération », qui pourra fonctionner au fioul ou au gaz, mais surtout à la biomasse.
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