Archive dans septembre 2022

Réforme de l’assurance-chômage : la modulation des indemnités ne fera pas l’objet d’une négociation

Le ministre du travail, Olivier Dussopt, à la sortie du palais de l’Elysée, le 7 septembre 2022.

C’est le premier texte que les députés examineront lors de leur rentrée à l’Assemblée nationale, début octobre. Le projet de loi « portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein-emploi » a été présenté, mercredi 7 septembre, en conseil des ministres par le ministre du travail, Olivier Dussopt. Il doit mener à une nouvelle transformation de l’assurance-chômage, après celle de 2019.

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L’objectif numéro un du texte est de proroger jusqu’à fin 2023, par un décret en Conseil d’Etat, les règles d’indemnisation issues de la précédente réforme, qui prennent fin au 1er novembre. Sans cette mesure d’urgence, plus de 2 millions de demandeurs d’emploi se retrouveraient sans allocations.

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Mais l’exécutif veut surtout, trois ans après, modifier à nouveau ces règles. Emmanuel Macron a fait du plein-emploi – autour de 5 % de chômage – l’objectif de son second quinquennat. Et les pénuries de main-d’œuvre auxquelles font face les entreprises ont convaincu le président de la République qu’il fallait aller plus loin pour encourager les chômeurs à prendre les emplois disponibles. Dans cette optique, les conditions d’indemnisation varieront en fonction de la conjoncture. « Quand les choses vont très bien, il faut que les règles soient incitatives, et quand les choses vont moins bien, il faut qu’elles soient plus protectrices », a expliqué M. Dussopt, mercredi, sur Franceinfo, pour décrire ce mécanisme de « contracyclicité ».

« A la fin, c’est le gouvernement qui décide »

Deux questions se posent. Quels critères seront modulés ? En vertu de quels indicateurs économiques ? M. Dussopt a annoncé que les syndicats et le patronat seraient saisis du chantier « dans le cadre d’une concertation ». Un simple échange, en somme, entre l’exécutif et les partenaires sociaux. « Une discussion avec des propositions et des contre-propositions, mais à la fin, c’est le gouvernement qui décide », précise le ministre. Celui-ci avait évoqué une autre méthode, le 30 août, devant plusieurs journalistes, en parlant d’une « négociation » entre organisations d’employeurs et de salariés.

M. Dussopt a justifié ce changement de pied lors d’un déplacement à Evry mercredi : « Le Conseil d’Etat a rendu son avis et a considéré que la question de la contracyclicité relevait de l’indemnisation, et donc d’un aspect réglementaire qui mène à une concertation et pas une négociation », a-t-il avancé. Il n’y aura donc pas de lettre de cadrage envoyée aux syndicats et au patronat, mais un document support pour la concertation avec des propositions gouvernementales. Les échanges s’ouvriront rapidement, « avant le début de l’examen du projet de loi au Parlement », selon M. Dussopt.

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« Entre management et santé au travail, un dialogue impossible ?  » : enquête sur le difficile travail de prévention dans les entreprises

Livre. Dans une entreprise de travaux publics, un important travail d’observation a été mené par des chercheurs. Comment les consignes de prévention concernant la santé et la sécurité des salariés étaient-elles transmises ? Quelle était l’implication du management intermédiaire en la matière ?

L’enquête a souligné toute la complexité du sujet, montrant les dilemmes et les injonctions parfois contradictoires auxquels étaient confrontés les manageurs. A certains moments, « l’impératif productif entre en rivalité avec le respect des règles de sécurité. Lorsqu’il faut prendre une décision rapide ou rattraper un retard, les règles et les outils sont soudainement omis », conclut Pascal Ughetto, professeur de sociologie à l’université Gustave-Eiffel, l’un des auteurs de l’ouvrage collectif Entre management et santé au travail, un dialogue impossible ? (Editions Erès).

Conduit sous la direction de Quentin Durand-Moreau, professeur adjoint de médecine du travail à l’université de l’Alberta (Canada), et Gérard Lasfargues, professeur de médecine et de santé au travail à l’université de Paris-Est-Créteil, l’essai offre une plongée dans le quotidien de plusieurs organisations, en prenant appui sur différentes enquêtes de terrain. Il permet ainsi de décrypter les relations entre employeurs, manageurs et services de santé au travail, et de comprendre comment la question de la prévention est prise en main dans les entreprises.

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Préalablement à ces observations minutieuses, les auteurs se sont attachés à démontrer combien, sur les questions de prévention et de santé au travail, l’interaction avec les manageurs était essentielle. Parce que « certains dispositifs managériaux pouvaient être pathogènes », mais aussi du fait du rôle-clé de ces mêmes manageurs pour diffuser les messages, mener un travail de conviction et, in fine, évaluer le degré d’application des consignes. « Les acteurs spécialisés de la santé au travail et de la prévention ont donc besoin des cadres de terrain », résument les auteurs.

Certains peuvent « se censurer »

Ce constat établi, ils ne peuvent que souligner « la complexité des liens entre acteurs et missions du management et de la santé au travail – complexité découlant d’une conflictualité qui ne peut pas être annihilée simplement par l’incantation à avoir une “meilleure communication” ». L’ouvrage s’attache à expliquer pourquoi la coopération autour des questions de santé et de sécurité est souvent si compliquée à mettre en place.

Dans l’entreprise de travaux publics étudiée, les auteurs soulignent, par exemple, les difficultés des manageurs à porter des messages de prévention. « Les conducteurs de travaux sont perçus comme faisant des visites épisodiques sur le terrain plus que comme des protagonistes à part entière des chantiers. Cela affecte la portée de leur parole. »

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Assurance-chômage : les failles du modèle canadien, vanté par le gouvernement français

Au Canada, perdre son emploi à Toronto, dans une ville moyenne de Colombie-Britannique ou dans le Grand Nord canadien, change la donne pour le chômeur. La situation économique de son lieu de résidence détermine, en effet, son accès à l’ouverture de ses droits, le montant des prestations perçues et la durée maximale de son indemnisation.

Chaque mois, le taux de chômage établi par l’organisme public Statistique Canada dans chacune des 62 régions économiques du pays sert de « norme variable d’accessibilité » : plus ce taux est élevé, mieux et plus longtemps l’ex-salarié sera couvert ; en revanche, s’il réside dans une région de plein-emploi, il aura toutes les difficultés à faire valoir ses droits. Il lui faudra justifier d’au moins 700 heures travaillées au cours de l’année précédente pour bénéficier de 14 semaines de prestations lorsque le taux de chômage de son lieu de résidence est sous la barre des 6 %, quand 420 heures lui suffiront pour 32 semaines d’indemnisation lorsqu’il s’envole à plus de 16 % dans sa région. Une modulation selon la situation du marché du travail qui semble inspirer le gouvernement français d’Elisabeth Borne qui a présenté, mercredi 7 septembre en Conseil des ministres, sa réforme de l’assurance-chômage pour, notamment, répondre aux difficultés de recrutement des entreprises.

Cette notion de « norme variable d’admissibilité » est apparue dans le dispositif canadien d’assurance-chômage – rebaptisé « assurance-emploi » en 1996 – en pleine vague néolibérale. De la fin des années 1980 à 1996, les gouvernements fédéraux successifs, conservateurs et libéraux, ont adopté des réformes qui ont drastiquement resserré les conditions d’accès aux prestations, avec pour objectif affiché d’assurer l’équilibre financier du système.

« Responsabilité individuelle »

« C’est toute la philosophie de cette politique sociale qui en a été transformée », explique Pierre Tircher, coauteur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (Québec) d’une proposition de réforme du système. « Nous sommes passés du welfare au workfare, d’une responsabilité collective où l’Etat joue le rôle de stabilisateur économique pour protéger le pouvoir d’achat des travailleurs, à une responsabilité individuelle où celui qui perd son emploi dans une région en pleine vitalité économique n’est plus garanti contre le “risque” pour lequel il a pourtant cotisé comme tout le monde. » De « généreux » pendant la période des « trente glorieuses », le programme est devenu, selon lui, « ultra-restrictif » : il ne couvrirait aujourd’hui que 30 % à 40 % de la population en situation de chômage.

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Le « travail invisible », un terme hérité des années 1970 qui est toujours une réalité

Histoire d’une notion. Au faîte de l’épidémie de Covid-19, on a beaucoup parlé des « travailleurs invisibles ». Le terme désignait un vaste ensemble d’activités, faiblement valorisées sur le plan salarial et symbolique, en dépit d’une importance sociale devenue évidente. Au-delà des emplois sous-rémunérés de la santé ou de l’aide aux personnes, il visait aussi le travail domestique non rémunéré, accompli quotidiennement au sein des foyers. Ce que des décennies de luttes féministes avaient peiné à faire, le Covid semblait sur le point de l’accomplir : le « travail invisible » faisait son entrée dans le débat public.

Le terme entre en circulation dès les années 1970. L’Année internationale de la femme décrétée par l’ONU en 1975 marque un premier tournant. Cette année-là, une conférence internationale, tenue à Mexico, engage la réflexion sur les travaux ménagers et les soins aux enfants. Il ne s’agit plus de penser les occupations des mères de famille à la façon des traités d’économie domestique du XIXe siècle. Ces derniers, tout en cherchant à rationaliser la tenue des ménages, y voyaient essentiellement la preuve en actes de l’amour maternel. On pouvait alors nier la nature de ce « travail », tout en reconnaissant le rôle crucial de la famille pour assurer la reproduction de la main-d’œuvre.

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A rebours de ces approches, la réflexion porte désormais sur la prise en compte du travail non rémunéré dans les comptabilités nationales. En 1981, l’Insee estime que le travail domestique occupe 48 milliards d’heures annuelles, contre 41 milliards pour le travail professionnel rémunéré. En 2009, le rapport Stiglitz évalue la production domestique à 35 % du produit intérieur brut de la France. A l’échelle mondiale, la quantité de travail non rémunéré des femmes est évaluée en 2020 par Oxfam à 12,5 milliards d’heures quotidiennes, pour une valeur annuelle de 10 800 milliards de dollars (plus de 9 550 milliards d’euros). L’équivalent du travail accompli par 1,5 milliard de personnes travaillant huit heures par jour pendant un an.

La visibilité statistique n’est pas seulement un enjeu symbolique. Dans son essai Femmes invisibles (First, 2020), la féministe britannique Caroline Criado-Perez dénonce les biais cognitifs qui contribuent à fabriquer un monde d’hommes. Qu’il s’agisse de modèles statistiques ou de mégadonnées, les informations qui permettraient de prendre en compte les femmes sont tantôt inexistantes, tantôt inopérantes au moment de fabriquer les normes de santé ou de sécurité qui guident les politiques publiques. Ce que le sociologue Jérôme Denis appelle le « travail invisible des données ».

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Assurance-chômage : l’exécutif présente une nouvelle réforme, contestée

L’exécutif veut à nouveau changer les règles d’indemnisation du chômage. Le gouvernement donne, mercredi 7 septembre en conseil des ministres, le coup d’envoi d’une nouvelle réforme visant à répondre aux difficultés de recrutement en faisant varier les conditions d’indemnisation des chômeurs selon la conjoncture, une idée catégoriquement rejetée par les syndicats.

Première réforme sociale du second quinquennat, ce projet de loi vise paradoxalement dans un premier temps à pouvoir prolonger les règles actuelles de l’assurance-chômage. Issues d’une réforme déjà controversée du premier quinquennat, celles-ci arrivent à échéance le 31 octobre.

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Il s’agit d’éviter tout vide juridique pour l’indemnisation d’environ 2,5 millions de demandeurs d’emploi et l’application du « bonus-malus » sur les cotisations de certaines entreprises qui recourent fortement aux contrats courts.

Modulation des indemnités

Plus que le contenu du texte, qui sera débattu dès le début de la rentrée parlementaire d’octobre, c’est la séquence qu’il enclenche qui fait débat.

L’exécutif souhaite moduler les conditions de l’assurance-chômage selon la situation du marché du travail, à l’image de ce qui se fait au Canada, par exemple. Pour cela, le gouvernement va saisir les partenaires sociaux d’une demande de négociation d’une modulation des indemnités de l’assurance-chômage afin qu’elle soit, selon les mots d’Emmanuel Macron, « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ».

Il reviendra ensuite aux organisations syndicales et patronales d’ouvrir ou non une négociation pour se mettre d’accord sur des critères – le taux de chômage, par exemple –, dont l’évolution à la hausse ou à la baisse pourrait déterminer le nombre de mois de travail requis pour accéder à l’indemnisation (six mois actuellement sur les vingt-quatre derniers) ou encore la durée de celle-ci.

L’exécutif martèle, à l’image du ministre du travail, Olivier Dussopt, qu’il y a urgence parce qu’il est « insupportable d’être encore à un taux de chômage de 7,4 % et d’avoir dans le même temps un retour unanime des chefs d’entreprise sur les difficultés de recrutement ». Il fait de cette réforme une des conditions pour atteindre l’objectif de plein-emploi (un chômage d’environ 5 %) en 2027.

Selon l’économiste et député Renaissance (ex-La République en marche) Marc Ferracci, un des inspirateurs de la réforme de 2019, « des dizaines d’études prouvent que les règles de l’assurance-chômage, notamment la durée et les seuils d’éligibilité, ont un effet sur le niveau de l’emploi », notamment pour les chômeurs les plus autonomes dans leur recherche.

Faux, rétorquent les syndicats, pour qui les difficultés de recrutement sont d’abord liées à la formation et à l’attractivité des métiers (salaires, conditions de travail, mobilité, etc.).

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Une mesure « contracyclique »

Réunis lundi au siège de la CFDT, les syndicats se sont mis d’accord quant à leur opposition à négocier une telle mesure « contracyclique ». Ils devraient publier la semaine prochaine un texte commun en ce sens.

Il portera « sur la problématique actuelle de l’emploi et des difficultés de recrutement qui ne trouveront pas de réponse efficace avec une réforme qui réduit encore les droits des chômeurs », a précisé Marylise Léon (CFDT).

« On veut négocier une nouvelle convention d’assurance-chômage, mais à condition qu’on nous laisse la main », renchérit Michel Beaugas (FO). « La réalité, c’est que l’exécutif donne des gages au Medef, qui n’a donc aucun intérêt à négocier avec les syndicats », déplore François Hommeril (CFE-CGC).

De fait, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déjà jugé qu’« ouvrir une négociation ne servira à rien, vu qu’elle n’aboutira pas faute de diagnostic partagé avec les syndicats ».

Dès lors la messe semble dite. Sans accord, le gouvernement définira seul les règles par décret. Il souhaite une mise en œuvre « avant la fin de l’année », selon M. Dussopt.

Le gouvernement compte ouvrir d’ici à quelques mois une autre concertation sur la gouvernance de l’Unédic, le régime paritaire de l’assurance-chômage, en lien avec la réforme de l’accompagnement du revenu de solidarité active (RSA) et la création de France Travail, qui doit succéder à Pôle emploi et mieux coordonner les acteurs intervenant sur l’emploi.

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Le Monde avec AFP

Frigo connecté, self, brasserie haut de gamme… la restauration en entreprise se réinvente

La start-up Foodles propose des frigos connectés à plus de trente entreprises à travers la France, comme ici à Clichy (Hauts-de-Seine), en septembre 2022.

« Les lasagnes sont à tomber, je vous recommande aussi les salades, il y a du choix. » Patricia Gaston, gestionnaire administrative chez Siaci Saint Honoré, est visiblement heureuse de retrouver sa cantine. « Tout est très propre ici, je peux même avoir la liste des ingrédients et ça me rassure. » En effet, devant elle se profile un « frigo intelligent », qui affiche les plats du jour sur un écran tactile.

Il est 12 h 30 : les salariés de la vingtaine d’entreprises présentes dans le bâtiment Equinox, à Clichy (Hauts-de-Seine), se massent donc devant des réfrigérateurs de la start-up Foodles, qui ont l’avantage d’être disponibles à toute heure. Prendre une barquette débite automatiquement le compte de l’utilisateur, grâce à des capteurs sur les récipients. Les plats, cuisinés chaque matin dans un grand « laboratoire » situé à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), ou chez des traiteurs partenaires, sont consommables sur place ou à emporter.

En plus de ces frigos, les salariés ont accès à une cafétéria qui propose notamment une offre de petit déjeuner, un bar à salades et à sandwichs réalisables sur mesure, et un stand offrant un plat du jour servi à l’assiette. Les 300 convives se répartissent assez équitablement entre les quatre solutions de cette cantine interentreprises d’un nouveau genre.

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Avec la crise sanitaire, un grand nombre de restaurants d’entreprises traditionnels ont fermé ou se sont mis à tourner au ralenti. Malgré un léger rebond depuis la fin des confinements, ils peinent à récupérer leur fréquentation d’avant-crise. A titre d’exemple, Sodexo France dit avoir retrouvé en juin 2022 seulement 73 % de sa fréquentation de juin 2019. La chute de la demande tourne « autour de 15 % à 20 %, avec un phénomène plus prononcé dans le secteur tertiaire », affirme Olivier Schram, directeur associé de PH Partners, cabinet de conseil stratégique en restauration.

Un lieu de vie où l’on peut manger

Lors de son rachat par le fonds d’investissement HW Capital en mars 2021, Equinox est à moitié plein, et cherche à attirer des entreprises locataires. Début 2022, décision est prise de remplacer le self traditionnel par un espace de restauration multiservice, qui est confié à Foodles, une foodtech qui opère dans 350 sites en France et sert 10 000 repas par jour.

« Nous voulions un acteur plus moderne, moins cher, plus convivial, et qui puisse plaire à tous », se rappelle Cyrille Phan, associé chez HW Capital. La majorité des employés de l’immeuble pratiquent le télétravail deux ou trois jours par semaine. Ils peuvent, grâce aux frigos, emporter des plats pour leur journée à distance du lendemain.

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A Paris, le succès discret des clubs de jeux

Il faut être un initié pour savoir pourquoi, chaque jour avant 13 heures, une file d’impatients se forme devant le 62, rue Pierre-Charron du 8e arrondissement de Paris. Cachée dans une allée, une enseigne apparaît timidement : Club Pierre Charron. Au même moment, à l’intérieur, ce sont des dizaines de croupiers en tenue qui s’affairent et enchaînent scrupuleusement leurs rituels quotidiens dans un décor sobre : comptage des 75 000 jetons de l’établissement, d’une valeur de 50 centimes à 25 000 euros pièce, sous le contrôle d’une membre du comité de direction (MCD), vérification de chaque jeu de cartes… Le tout sur les traditionnelles tables de casino – tapis verts, mais bardées d’électronique – et sous les dizaines de caméras qui jonchent le plafond.

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Il existe sept clubs de jeux comme celui-ci à Paris. Un statut unique au monde, résultat d’une longue transition juridique et administrative, et pour le moment expérimental. Ces établissements d’un nouveau genre, très réglementés, ont vu le jour en 2018 pour assainir et canaliser le jeu d’argent en région parisienne. Censée se terminer initialement en 2020, puis en 2022, l’expérimentation prendra fin en 2024, quand une éventuelle pérennisation sera discutée.

La salle de restauration de la salle de jeux du Club Barrière des Champs-Elysées, à Paris, le 27 juillet 2022.

Les casinos étant interdits depuis 1919 dans un rayon de 100 kilomètres autour de Paris (à l’exception de la ville thermale d’Enghien-les-Bains, dans le Val-d’Oise, qui abrite le plus grand casino de France), des cercles de jeux d’argent associatifs ont prospéré pendant des décennies dans la capitale, avant de fermer un par un, dans les années 2000 et 2010, tous pour des affaires de fraude fiscale et de blanchiment d’argent.

Huppés mais confidentiels

Pour les remplacer, la capitale peut donc accueillir, depuis quatre ans, ces établissements, qui proposent des jeux de contrepartie (où chaque joueur affronte la banque) et du poker sous différents formats (où les joueurs peuvent s’affronter entre eux). En revanche, les activités les plus populaires dans les casinos (roulette et machines à sous) sont proscrites. Le service central des courses et jeux (SCCJ) de la police judiciaire, mandaté par le ministère de l’intérieur, suit scrupuleusement ces « demi-casinos ». « L’offre de jeux est maintenant très saine, c’est le jour et la nuit par rapport à l’époque des cercles, se félicite Stéphane Piallat, chef du SCCJ. J’ai une équipe de fonctionnaires qui vont toutes les semaines dans les clubs, ils sont chargés d’agréer tous les personnels, d’inspecter la lutte antiblanchiment… »

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Des négociations salariales s’engagent pour les agents de la Sécurité sociale

Les syndicats la réclamaient depuis de nombreux mois. Mardi 6 septembre, une négociation sur les salaires des agents de la Sécurité sociale doit s’engager à la demande du gouvernement. Le but de l’exercice est d’accroître la valeur du point, qui sert de référence pour calculer les rémunérations, et d’accorder ainsi une hausse aux quelque 155 000 personnes travaillant dans les 300 organismes de droit privé du régime général. Une mesure de ce type n’avait pas été prise depuis 2017.

Les discussions sont pilotées par Isabelle Bertin, la directrice de l’Union des caisses nationales de Sécurité sociale (Ucanss) – une structure qui représente les différents employeurs (Assurance-maladie, caisses d’allocations familiales, Urssaf, etc.). Avant même le début des échanges, l’exécutif a annoncé la couleur en évoquant une majoration de même ampleur que celle mise en œuvre, à compter du 1er juillet, dans la fonction publique : soit + 3,5 %. A l’Ucanss, on souhaite que le dialogue aboutisse rapidement sur des décisions applicables « à l’automne ». L’entourage de Mme Bertin ajoute qu’il communiquera sur le coût d’un tel geste « lorsque le montant de la revalorisation sera connu ».

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D’autres dispositions avaient déjà été mises en place, cette année, pour améliorer la fiche de paye des agents de la « Sécu », comme le rappelle un communiqué commun diffusé le 2 septembre par quatre ministères (comptes publics, santé, solidarité, travail) : augmentation « pour les 30 000 salariés les plus faiblement rémunérés », « intéressement exceptionnel » de 200 euros pour l’ensemble des équipes.

Pouvoir d’achat sapé

Le fait que des tractations commencent est commenté positivement par plusieurs syndicats. Nadine Leclerc, de la CGT, y voit une « avancée », qui récompense la mobilisation de son organisation. Au nom de la CFDT, Florence Puget se dit également ravie face à l’initiative du gouvernement. FO, par la voix de Laurent Weber, se montre plus circonspecte : « Parler de négociations n’est pas juste, puisqu’on nous a d’ores et déjà indiqué que la hausse sera de 3,5 %, dit-il. C’est cadré. »

Les organisations de salariés aimeraient que le coup de pouce soit supérieur au pourcentage affiché par l’exécutif, d’abord parce que ce dernier ne compense pas l’inflation mesurée sur les derniers douze mois. En outre, soulignent-elles, le gel de la valeur du point durant plusieurs années a sapé le pouvoir d’achat, malgré les augmentations individuelles accordées en fonction du déroulement de la carrière. Les syndicats font remarquer que l’écart entre la rémunération proposée à l’embauche et le smic n’a cessé de se réduire, au fil du temps. C’est pourquoi la CFDT plaide pour une majoration de 5 %, avec effet rétroactif au 1er janvier. La CGT, elle, revendique que la valeur du point soit portée à 10 euros (contre un peu plus de 7,24 aujourd’hui). Mais leurs vœux risquent fort de ne pas être exaucés.

Urgences : un retour aux sources du 15

Entreprises. Durant l’été, plusieurs départements français ont introduit la règle d’un appel obligatoire au numéro 15 pour pouvoir, avec son aval, se présenter aux urgences. Cette mesure répondait à la saturation habituelle de ces services, soudain aggravée par la pénurie de personnels soignants.

Mais s’agit-il uniquement de demander aux centres du Service d’aide médicale urgente (SAMU) – et transitoirement – une tâche de régulation qui n’est pas dans leur mission ? A la lumière de l’histoire hospitalière, une autre perspective s’impose : on devrait, au contraire, y voir un retour aux sources du numéro 15, et à la coordination des acteurs de l’urgence médicale dont il devait être l’instrument.

Datant des années 1980, la création du numéro 15 répondait déjà à une situation inquiétante, car les crises à venir des urgences médicales étaient clairement annoncées. Les hôpitaux voyaient un afflux constamment croissant de patients dont seule une minorité (de 5 % à 6 %, à l’époque) nécessitait une prise en charge médicale immédiate. La médecine de ville se retirait des gardes, tandis que des associations de praticiens se spécialisaient dans la visite à domicile.

Les hôpitaux réservés aux pathologies aiguës

Les détresses sociales compliquaient et augmentaient le flux des demandes : les personnes âgées, nécessitant un placement de long séjour ou des soins chroniques, encombraient les urgences car les hôpitaux étaient de plus en plus réservés aux pathologies aiguës.

Parallèlement, la médecine des urgences les plus graves faisait de grands progrès : les SAMU se multipliaient et s’équipaient en ambulances adaptées au traitement sur place des cas les plus lourds. Quant aux pompiers (qui peuvent avoir leurs propres équipes médicales) et aux policiers, leur intervention était parfois indispensable à domicile ou sur la voie publique.

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De multiples études alertaient sur ces bouleversements et préconisaient une régulation impliquant tous les intervenants privés et publics. Régulation sans laquelle les urgences des hôpitaux – le seul recours facile et disponible à toute heure – seraient inévitablement débordées. Le 15 est né de ce besoin et sa tâche devait être d’identifier la nature de l’urgence, d’orienter le patient et de diligenter, si besoin, l’intervention la plus appropriée [cf. « Le 15 à Paris, un numéro unique pour les urgences médicales », collectif de chercheurs, publication de l’Ecole des mines, 1980].

En moins de deux ou trois minutes

Or, durant des décennies, les autorités de santé n’ont pas promu cet usage du 15 alors que la croissance rapide des flux aux urgences et les difficultés de ces services (attentes, incivilités, encombrements…) n’ont jamais cessé. Il a fallu une crise sans précédent, celle du Covid-19, pour que le 15 retrouve sa fonction.

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