Archive dans 2020

Médecine du travail : dilemme à l’hôpital

Chronique. Protéger ou remettre au travail : une alternative qui se pose à l’hôpital, même pour les plus fragiles. Comme pour tous les travailleurs, le Haut Conseil de la santé publique s’est prononcé sur la protection des soignants vulnérables, qui de par leur état de santé (diabète, maladie cardiovasculaire, mucoviscidose, etc.) développeraient en cas de contamination par le Covid-19 une forme grave de la maladie. Il a recommandé « une exclusion des services à haut risque de transmission » ou « un réaménagement du poste de travail ».

Concrètement, le médecin du travail informe les responsables des ressources humaines que l’agent doit être en autorisation d’absence. Sauf que les hôpitaux ont manqué de bras. « On était en guerre », rappelle Jean-Dominique Dewitte, le président de la Société française de médecine du travail (SFMT).

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Avec le double objectif de « contribuer à la protection des agents, mais aussi [de] contribuer à maintenir la capacité soignante des établissements », le 23 mars la SFMT a publié une nouvelle recommandation. Elle y préconise une application variable de la mise en arrêt des personnels soignants fragiles, en fonction de la gravité de leur situation.

Un classement des catégories à risque

Dans un tableau, elle classe les services hospitaliers en quatre catégories de risque de contamination et détaille le seuil de fragilité en deçà duquel elle estime non indispensable l’éviction d’un agent vulnérable. Les médecins du travail qui suivent la recommandation le réaffectent alors dans un autre service. « Aucune des personnes qu’on a laissées au travail dans notre hôpital n’a été contaminée », note M. Dewitte.

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Y a-t-il une prise de risque pour les agents vulnérables ? « Probablement un petit peu, reconnaît Jean-François Gehanno, l’ancien président de la SFMT. Au départ, la question était : Peut-on affecter ces personnes dans un service hors Covid ? » « Quand on a rédigé en urgence la recommandation, beaucoup nous demandaient de les aider à prendre des décisions, car dans l’Est, il n’y avait plus suffisamment de médecins ni de personnel soignant. Il fallait préserver les forces. Le fait d’avoir fait ces recommandations nous a été reproché, on n’aurait pu nous reprocher le contraire », ajoute M. Dewitte.

« Les recommandations de la SFMT peuvent être interprétées au détriment de la protection des salariés fragiles, s’inquiète un interne en médecine du travail. C’est évidemment moins protecteur d’être réaffecté dans un service hors Covid que de rester chez soi », précise-t-il.

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« Transition écologique : le choc des réalismes »

Gouvernance. Dans l’incertitude actuelle sur la violence de la récession économique, faut-il retarder ou accélérer la transition écologique ? Une lettre de Geoffroy Roux de Bézieux à la ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne, a lancé le débat. Le président du Medef demandait un moratoire de six mois pour l’application de la loi du 10 février 2020 visant à lutter contre le gaspillage et à développer l’économie circulaire, et de la loi de 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte.

Selon ses arguments, la chute du PIB pourrait dépasser 3 % en 2020, ce qui condamnerait nombre d’entreprises à la faillite et détruirait au moins 500 000 emplois. Pour M. Roux de Bézieux, les conditions ne sont pas remplies pour appliquer ces lois, en particulier dans certaines industries, comme l’automobile.

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Quand les entreprises doivent lutter pour relancer leurs activités et parfois leurs marchés, il ne serait pas sage de les accabler de contraintes environnementales supplémentaires. Quand elles retrouveront leurs marges, elles pourront répondre aux normes d’une « croissance verte » : tel est l’avis du Medef, qui, comme tel, est respectable et discutable.

Source de prospérité économique future ?

La transition énergétique a souvent été présentée, ces dernières années, comme une opposition entre réalistes et idéalistes ou entrepreneurs contre écologistes. Or cette division crée un faux débat car la question n’est pas d’opposer les contraintes économiques aux contraintes environnementales, mais de savoir si la transition énergétique et écologique peut constituer ou non une source de prospérité économique future.

Le clivage véritable se situe donc plutôt entre ceux qui croient que cette transition est un relais de prospérité, même si la prospérité passe par une adaptation des entreprises et parfois des faillites ; et ceux qui n’y croient pas et considèrent qu’il faut revenir à l’économie « comme avant », pour pouvoir répondre aux exigences environnementales dans un second temps. Dans les deux cas, il s’agit d’affronter des réalités difficiles.

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Pour les partisans de la croissance verte, il n’est plus possible d’espérer financer la transition grâce à la prospérité économique globale. En période de récession, on devra compter seulement sur la création de richesses nouvelles permise par l’économie verte, quitte à accepter que la transition conduise, momentanément, à de la casse sociale.

Trancher et assumer

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Reprendre possession de son travail

« Les Dépossédés de l’open space. Une critique écologique du travail  »de Fanny Lederlin. PUF, 276 pages, 19,90 euros.
« Les Dépossédés de l’open space. Une critique écologique du travail  »de Fanny Lederlin. PUF, 276 pages, 19,90 euros.

Livre Le travail humain n’est pas près de déserter nos vies, n’en déplaise aux apôtres de sa disparition. Ce qui est à l’œuvre avec la nouvelle révolution industrielle n’est pas tant une dématérialisation qu’une numérisation du travail, autrement dit l’avènement du « digital labour », le travail du chiffre (« digit »), mais aussi du doigt (« digit »), celui des hommes et des femmes qui, derrière les écrans des machines, entraînent des algorithmes, regardent des images, lisent des informations, cliquent sur des liens, produisent, nettoient et classent des contenus.

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Ce n’est pas de disparition, mais de dégradation que les mutations technologiques menacent le travail, tranche Fanny Lederlin dans Les dépossédés de l’open space (PUF). Eclatement des formes traditionnelles d’emploi assurant aux salariés la stabilité d’un revenu, dissolution des frontières entre les sphères professionnelles et privées, renforcement des logiques productivistes, réduction des facultés des travailleurs à la seule capacité d’adaptation et étouffement des facultés créatrices du travail… « Il semblerait non seulement que le travail humain doive coexister avec le travail automatisé, mais aussi qu’il soit amené à se développer et à s’étendre… pour servir les robots », estime la philosophe, doctorante à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne.

Puisque l’exploitation massive du travail humain perdure, comment expliquer le foisonnement de récits futuristes annonçant l’avènement d’une humanité libérée du travail, de voitures sans chauffeurs, d’entrepôts sans ouvriers et de champs sans agriculteurs ? Comment interpréter le succès de cette rhétorique de l’automation ? « L’étonnement finit de se changer en suspicion devant l’effort d’occultation de ce travail humain de masse persistant. Car si les professions de “start-upeur”, d’artiste ou d’“expert” sont aujourd’hui médiatisées au point de donner l’illusion qu’elles sont accessibles à tous, les métiers du soin comme ceux du clic sont constamment invisibilisés. »

Créateur et non destructeur

Agentes d’entretien priées de passer avant sept heures pour éviter de croiser les salariés des entreprises qu’elles nettoient, chauffeurs de VTC à qui l’on demande de se faire discrets aux sorties des aéroports, myriade de petites mains dont les plates-formes numériques taisent l’existence… « Jamais, semble-t-il, le travail n’a été aussi bien dissimulé par le capital. »

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L’ouvrage isole trois manifestations à l’œuvre dans le néotravail : l’atomisation sociale et mondaine, à savoir la disparition de la notion d’emploi au profit d’une « tâcheronisation » et d’une indistinction croissante entre temps de travail et temps libre ; la dépréciation de la nature des gens, avec l’avènement d’une époque où il ne s’agit plus de prendre soin de notre environnement ; et, enfin, la totalisation des esprits via la généralisation des modes d’évaluation qui rendent possible l’endoctrinement de travailleurs coupés de leur faculté de juger.

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Coronavirus : Airbnb licencie un quart de ses employés dans le monde

Au siège d’Airbnb, à San Francisco, le 2 août 2016.
Au siège d’Airbnb, à San Francisco, le 2 août 2016. GABRIELLE LURIE / REUTERS

Le patron d’Airbnb, compagnie frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement, a annoncé mardi 5 mai le licenciement d’environ 25 % de ses 7 500 employés dans le monde, d’après un texte publié sur le site du groupe.

« Nous traversons collectivement la crise la plus douloureuse de notre vie », a déclaré Brian Chesky, cofondateur de la plate-forme de réservation de logements.

Airbnb « a été durement touché » par l’épidémie qui a mis un coup d’arrêt aux voyages dans le monde entier, avec des prévisions de revenus pour cette année « de moins de la moitié » de ceux générés en 2019, a-t-il ajouté dans un message aux salariés. Pour faire face à la crise, l’entreprise a déjà levé 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) et réduit les coûts dans tous les secteurs, a affirmé M. Chesky.

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« Dures réalités »

Mais la plate-forme est confrontée à deux « dures réalités : nous ne savons pas quand les voyages reprendront, et quand ils l’auront fait, ce sera différent », a-t-il expliqué pour justifier ces près de 1 900 licenciements.

Il a également annoncé une pause des investissements du groupe dans sa division transports et dans Airbnb Studios, et une réduction des investissements dans plusieurs projets d’intégration d’hôtels et de propriétés de luxe dans son offre.

Selon Brian Chesky, ce « recentrage » de la stratégie commerciale va permettre à Airbnb de revenir aux « racines et aux bases » de l’entreprise, alors que les clients « voudront des options qui soient plus proches de chez eux, plus sécurisées et moins chères » lorsque les mesures de confinement, qui touchent des milliards de personnes dans le monde, seront levées.

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Le Monde avec AFP

« Le régime des intermittents du spectacle ne doit plus être financé par les seuls salariés du privé »

Tribune. Dans une tribune publiée le 30 avril dans les colonnes du Monde (« Monsieur le Président, cet oubli de l’art et de la culture, réparez-le ! »), de nombreuses personnalités du monde des arts et de la culture témoignent de leur inquiétude devant les conséquences économiques inéluctables de la crise sanitaire pour les acteurs du secteur culturel. Ils demandent une prolongation des droits dans le cadre de leur régime spécifique, celui des intermittents du spectacle d’une année au-delà des mois où toute activité aura été impossible.

Qui peut nier que la culture est une exception française, que le rayonnement de la France ne peut se concevoir sans ce pan de création qui à travers les siècles et à travers toutes ses représentations a forgé une certaine idée que le monde entier se fait de nous.

Ni les partenaires sociaux, ni les pouvoirs publics ne l’ont jamais ignoré et l’ont bien souvent encouragé au-delà de toute considération financière. Déjà le Front populaire mettait en place un embryon de régime spécifique pour atténuer les contraintes des professions participant au secteur culturel, avant même que la protection sociale se structure à la Libération suivant le programme du Conseil national de la Résistance (CNR).

Une évidente nécessité

Intégré par la suite au régime d’assurance-chômage, il en est de toute évidence dérogatoire pour en devenir un statut. Récemment, lors de la dernière négociation – avortée – de l’assurance-chômage en juin 2019, le ministre de la culture a préservé ce régime bien que fortement déficitaire (d’un milliard d’euros par an) en l’excluant du champ des débats.

L’appel lancé par ces personnalités de la culture est opportun au moment où une réflexion doit être engagée par l’Etat avec les partenaires sociaux, sur l’indemnisation du chômage. Adapter le régime d’indemnisation des intermittents est une évidente nécessité, quoi qu’il en coûte.

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Cet appel est opportun, mais il manque d’ambition car ce dont il s’agit en réalité, c’est tout autant que les intermittents qu’il faut aider, que leur régime d’indemnisation qu’il faut adapter. Il ne s’agit pas seulement de trouver à prolonger les droits des intermittents mais à réinventer le système d’indemnisation dont ils bénéficient aujourd’hui.

A l’évidence, une assurance contre le chômage ne suffit plus. Il faut que la solidarité vienne la compléter : un effort de solidarité de toute la communauté nationale devient indispensable. Il faut aujourd’hui que tous les citoyens participent au financement de cette exception française !

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Laurent Berger : « Si demain la logique est de serrer les boulons, nous irons droit dans le mur »

Laurent Berger, le 30 janvier à Paris.
Laurent Berger, le 30 janvier à Paris. CHARLES PLATIAU / AFP

Le secrétaire général de la CFDT insiste pour que la reprise d’activité se fasse dans le cadre du dialogue social. Il plaide à l’avenir pour un nouveau mode de développement et plus de solidarité.

A quelques jours du début du déconfinement, estimez-vous que le pays est prêt ?

Dans le monde du travail, je ressens une forme de fatigue psychologique. Ceux qui sont en première ligne, à leur poste, vivent une situation tendue, même quand ils ont des équipements de protection. Ceux en télétravail se trouvent dans des contextes différents et parfois éprouvants, entre les devoirs scolaires des enfants et des logements trop exigus. Enfin, ceux qui sont en chômage partiel subissent, pour une partie d’entre eux, une perte de revenus et commencent à rencontrer des difficultés financières. Dans certaines entreprises, des salariés ont envie de revenir, d’autres ne le souhaitent pas car ils ont peur. Faut-il déconfiner le 11, 18 ou 25 mai ? Je n’en sais rien. Mais le retour au travail ne doit intervenir que dans des conditions de sécurité maximales.

Le ministère du travail a diffusé ses préconisations sanitaires pour les entreprises. Sont-elles compatibles avec la protection des salariés ?

Ce guide émet des recommandations précises en termes de santé, mais ne dit rien sur la méthode sociale pour y parvenir. C’est son grand manque. C’est incroyable qu’il n’y ait pas au minimum une explication pour dire que ces préconisations doivent être mises en œuvre dans le cadre d’un dialogue interne. Les entreprises qui vont l’appliquer de manière unilatérale risquent de passer à côté de l’essentiel, c’est-à-dire redonner confiance aux salariés.

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Le 30 avril, vous avez signé une déclaration commune avec le Medef pour que la reprise d’activité se fasse dans la concertation. Les employeurs vont-ils jouer le jeu ?

Il y a des entreprises dont le premier réflexe, quand elles préparent la reprise d’activité, est de contacter les élus du personnel et le processus se passe bien. Dans d’autres, on a le sentiment que les choses se déroulent sans que les salariés ou leurs représentants soient associés. La logique du vertical où quelques personnes décident pour tout le monde ne peut pas être la solution.

Le patronat veut que la loi soit modifiée afin que la responsabilité pénale des entreprises soit atténuée, voire exclue, en cas d’événements exceptionnels comme l’épidémie de Covid-19. Qu’en pensez-vous ?

Ce serait un très mauvais signal que de faire évoluer la loi. Il faut une obligation de moyens renforcée. C’est sur ce sujet que doit être évaluée la responsabilité pénale ou civile des entreprises. Des patrons vont être en capacité de donner toutes les garanties de sécurité à leurs salariés : est-on sûr d’éviter in fine la contamination ? Non, mais ça sécurise sacrément. Si un dialogue social est mis en œuvre, la confiance est là. Et dans la phase du déconfinement, c’est de confiance dont on aura besoin.

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« La position debout est une très bonne position pour travailler »

A New York, le 6 avril 2020.
A New York, le 6 avril 2020. Lucas Greenbaum / AP

Cofondateur de Reflex’Ergo et auteur de SOS mal de dos (First, 128 pages, 12,95 euros), le kinésithérapeute Frédéric Srour a rappelé l’importance d’une bonne posture à adopter sur son poste de télétravail. Et conseille également, pour ne pas rester immobile trop longtemps, d’effectuer quelques exercices physiques courts et simples au cours de la journée.

Revivez notre live : « La position debout est très bonne pour travailler » : posez vos questions à Frédéric Srour, kinésithérapeute-ergonome

Ouille : En télétravail depuis le début du confinement, je souffre pour la première fois d’une sciatique. Je dispose d’une simple chaise de salle à manger et d’un ordinateur posé un peu trop bas sur une table de camping. Comment adapter au mieux mon poste de télétravail avec les moyens du bord ?

Frédéric Srour : L’idéal dans votre cas est de changer régulièrement votre zone de travail car le fait d’avoir un ordinateur portable trop bas favorise l’enroulement complet de votre colonne. Dès lors vous pouvez, de temps en temps, vous allonger sur le ventre sur le sol et travailler directement par terre avec votre ordinateur face à vous. Vous serez ainsi dans un position plus cambrée qui alternera avec la position enroulée.

Si cette position est inconfortable, tentez tout de même de la conserver quelques minutes et alternez aussi avec un travail en position assise haute ou debout en posant votre ordinateur, par exemple, sur un plan de travail. Des exercices actifs et des étirements dans la journée vous permettront de mieux supporter cette situation.

Padawan : Je suis une jeune cycliste avec scoliose-cyphose, corrigée avec rééducation. En ce moment, j’ai très mal à la nuque malgré un écran d’ordinateur suffisamment haut. Est-ce quand même dû au travail sur ordi ou simplement au manque d’activité physique ?

Est-ce que vous travaillez sur le même type d’écran d’ordinaire ? Si oui, c’est effectivement en lien avec votre manque d’activité habituelle car votre corps à l’habitude de pratiquer ce sport et que vous modifiez ces habitudes peut provoquer quelques tensions.

Mais j’opterais quand même pour une position de travail qui n’est pas habituelle et qui ne vous convient pas forcément. ajoutez quelques exercices de nuque de type McKenzie qui consistent à faire des mouvements de rétraction cervicale. Cela ne pourra que vous aider.

Maya : En télétravail intensif depuis deux mois, enceinte de quatre mois, j’ai mal au dos presque constamment, sans savoir si cela est dû à la grossesse, à la station assise prolongée sur une chaise peu adaptée, au manque d’activité physique… Des recommandations pour ne pas terminer pliée à 45° le 11 mai ?

Vos maux de dos peuvent être en lien avec ces trois facteurs, mais les deux les plus défavorables sont le manque d’activité et votre station assise prolongée. A quatre mois, rien ne vous empêche de réaliser une gymnastique douce quotidienne. Il y a pas mal de tutos que vous pouvez trouver et qui vous permettront de redynamiser un peu votre fonction musculaire. Passer de la chaise de travail au canapé et vice-versa, c’est nocif, même quand on n’est pas enceinte.

Alors, dès aujourd’hui, allongez-vous sur le sol et faites quelques mouvements de relevée de fesses par exemple (faire le pont) : 3 à 4 séries de 10 répétitions. Et puis mettez-vous et vous faites des squats tout simples : 3 séries de 10 répétitions. Et puis, faites quelques mouvements avec les bras aussi pour activer les muscles de vos épaules. Faites ça tous les jours et vous verrez que le 11 mai, vous serez en meilleure forme !

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Delphinedu42 : En télétravail à temps plein depuis mi-mars, je souffre depuis quelques jours d’une douleur persistante à l’épaule droite – bras qui manipule la souris. J’ai récupéré il y a quelques jours ma chaise de bureau, travaillant chez moi sur une chaise « classique » de séjour, mais la douleur est toujours là. Que puis-je faire pour atténuer cette douleur ?

Cela dépend de ce que vous appelez l’épaule. Est-ce le moignon de l’épaule ou est-ce le trapèze supérieur ? Quoi qu’il en soit, pour diminuer ces douleurs, je peux vous donner deux conseils. Tout d’abord, n’éloignez pas trop votre souris de votre clavier et ensuite faites des exercices régulièrement dans la journée avec vos épaules. Vous trouverez des exercices et des astuces sur la chaîne YouTube Reflex’Ergo.

Aië aïa ouille ! : En quelques semaines de travail, j’ai eu un torticolis, puis un mal de dos et une tendinite. Le seul endroit où je n’ai pas trop mal, c’est le lit. Pensez-vous que travailler depuis son lit peut entraîner des douleurs particulières ?

Travailler depuis son lit peut paraître plus confortable et d’autres l’ont fait avant – Marcel Proust a écrit A la recherche du temps perdu dans son lit ! Mais cela ne règle absolument pas votre problème d’immobilité. Plutôt que de chercher une position confortable pour l’adopter (sachant qu’elle finira par être inconfortable), changez-en régulièrement.

Allongez-vous sur le sol sur le ventre, asseyez-vous sur votre table à manger, travaillez debout en plaçant votre ordinateur sur un meuble haut et… travaillez au lit si cela vous convient de temps en temps. Entre chaque position, réalisez quelques mouvements qui vous permettront de vous sentir mieux.

André : Recommandez-vous de travailler debout quand cela est possible ? Si oui, à quoi faut-il bien faire attention ?

La position debout est une très bonne position pour travailler ! Je la préfère à la position assise. Je recommanderais de placer votre ordinateur assez haut pour que vous ne soyez pas obligé de vous plier en deux afin d’avoir l’écran en face de vous. Quoi qu’il en soit, et comme pour toutes les autres positions, il faudra que vous bougiez régulièrement et un bon exercice à faire consiste à fléchir les genoux (squats) et à vous redresser en enchaînant sur une position pointe des pieds, et de répéter cela une dizaine de fois toutes les heures.

Dio : En télétravail depuis le début du confinement, j’ai commencé il y a quelques semaines à avoir mal aux genoux. Est-ce que le fait de souvent travailler avec une jambe croisée posée sur l’autre peut en être à l’origine ?

C’est moins le fait d’avoir une jambe sur l’autre croisée que de les garder toutes les deux fléchies pendant plusieurs heures. Les douleurs aux genoux sont souvent en lien avec un défaut d’activité des muscles des cuisses et c’est probablement ce qu’il vous manque actuellement. Levez-vous régulièrement dans la journée et réalisez une dizaine de flexions (squats) 3 à 5 fois par jour et vous verrez que ces douleurs devraient disparaître.

Bloquée : Entre le manque d’activité, la posture assise crispée pour travailler et un bébé d’un an qui ne s’endort que dans les bras, j’ai la zone du haut du dos bien nouée depuis le confinement. Quels mouvements puis-je faire pour me débloquer un peu la nuque et l’épaule ?

Je vous conseille de réaliser quelques mouvements de déroulé des épaules pour soulager vos trapèzes et de réaliser des exercices pour solliciter votre musculature des bras et des épaules afin d’être plus forte et endurante lorsque vous devez porter longtemps votre bébé. Vous trouverez des exercices pour les épaules sur la chaîne YouTube Epaule au TOP et également des exercices d’étirements des trapèzes sur la chaîne YouTube Reflex’ergo.

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Le Monde

Coronavirus : la demande de chômage partiel d’Amazon a été refusée

Amazon France s’est vu refuser sa demande en vue de bénéficier du chômage partiel, a annoncé, lundi 4 mai, le ministère du travail. Dimanche, les syndicats du leader de la vente en ligne avaient exercé leur pression sur ce point en affirmant qu’accorder à l’entreprise le bénéfice de ce dispositif d’aide exceptionnel pour la crise due au coronavirus serait scandaleux. « La réponse a été négative, car la fermeture des sites de l’entreprise n’est pas liée à une baisse d’activité mais à une décision de justice. Et le chômage partiel n’est pas prévu pour cela », explique-t-on au cabinet de la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

En effet, Amazon France a décidé d’arrêter le travail des 10 000 employés de ses six entrepôts le 15 avril, soit le lendemain d’une décision du tribunal de grande instance de Nanterre. Ce dernier enjoignait à l’entreprise de ne plus distribuer que des produits alimentaires, médicaux ou d’hygiène, jusqu’à ce qu’elle ait réévalué les risques sanitaires liés au Covid-19.

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Les sites à l’étranger sollicités

Le 24 avril, cette décision a été confirmée par la cour d’appel de Versailles, qui a toutefois élargi la liste des produits autorités. Mais Amazon France a maintenu la fermeture de ses sites.

La direction a assuré ne pas avoir eu d’autre choix, car l’astreinte fixée par le tribunal – 100 000 euros par colis de produits non autorisés – aurait fait, selon elle, courir un trop grand risque financier à l’entreprise. Depuis le 16 avril, Amazon France a assumé le salaire de ses employés à 100 %. Tout en s’organisant pour continuer son activité au maximum malgré la fermeture de ses entrepôts français, en sollicitant ses sites en Allemagne, en Italie, en Espagne ou au Royaume-Uni.

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L’entreprise a également fait appel à ses petites « agences de livraison », dépendantes d’une filiale qui n’est pas concernée par la décision de justice. Enfin, les vendeurs capables de livrer par eux-mêmes ont continué d’écouler leurs produits sur Amazon.fr. Mais la direction a récemment dit que faire venir des marchandises de l’étranger lui coûtait cher. Et, jeudi, elle a sollicité le ministère du travail pour bénéficier du chômage partiel, afin de faire prendre en charge une partie des salaires par l’Etat.

Une reprise de l’activité en négociation

Ayant appris cette demande, les syndicats SUD, CGT, CFDT et FO d’Amazon se sont mobilisés, et ont publié un communiqué, dimanche 3 mai, qu’ils ont transmis à Mme Pénicaud.

« Cette démarche est proprement indécente tout comme le serait son éventuelle acceptation : en effet, ce dispositif a été mis en place pour venir en aide aux salariés des entreprises dont l’activité est rendue impossible dans la période, comme la restauration ou les commerces non essentiels. Plus encore, Amazon a fait le choix de fermer temporairement ses entrepôts depuis le 16 avril, tout en poursuivant son activité depuis ceux européens, pour mieux se soustraire à deux décisions de justice successives ! »

Les Amis de la Terre a renchéri dans un communiqué publié lundi, craignant « une réponse favorable de la part du gouvernement ». L’association écologiste mène une campagne très active contre Amazon et demande un « moratoire » sur ses « 8 à 11 projets d’entrepôts et centres de tri » en France.

La direction a fermé ses entrepôts jusqu’au mardi 5 mai. D’ici là, elle doit décider si elle prolonge encore cet arrêt d’activité et si elle négocie une reprise progressive d’activité avec les syndicats. Ces derniers, qui doivent être consultés, d’après la décision de la cour d’appel, ont proposé un plan dans ce sens.

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Musique classique : La pandémie « met en péril l’ensemble de notre profession »

Tribune. Tous les artistes interprètes dans le spectacle vivant voient aujourd’hui leur survie engagée dans la crise que nous traversons. Nous, solistes, chambristes et instrumentistes de la scène française de musique classique, ne faisons pas exception à cette règle. Il serait trompeur de nous imaginer protégés par les fonds publics dont bénéficient nombre de maisons qui nous accueillent, ou par la diversité des pays dans lesquels nous nous produisons.

Les circonstances exceptionnelles auxquelles nous sommes confrontés, avec un risque de fermeture prolongé des salles de concert, mettent en péril l’ensemble de notre profession. Au-delà de nos situations personnelles, les dangers à long terme sont réels : repli identitaire et protectionnisme induits par la fermeture des frontières, impossibilité pour les jeunes musiciens issus de milieux moins favorisés d’envisager une carrière…

Injustice

Nous n’avons pas l’habitude de nous exprimer par des mots. Notre langage est celui des notes, phrasés, articulations, coups d’archets… Il nous faut pourtant décrire et nommer une situation qui nous laisse sans voix. Puisque nous sommes désarmés. Comme tout le monde, face à cette pandémie, à ses deuils, à cette mystérieuse et redoutée deuxième vague.

Et bien sûr, démunis, au sens premier, c’est-à-dire, sans les ressources matérielles qui nous permettaient jusqu’alors d’assurer notre quotidien.

Celui d’avant, était – est encore – fait de cette intimité avec les chefs-d’œuvre. Notre profession connaît ses joies et ses exigences quand il s’agit de répéter des heures, des jours, des mois, de se plier à cette discipline de tous les instants que réclame le métier de musicien que nous avons choisi d’embrasser corps et âme.

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Métier. C’est bien de cela qu’il s’agit. Un métier avec ses considérations pratiques que nous ne pouvons ignorer.

Nous jugeons la situation inacceptable. Le décret du 14 avril, qui permet aux intermittents du spectacle d’être éligibles au chômage partiel, ne prend en compte aucune de nos spécificités et sonne comme une véritable injustice. La musique classique est-elle à ce point accessoire dans notre société pour laisser ses représentants ainsi à la marge ?

Manque d’équité

Nous saluons, certes, la mise en place du dispositif d’activité partielle pour les intermittents du spectacle. Compte tenu des incertitudes quant aux mois à venir, nous souscrivons à la pétition publiée par les collectifs Année Noire et Culture en danger, réclamant une « année blanche » pour la prolongation des droits et la comptabilisation des heures des salariés des annexes VIII et X relevant du régime de l’intermittence.

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