Archive dans 2020

Relocalisations : A Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, « nous avons le savoir-faire, les outils, les équipes »

L’usine de fibre de carbone du groupe japonais Toray,  implantée à Lacq en septembre 2014.
L’usine de fibre de carbone du groupe japonais Toray,  implantée à Lacq en septembre 2014. GAIZKA IROZ / AFP

Lacq fume toujours : le complexe industriel, à mi-chemin entre Pau et Bayonne, est bien actif, même si depuis presque sept ans on n’y extrait plus du gaz à usage commercial, mais seulement comme matière première pour les usines sur place. Et la fourmillante plate-forme chimique et pharmaceutique se propose maintenant pour relocaliser des activités industrielles.

Le 26 mai, chefs d’entreprise et élus locaux ont exploré avec le groupement d’intérêt public Chemparc les pistes de diversification, alors que le Covid-19 a donné une nouvelle actualité aux relocalisations. « Nous avons le savoir-faire, les outils, les équipes, résume Patrice Bernos, directeur général de Chemparc. Ils ont servi avant les délocalisations, ils peuvent être réutilisés. Déjà, nos industriels s’inquiétaient de la stabilité et de la qualité des importations. Or les coûts de transport vont croissant et le bilan carbone pèse de plus en plus dans la balance économique. »

Depuis 1957

Monté en 2003 afin de développer les implantations sur Lacq, Chemparc rassemble entreprises, collectivités, l’Etat, les syndicats et la région Nouvelle-Aquitaine. En avril, Alain Rousset, président (PS) du conseil régional, et Pierre Nerguararian, président de Chemparc, avaient fixé un objectif : définir « les secteurs industriels stratégiques sur lesquels nous devons nous remobiliser avec nos partenaires ».

Sur Lacq, « le terrain est plus que favorable pour y relocaliser les composants de base et les ingrédients actifs pour la chimie, la pharmacie et la cosmétique », détaille M. Nerguararian (un « ancien » de Total). Les entreprises ont déjà l’habitude de travailler ensemble. « En à peine vingt-quatre heures, nous avons su nous coordonner pour fabriquer une lotion hydroalcoolique », raconte Bruno Cabourg, directeur de Novéal qui élabore des ingrédients pour sa maison mère, L’Oréal.

Depuis le début de l’extraction du gaz en 1957, Lacq a vu arriver nombre d’acteurs économiques. Elf puis Total, EDF, Péchiney, Air liquide, Rhône-Poulenc et Arkema dans la chimie, Sanofi pour les médicaments, mais aussi le lorrain Novasep, en 2012, avec ses principes actifs pour la pharmacie, le japonais Toray et sa fibre de carbone, en 2014, ainsi que, l’année suivante, le landais Dérivés résiniques et terpéniques (DRT) avec ses cosmétiques. Sans oublier Abengoa devenu Bioénergie France (Vertex) qui confectionne, depuis 2006, du bioéthanol à partir de maïs du Sud-Ouest.

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Relocalisation : Des retours d’usine profitant à l’emploi… et aux robots

Le président de la République,  Emmanuel Macron, lors de la visite d’une usine de l’équipementier automobile Valéo à  Etaples (Pas-de-Calais) le 26 mai.
Le président de la République,  Emmanuel Macron, lors de la visite d’une usine de l’équipementier automobile Valéo à  Etaples (Pas-de-Calais) le 26 mai. LUDOVIC MARIN / AFP

C’est l’un des grands maux de l’économie tricolore. Une hémorragie qui, à chaque nouvelle fermeture d’usine, revient sur le devant de la scène politique et sociale. Depuis 2008, la part des emplois industriels dans l’emploi total a fondu de 14,4 % à 11,8 %, selon Eurostat. Elle est désormais inférieure au niveau observé en Espagne (12,6 %), dans la zone euro (15,4 %), en Italie (18,5 %), ou encore en Allemagne (18,9 %).

« Un tel projet se heurte rapidement à une question centrale : celle des coûts de production », Stefano Scarpetta, OCDE

Et comme à chaque crise, la même musique résonne du côté du gouvernement : il y a urgence à réindustrialiser la France, notamment en favorisant les relocalisations. « Mais un tel projet se heurte rapidement à une question centrale : celle des coûts de production », explique Stefano Scarpetta, spécialiste de l’emploi à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et notamment, celui de la main-d’œuvre, relativement élevé au regard du niveau de gamme de notre industrie, moins haut que celui de l’Allemagne.

Selon l’institut Rexecode, celui-ci s’élevait en effet à 38,68 euros l’heure en moyenne au troisième trimestre 2019, contre 34,30 euros en moyenne en zone euro, 23,61 euros en Espagne, 9,74 euros en Pologne ou encore, 6,63 euros en Roumanie… « Dès lors, les activités parties à l’étranger pour des raisons de coût risqueraient fort, si elles revenaient, de privilégier l’automatisation », estime Vincent Vicard, du Centre d’Etudes prospectives et d’informations internationales (Cepii).

Est-ce à dire que les relocalisations profiteraient aux robots plus qu’à nos emplois ? Le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît. Ces dernières années, les études plus ou moins alarmistes pointant du doigt l’automatisation comme responsable de la destruction des postes industriels se sont multipliées. Selon une récente note du National Bureau of Economic Research, un organisme de recherche installé à Cambridge, elle aurait ainsi détruit près de 670 000 emplois dans l’industrie américaine entre 1990 et 2007. De son côté, l’OCDE estime que l’automatisation devrait engendrer la disparition de 16,4 % des emplois en France au cours des vingt prochaines années, tandis que 32,8 % des postes seraient profondément transformés par le phénomène.

Une partie de la solution

Lorsque l’on parle de relocalisations, l’équation se pose néanmoins différemment : les robots pourraient en effet être une partie de la solution. « Ce n’est sûrement pas ce que le gouvernement a envie d’entendre, mais mieux vaut faire revenir des usines qui créent peu de jobs – mais des jobs qualifiés, liés à l’automatisation – que pas du tout », résume prosaïquement un industriel, s’interrogeant sur la stratégie à suivre pour les années à venir. L’OCDE ne dit pas autre chose : « Les affirmations qui prédisent que la relocalisation créera de nombreux de postes supplémentaires ne sont pas fondées, affirme-t-elle, dans un rapport sobrement nommé « La relocalisation : mythe ou réalité ? ». Compte tenu des investissements nécessaires, notamment dans la robotique, la production relocalisée ne créera sans doute qu’un nombre limité d’emplois supplémentaires et ils seront de plus en plus qualifiés. »

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Relocalisation : L’éternel retour du « Made in France »

La Fête des mères qui s’annonce sera un test pour Eric Lefranc. Le PDG du groupe Altesse, spécialiste du bijou fantaisie « made in France », espère que la crise du Covid-19 incitera les clients à jeter leur dévolu, au moment de choisir le traditionnel cadeau, sur un collier ou un bracelet de sa marque « Les Georgettes », plutôt qu’une babiole « made in ailleurs ».

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« Je pense que les Français ont bien pris conscience que c’est une erreur d’avoir laissé partir tant de productions à l’étranger », dit-il. Les différentes enquêtes d’opinion menées pendant le confinement lui donnent raison. Publié le 30 avril, le baromètre Kantar portant sur les comportements des consommateurs montre que 42 % des sondés pensent que l’une des priorités des entreprises devrait être de ramener toutes leurs productions et leurs usines en France.

Pour autant, ces mêmes personnes sont-elles décidées à acheter français, « quoi qu’il en coûte » ? Pas si sûr. Si, pendant la crise, les consommateurs se sont en partie rabattus sur des produits alimentaires locaux, ce n’est pas le cas de l’ensemble des produits manufacturés. La mise en redressement judiciaire, le 15 avril, de l’entreprise de bas et collants Gerbe, dont les produits sont fabriqués en Bourgogne, démontre que le label tricolore ne suffit pas à générer des ventes.

« Bruit médiatique »

Sur un marché inondé par les productions asiatiques, Eric Lefranc a bien sûr fait de son implantation ardéchoise un argument de vente. Mais ce succès n’aurait pas été possible sans l’industrialisation de la production, qui permet de contenir les coûts et de proposer des articles 10 % à 20 % plus chers seulement que leurs concurrents asiatiques. Un écart de prix jugé « raisonnable » par le consommateur, croit M. Lefranc. Mais pour certaines pièces plus sophistiquées, comme celles contenant des pierres serties, l’équation est tout autre. Compte tenu des coûts de production en France, la fabrication d’un seul de ces bijoux reviendrait entre 100 et 150 euros au bas mot. Invendable pour des articles fantaisie. Ceux-là restent donc fabriqués à Chiang Mai, en Thaïlande, où leur prix de revient est de sept à huit fois moindre… et tant pis pour le label tricolore.

« Le Made in France suit le même parcours que le bio il y a quelques années de cela », explique Charles Huet, fondateur de La Carte française – une carte-cadeau utilisable uniquement pour l’achat de produits français. « Il bénéficie d’un bruit médiatique et d’une sympathie qui progressent plus vite que son chiffre d’affaires. L’évolution des comportements se fait de manière progressive », souligne l’homme, en rappelant que « le bio a mis trente ans à s’imposer ». Mais cet infatigable défenseur de la cause semble plutôt inquiet.

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A Paris, bars et restaurants à l’assaut des trottoirs

La brasserie Royal Cambronne, dans le 15e arrondissement de Paris, a rouvert sa terrasse à minuit, mardi 2 juin.
La brasserie Royal Cambronne, dans le 15e arrondissement de Paris, a rouvert sa terrasse à minuit, mardi 2 juin. LUDOVIC MARIN / AFP

A priori, le soleil est au rendez-vous de la réouverture des terrasses des bars et restaurants parisiens, mardi 2 juin. Un moment très attendu. La décision annoncée par Edouard Philippe, jeudi 28 mai, a pris de court ceux qui tablaient sur une réouverture complète mi-juin. Mais dès vendredi, le grand ménage commençait quand le choix de lever le rideau au plus tôt était pris. A l’exemple de la brasserie Verse Toujours, avenue des Gobelins, lancée dans le lavage à haute pression de la terrasse, la sortie des tables et des chaises, même si le nombre exact de clients potentiels n’était pas encore fixé. Chacun doit se réorganiser pour tenir compte des nouvelles exigences sanitaires avec, entre autres, un espacement d’au moins un mètre entre les tables et un maximum de dix convives regroupés.

La position de la Mairie de Paris, exprimée durant le week-end, a conforté les projets. L’édile de la capitale a souhaité accompagner le mouvement de remise en marche. Les restaurateurs pourront demander une extension de leur terrasse ou une installation provisoire par une simple déclaration en ligne. Avec la possibilité d’occuper des places de stationnement ou des trottoirs devant des boutiques à condition, évidemment, d’obtenir l’accord des commerçants concernés. La ville envisage aussi de fermer provisoirement certaines rues à la circulation dans une vingtaine de lieux touristiques, comme le canal de l’Ourcq ou la rue des Abbesses, laissant encore plus d’aise aux terrasses. Des extensions autorisées sans bourse délier jusqu’en septembre. Toutefois, le service sur ces espaces gagnés sur la voie publique doit s’arrêter à 22 heures.

Le désir de se remettre aux fourneaux

Ouverture des terrasses, fermeture des salles, cette décision gouvernementale durera au moins jusqu’au 22 juin, date à laquelle l’Ile-de-France espère quitter son statut de zone orange pour passer au vert. « C’est une solution sans vraiment l’être car certains restaurants n’ont pas de terrasse », réagit Juan Arbelaez. Un tiers des établissements franciliens en disposerait. Ce chef cuisinier colombien est, lui, bien décidé à ouvrir les siennes dans ses établissements Levain à Boulogne-Billancourt et Yaya, à Paris comme à Saint-Ouen. « Nous avons de grandes terrasses, donc nous pouvons étaler les tables, mais même si nous atteignons 30 % à 40 % de notre chiffre d’affaires habituel, nous aurons toujours 100 % de charges », analyse-t-il.

La question de la rentabilité est au cœur des choix de reprise. Mais aussi le désir de se remettre aux fourneaux après quatre-vingts jours d’arrêt suite à la crise due à l’épidémie de coronavirus. « La réouverture nourrit le moral des troupes », affirme Victor Lugger, cofondateur du groupe de restaurants Big Mamma, qui emploie un millier de salariés à Paris, mais aussi à Lille et à Lyon, tous placés en chômage partiel pendant la durée du confinement. « Nous n’allons pas être rentables, mais la restauration est une grosse machine et il faut du temps pour redémarrer », explique M. Lugger. Pour se relancer, Big Mamma a d’ailleurs, comme d’autres, mis en place un service de vente à emporter début mai. La Felicita, le restaurant format XXL de Big Mamma dans le 13e arrondissement, a tout de même installé 300 places sur sa terrasse, à comparer aux 1 000 places intérieures qui resteront inoccupées pendant encore trois semaines au moins.

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Entre mantra politique et mirage économique, le difficile retour des usines en France

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Publié aujourd’hui à 02h18, mis à jour à 10h54

Arnaud Montebourg n’a pu s’empêcher de poster, le 23 mai, un message sur Twitter, entre deux tweets sur son miel « Bleu-blanc-ruche » et ses glaces bio « La Mémère ». Devant l’engouement des Français pour les relocalisations, il a annoncé qu’il republiait son ouvrage, La Bataille du made in France (Flammarion), écrit en 2013. « A télécharger gratuitement ici », précise le ministre du redressement productif de François Hollande (2012-2014), qui poursuit son combat avec une casquette d’entrepreneur. Le « retraité » de la politique n’avait pu réaliser son rêve de « démondialisation » à Bercy ; et voilà que le Covid-19 rebat les cartes en faveur d’un patriotisme économique qui lui est cher.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Macron veut « rebâtir » l’indépendance économique de la France

Emmanuel Macron lui-même a infléchi son discours : la France doit reconquérir sa « souveraineté industrielle ». Le ministre de l’économie s’en fait l’avocat inconditionnel. Exemple de l’automobile à l’appui, Bruno Le Maire entend « rompre avec trente années où l’on a massivement délocalisé », et rapatrier « certaines productions ». L’injonction vaut surtout pour Renault, qui a été invité à se joindre à l’alliance européenne sur les batteries, aux côtés de PSA et de Saft (groupe Total). Avec un argument de poids : les 8 milliards d’euros d’aides reçus par la filière, dont plus de 5 milliards pour le groupe au losange.

Lire l’entretien : « Renault est le reflet des mutations économiques et industrielles de la France »

La France s’est progressivement désindustrialisée à la fin des « trente glorieuses », au milieu des années 1970. En visite dans une usine sidérurgique du Creusot (Saône-et-Loire), en 1959, le général de Gaulle se disait « stupéfait » par « tout un ensemble de puissance, d’activité, de progrès » qu’il y découvrait. Quel président de la République, hormis Georges Pompidou, a été capable d’un tel hymne à l’industrie ? Leurs successeurs ont développé une économie « tous services », qui s’est traduite par des délocalisations-restructurations (textile-habillement, sidérurgie, automobile, chantiers navals, informatique…).

La dérive du « fabless »

Il y a trente ans, quand l’Allemagne cessait de fermer ses usines, la France persévérait dans l’idée du « fabless ». Elle a culminé en 2001, quand Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel, a prétendu en faire « un groupe industriel sans usine ». Poussée à l’extrême, la théorie des avantages comparatifs a conduit à produire tout ce qui pouvait l’être dans les pays à bas coûts, pour ne garder que les activités à haute valeur ajoutée. Le dédain des élites politico-administratives pour l’industrie a fait le reste. Alors qu’elle pèse 25 % du produit intérieur brut (PIB) outre-Rhin – et qu’elle y est un puissant vecteur d’innovation et d’exportation – elle représente seulement 12 % du PIB en France, qui n’a cessé de perdre des parts de marché – surtout en Europe – en raison d’une compétitivité insuffisante et de produits moyen de gamme.

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Craintes sur des mesures d’économies à « L’Equipe »

Lors du comité social et économique (CSE) du jeudi 28 mai, au journal L’Equipe, pas un mot sur d’éventuelles mesures d’économies n’a été prononcé. Une rumeur, pourtant, circulait déjà, « en interne comme à l’extérieur », trop précise pour n’être pas bien informée : un tiers des effectifs serait menacé à court terme, à moins d’un recours à un « accord de performance collective » synonyme de baisse des salaires et du nombre de jours de RTT.

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Dimanche 31 mai dans la soirée, les salariés du quotidien sportif ont donc reçu un mail de leur intersyndicale (SNJ, SNJ-CGT, UFICT-CGT, SGLCE-CGT), intitulé « la stratégie du choc » et dénonçant ce que les élus considèrent comme un chantage de la part de leur direction. « La direction entend profiter d’une crise conjoncturelle pour imposer une attaque inédite contre ses salariés, écrivent-ils notamment (…). Faute de projet stratégique et éditorial pour un fleuron de la presse sportive, la seule solution trouvée par la direction est d’utiliser les salariés comme variable d’ajustement, dans une vision court-termiste de réduction des coûts. »

Une « plantureuse trésorerie »

A la direction du groupe, on estime que « ce texte ne repose pas sur grand-chose », aucune discussion n’étant encore ouverte. Puis, confirmant l’existence de projets en cours : « Toutes les alternatives sont étudiées dans la situation économique difficile que nous connaissons (…) et en effet, sont à l’étude des réflexions pour le maintien de l’emploi du Groupe L’Equipe » (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, l’équipe.fr, Vélo Magazine, France Football, Sport & Style, propriétés du groupe Amaury).

Une façon de présenter les faits qui ne convainc pas les syndicats. « Réduire les congés des salariés ne permet pas de faire des économies, à moins de supprimer des emplois », relève Francis Magois, délégué syndical SNJ, qui estime donc que la promesse, en cas d’accord, de ne pas toucher aux effectifs jusqu’au 31 décembre 2024 n’engagerait que ceux qui y croiraient. « Les salariés qui refuseront de signer l’avenant qui sera ajouté à leur contrat seront licenciés », projette un autre, arguant des « lois Macron qui facilitent les licenciements ». Autre carburant à la colère qui monte : l’excellente santé financière d’ASO (Amaury Sport organisation, organisateur du Tour de France, du Marathon de Paris, Rallye Dakar, Paris-Roubaix, etc.), autre entité du Groupe Amaury à la « plantureuse trésorerie », selon le communiqué de l’Intersyndicale.

Des ventes en baisse

« Même un petit pourcentage de cette manne suffirait à éviter la restructuration qu’on veut nous imposer, assure l’un des auteurs du texte. Ne pas y avoir recours prouve que la direction souhaite simplement profiter de la situation liée au coronavirus pour réduire les coûts ». Et de fustiger une volonté d’« agiter le chiffon rouge pour faire peur à tout le monde et accepter l’inacceptable ».

A la direction du groupe, on ne communique pas sur la baisse du chiffre d’affaires publicitaire lié à la crise sanitaire : privé de compétitions sportives, le quotidien a vu ses ventes baisser drastiquement (près de 15 % en mars), passant sous la barre des 200 000 exemplaires – malgré un prix de vente ramené à un euro.

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Jeunes diplômés : sur le marché du travail, la « génération sacrifiée »

« Les jeunes sont d’autant plus exposés à la baisse de l’activité des entreprises qu’ils sont nombreux à occuper un emploi précaire, y compris les plus diplômés. »
« Les jeunes sont d’autant plus exposés à la baisse de l’activité des entreprises qu’ils sont nombreux à occuper un emploi précaire, y compris les plus diplômés. » Philippe Turpin / Photononstop

Les 750 000 étudiants en fin de cursus qui vont prochainement débouler sur le marché du travail seront-ils la « génération sacrifiée » sur l’autel de l’emploi, pour reprendre la formule de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie Agnès Pannier-Runacher ?

Alors que le chômage a fait un bond record en avril, les jeunes diplômés risquent de devoir multiplier les CV, encore plus que leurs aînés, afin de décrocher ne serait-ce qu’un contrat à durée déterminée (CDD).

Désillusion

Suite à la publication de son baromètre de l’insertion des jeunes diplômés bac + 4/5, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) annonce avoir constaté une chute vertigineuse des offres destinées aux jeunes diplômés en avril – – 69 % par rapport à avril 2019 – et ne perçoit, pour le moment, aucun signe d’embellie. « Tout laisse à penser que l’on va être sur une tendance similaire en mai, se désole Sébastien Thernisien, du pôle études de l’APEC. En période de crise, les jeunes, comme les seniors, sont les plus touchés ». Ce reflux est général : « hormis la santé, l’action sociale et l’industrie pharmaceutique, qui enregistrent des diminutions moindres, toutes les fonctions et tous les secteurs sont concernés par cette baisse », poursuit Sébastien Thernisien.

La désillusion est d’autant plus brutale pour la « génération Covid » qu’il y a encore quelques semaines, le monde du travail lui ouvrait grand les bras. Après quelques mois passés à envoyer des candidatures, 85 % de la promotion 2018 occupait un emploi en janvier 2020, selon le baromètre de l’association, qui évalue l’insertion professionnelle de 1 500 jeunes diplômés bac + 4/5, six à douze mois après l’obtention de leur diplôme.

Les salaires, également, étaient à la hausse : + 6,5 % pour le salaire médian de la promotion 2018 par rapport à 2017. Mais les conséquences économiques de la crise sanitaire sont venues enrayer cette belle machine.

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Les jeunes sont d’autant plus exposés à la baisse de l’activité des entreprises qu’ils sont nombreux à occuper un emploi précaire, y compris les plus diplômés : un tiers (31 %) des jeunes de niveau bac + 4/5 en 2018, encore en poste en janvier 2020, avaient un contrat de travail non pérenne (CDD ou contrat d’intérim), selon l’APEC.

Etudes perturbées

Au-delà de nos frontières, c’est le même phénomène. Partout dans le monde, les jeunes paient un lourd tribut à la crise. Selon le baromètre de l’Organisation internationale du travail (OIT) dédié à l’impact du Covid-19 sur l’emploi, un jeune travailleur (âgé de moins de 25 ans) sur six a perdu son emploi à la suite de la pandémie ; quant à ceux qui sont restés en activité, ils ont vu leur temps de travail diminuer d’un quart (23 %) en moyenne.

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« L’hôpital public doit revenir à des évidences ou disparaître »

Tribune. La crise du Covid-19 est une épreuve terrible pour notre pays et notre système de santé. Nos hôpitaux étaient anémiés avant la vague, par de nombreuses années de restrictions. Malgré cela, les soignants ont pris les rênes de l’hôpital et inventé des organisations nouvelles. Alors que la population se protégeait par le confinement, il fallait du courage pour venir à l’hôpital organiser et soigner au risque d’être contaminé et de contaminer sa famille.

Mais le constat est clair : tous ont répondu à l’appel. La société civile s’est aussi largement investie dans cet élan, témoignant ainsi une reconnaissance inédite pour les soignants, qui ont été touchés par ces marques d’encouragement. Nul doute que ces gestes ont agi comme un baume sur les plaies d’un hôpital public déjà épuisé.

Il est épuisé de répéter dans le vide que soigner n’est pas produire à la chaîne. Que soigner n’est pas rentabiliser une usine et n’est pas quantifiable sur des tableaux de recettes-dépenses.

Il est épuisé de répéter des évidences, qui, se diluant de tribune en tribune, deviennent inaudibles. L’hôpital public doit revenir à ces évidences ou disparaître.

Alors profitons du regain d’énergie qui nous a été transmis pour revenir une fois de plus sur quelques évidences. Les hôpitaux n’attirent plus ni infirmières ni aides-soignantes. La fuite vers le secteur privé est massive. Avant le Covid-19, cinq cents postes d’infirmière n’étaient pas pourvus à l’AP-HP, avec neuf cents lits fermés par manque d’effectifs ! L’intérim s’est donc banalisé en silence.

Effectifs insuffisants

Dans certains services, jusqu’à 50 % des effectifs sont assurés par l’intérim ou la suppléance. Qu’est-ce que cela veut dire ? Les patients sont pris en charge par des personnes qui viennent assurer ponctuellement une mission de soins, sans lien durable avec l’équipe médicale et paramédicale. Pour qu’un service fonctionne et tende vers l’excellence, il faut une émulation et tous doivent regarder dans la même direction.

Or, nos services sont gangrenés par l’intérim et la mutualisation à outrance, rendus indispensables par des effectifs insuffisants. Cela déstructure les équipes, sape les expertises, empêche que des liens se créent entre patients et soignants, mais aussi au sein d’une équipe. Pourtant, ces liens sont l’âme d’un hôpital.

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L’intérim porte en lui une forme de dévalorisation et sous-entend, pour chacun : vous n’êtes pas indispensable à l’équipe. Et comment imaginer, par exemple, qu’un neurochirurgien se lance dans une intervention délicate en étant assisté par une infirmière étrangère au service et à ce type de chirurgie ?

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Quelle est l’imposition des indemnités perçues lors d’un départ à la retraite du salarié ?

Question à un expert

Quelle est l’imposition des indemnités perçues lors d’un départ à la retraite du salarié ?

Le solde de tout compte lors du départ à la retraite est composé de plusieurs revenus et indemnités qui peuvent être traités différemment : de l’imposition totale jusqu’à l’exonération totale en passant par une exonération partielle.

Sont imposables en totalité : le salaire du mois de départ, les jours de RTT non pris et autres indemnités de repos payés, la contrepartie pécuniaire de la clause de non-concurrence, l’indemnité compensatrice de préavis et de congés payés, les sommes perçues d’un compte épargne temps non transféré sur un plan d’épargne entreprise ou un plan d’épargne retraite collectif. L’indemnité de préretraite ou l’indemnité de départ volontaire à la retraite, hors plan social, sont aussi imposables. Elles sont à l’inverse exonérées dans le cadre d’un plan social.

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Si l’indemnité de mise à la retraite est consécutive à un départ décidé par l’employeur, elle est alors exonérée pour la fraction inférieure au plus élevé des trois montants suivants : le montant de l’indemnité légale ou conventionnelle, 50 % de l’indemnité totale dans la limite de cinq fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) – 205 680 euros pour 2020 – et le double de la rémunération annuelle brute de l’année civile précédente dans la limite de cinq fois le PASS.

Vous percevez un salaire de 110 000 euros annuel bruts. Votre indemnité de mise à la retraite est de 210 000 euros et le montant conventionnel de 140 000 euros.

La somme maximale non imposée est représentée par le double de la rémunération annuelle brute soit 220 000 euros, mais plafonnée à cinq fois le PASS : 205 680 euros pour 2020.

Notez que si vous percevez une indemnité transactionnelle, elle est ajoutée à l’indemnité principale et bénéficie des mêmes règles que précédemment pour déterminer la base potentiellement taxable…

Ce qui change le 1er juin pour le budget des ménages. Et ce qui, finalement, ne change pas…

Le gouvernement a annoncé une hausse à 7 000 euros du bonus pour l’achat d’un véhicule 100 % électrique coûtant au maximum 45 000 euros.
Le gouvernement a annoncé une hausse à 7 000 euros du bonus pour l’achat d’un véhicule 100 % électrique coûtant au maximum 45 000 euros. DPA / Photononstop

Voiture, copropriété, prix du gaz, chômage partiel : une série de nouveautés affectant le budget des ménages entre en vigueur en juin, certaines liées à la crise sanitaire, d’autres prévues de plus longue date.

Mais l’épidémie de Covid-19 et ses conséquences ont aussi conduit le gouvernement à retarder l’application de plusieurs autres mesures, comme l’instauration du « service public de versement des pensions alimentaires ». De nombreux reports et nouveautés qui ne doivent toutefois pas faire oublier les échéances fiscales du mois : les dates limites pour déclarer ses revenus approchent à grands pas…

  • Renforcement des aides aux véhicules moins polluants

Plusieurs mesures de soutien à l’industrie automobile ont été annoncées le 26 mai par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Parmi elles : la hausse de 6 000 euros à 7 000 euros du bonus versé aux particuliers achetant un véhicule 100 % électrique d’un prix maximum de 45 000 euros. Et la mise en place d’un bonus de 2 000 euros pour l’acquisition d’un véhicule hybride rechargeable coûtant au maximum 50 000 euros et ayant plus de 50 kilomètres d’autonomie.

Surtout, le dispositif de la prime à la conversion (« prime à la casse », touchée quand on remplace un véhicule ancien par un plus récent, à condition de respecter certains critères, notamment de revenus) évolue. La prime « pour l’ensemble des ménages concernés » passe à 3 000 euros en cas d’achat d’un véhicule thermique et à 5 000 euros pour un véhicule électrique ou hybride rechargeable (autonomie supérieure à 50 kilomètres).

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Le nombre de ménages éligibles à la prime doit en outre augmenter « pour couvrir près des trois quarts de la population », selon le gouvernement, par le biais d’un relèvement du plafond du revenu fiscal de référence permettant de bénéficier du dispositif. Attention, « ces mesures exceptionnelles ne seront appliquées qu’aux 200 000 premières primes à la conversion », précise le gouvernement.

Ces nouveautés doivent entrer en vigueur le 1er juin, a-t-il été annoncé ; les textes modificateurs n’étaient cependant pas publiés lors de la rédaction de cet article.

  • Gaz : la baisse des tarifs réglementés se poursuit

Pour le sixième mois consécutif, les prix réglementés (hors taxe) du gaz diminuent en juin, en moyenne de 2,8 %. « Cette baisse est de 0,7 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 1,5 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 2,9 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », précise la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui ajoute que depuis le début de l’année ce tarif moyen a au total perdu environ 25 %.

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